Insécurité à Mayotte : les contestations se poursuivent malgré les annonces gouvernementales

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Par Ornella LAMBERTI - Mamoudzou (AFP)
Publié le 28 février 2018 - 19:23
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Une manifestation contre l'insécurité et les violences à Mamoudzou, Mayotte, le 20 février 2018
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© Ornella LAMBERTI / AFP/Archives
Une manifestation contre l'insécurité et les violences à Mamoudzou, Mayotte, le 20 février 2018
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Secouée depuis plus d’une semaine par un fort mouvement de contestation populaire contre l’insécurité, avec manifestations et opérations "île morte", Mayotte restait partiellement paralysée mercredi malgré l'annonce de prochains renforts de forces de l'ordre.

Jour après jour se succèdent des manifestations, qui ont rassemblé jusqu'à plus d’un millier de personnes dans les rues de Mamoudzou (selon la police), des blocages de routes dans le nord, le sud et le centre de l'île, tandis que la liaison maritime entre les deux îles principales a été interrompue.

Mercredi encore, des manifestants entravaient les routes, malgré les annonces formulées le matin même par la ministre des Outre-mer Annick Girardin sur Guyane 1, qui envisage de se rendre sur place après la législative partielle des 18 et 25 mars.

Elle a promis des renforts policiers et a appelé à "dessiner une nouvelle vision pour Mayotte", avec "des priorités clairement établies: la sécurité et la lutte contre l'immigration clandestine, bien entendu, mais aussi la santé, le logement et les transports, qui font votre vie de tous les jours".

Né à la suite d'éclats de violence récurrents aux abords et à l’intérieur d’établissements scolaires, le mouvement, mené par une intersyndicale et un collectif d'associations, a depuis ces derniers jours une tournure anti-étrangers.

Jeudi dernier, des manifestants ont marqué un arrêt symbolique devant le service des migrations et de l’intégration de la préfecture et chargé le cordon des forces de l’ordre sécurisant l’administration.

Mayotte subit une forte pression migratoire des îles voisines des Comores, dont la plus proche n’est qu’à 70 kilomètres de ses côtes. En 2015, 19.000 personnes ont été reconduites à la frontière à Mayotte contre environ 20.000 sur le territoire métropolitain. Une partie des manifestants estime que la délinquance est directement liée à l’immigration clandestine.

- Renfort des forces de l’ordre -

Mais, pour les antennes locales de la CGT Educ’action et de la FSU, il s'agit "de dérives, d’amalgames et de stigmatisations".

Vendredi, les tensions étaient encore montées d’un cran avec de violentes échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre ayant conduit à plusieurs interpellations. L’Unsa Police a alors demandé des renforts de police et un peloton de gendarmerie de La Réunion est arrivé lundi, a-t-on appris de source gendarmerie.

Mercredi, la ministre des Outre-mer a annoncé l’arrivée imminente de deux pelotons de gendarmerie mobiles supplémentaires et confirmé la prochaine création d’une zone de sécurité prioritaire.

Annick Girardin a également déclaré que "vingt gendarmes de plus" seraient déployés progressivement dans le cadre de la police de sécurité du quotidien et que la première brigade de prévention de la délinquance juvénile "serait effective (…) dès cet été".

En outre, elle a affirmé travailler "à un plan de sécurisation des établissements et des transports scolaires", opérationnel "dans les 10 jours", pour réagir aux événements de janvier. Des dizaines de jeunes armés avaient notamment lancé un assaut contre un lycée professionnel, dont 21 élèves ont été exclus définitivement, selon le vice-rectorat.

Des incidents à répétion ont conduit les personnels de trois lycées à exercer leur droit de retrait et la grande majorité des chauffeurs de transport scolaire, dont les véhicules sont régulièrement caillassés, les ont imités en février.

Enfin, pour ce qui est du contrôle de l'immigration, Mme Girardin a annoncé que dix policiers supplémentaires de la police aux frontières seraient affectés à Mayotte d'ici au 31 mars et que de nouveaux bateaux dédiés à la lutte contre l’immigration clandestine seraient livrés en septembre.

Mais tout cela ne représente que "de maigres annonces", déplore Maoulida Momed, un des porte-parole du mouvement, interrogé par l’AFP. "Tant que le ministre de l’Intérieur ne vient pas à Mayotte discuter avec nous des choses qu’il veut mettre en place, on continue la grève", persiste-t-il, assurant que les actions vont se multiplier dans les jours à venir.

Pour le député LR Mansour Kamardine, les annonces sont "un premier pas dans le bon sens mais qui doit être suivi d’un second train de mesures dans les prochains jours pour apaiser réellement la situation".

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