Indignation après un tir qui a blessé un pompier en intervention dans l'Essonne

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Par Antoine GUY - Étampes (France) (AFP)
Publié le 15 juillet 2020 - 15:41
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Un sergent-chef touché par un tir d'arme à feu alors qu'il intervenait sur un feu de véhicule à Etampes dans l'Essonne
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© DENIS CHARLET / AFP/Archives
Un sergent-chef touché par un tir d'arme à feu alors qu'il intervenait sur un feu de véhicule à Etampes dans l'Essonne
© DENIS CHARLET / AFP/Archives

"Comment peut-on vouloir tuer celui qui vient sauver?": le gouvernement comme l'opposition ont condamné avec force mercredi le tir qui a blessé un pompier en intervention la veille en Essonne, une "première intolérable" selon la profession.

Le pompier, un sergent-chef, a été touché à un mollet par un tir d'arme à feu qui a traversé sa jambe alors qu'il intervenait pour éteindre un feu de véhicule à Guinette, un quartier défavorisé de la ville d'Etampes, selon des sources concordantes.

Au moment du tir, vers 23H20, il n'y avait aucun individu au contact des policiers et des pompiers en intervention. "Ils n'ont même pas entendu la détonation", selon une source policière.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui s'est entretenu avec le pompier au téléphone avant de lui rendre visite en fin de journée, a fait part "du dégoût inspiré par cet acte", lors d'une visite à la caserne d'Etampes.

"Ceux qui agressent (les pompiers) se mettent en dehors de la République", a-t-il déclaré à la presse. "Désormais chaque fois que des forces de l'ordre, les pompiers seront attaqués, le ministère portera systématiquement plainte", a-t-il avancé.

"C'est une première: un tir qui vise un pompier c'est une tentative de meurtre", a déclaré à l'AFP le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) Grégory Allione, en se disant "hagard, comme tous les pompiers ce matin".

"C'est l'horreur: comment peut-on vouloir tuer celui qui vient sauver?", a-t-il ajouté.

Le directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC), qui chapeaute les pompiers au sein du ministère, a fait part de sa "profonde indignation".

"Un nouveau palier dans la violence a été franchi", a commenté la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (Libres).

"Désarmement des banlieues, fin du laxisme judiciaire, déchéance de nationalité pour tout binational s'attaquant aux fonctionnaires de la République: il va falloir agir VITE et FORT (...)", a demandé sur Twitter Marine Le Pen.

Du côté de la majorité présidentielle, c'est le chef de file des députés, Stanislas Guérini, qui a tenu à "assurer à ce pompier et à l'ensemble de ses collègues de notre soutien sans faille".

- "Quartier dangereux" -

Sur le front judiciaire, une enquête, confiée à la sûreté départementale de l'Essonne, a été ouverte par le parquet d'Evry. M. Darmanin a par ailleurs indiqué avoir "veillé à ce qu’une plainte soit déposée".

En début d'après-midi, la carcasse de la voiture brûlée était toujours présente sur un parking jouxtant un stade d'athlétisme, a constaté un journaliste de l'AFP.

Juste à côté, un local des Restos du cœur accueille des personnes venues chercher de quoi se nourrir. Une bénévole de l'association, qui préfère rester anonyme, raconte qu'en juin, deux camions de la Croix Rouge ont été incendiés. "C'est un quartier vraiment dangereux ici", déplore-t-elle.

Cette affaire intervient dans un contexte d'inquiétude face à l'augmentation des agressions contre les pompiers en intervention.

En septembre 2018 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), l'un d'eux avait été tué par l'homme qu'il était venu secourir, un déséquilibré, un décès qui avait choqué la profession.

Mais le tir d'Etampes est une "première" dans le sens où "on n'est plus dans le cadre d'un danger opérationnel, né d'une situation donnée: là c'est quelqu'un qui a voulu tuer", souligne M. Allione.

Si elles restent limitées (environ six par jour sur 10.000 interventions), le nombre des agressions de pompiers a triplé depuis dix ans, selon le ministère de l'Intérieur.

Un rapport du Sénat avait appelé le gouvernement à se mobiliser pour enrayer ces violences, notamment par une plus grande sensibilisation du public et davantage de coordination avec la police et la santé.

Le dépôt de plainte systématique promis par M. Darmanin était l'une des propositions des sénateurs.

Les pompiers, chaque année davantage sollicités sur tous les fronts (secours à personnes, incendies, feux de forêts, transport médical...) ont également fait partie des professions en première ligne face à l'épidémie de Covid-19.

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