A J-3 des résultats du bac, la grève des correcteurs menace le calendrier

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Par Anne-Sophie MOREL - Paris (AFP)
Publié le 02 juillet 2019 - 20:50
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Epreuve du bac au lycée Pasteur à Strasbourg le 17 juin 2019
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© FREDERICK FLORIN / AFP
A J-3 de la publication des résultats du baccalauréat, des correcteurs "exaspérés" mettent la pression sur le gouvernement pour rouvrir des négociations sur les réformes du lycée et du bac en menaçant de garder les copies.
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"On a une arme, c'est qu'on a les copies": à J-3 de la publication des résultats du baccalauréat, des correcteurs "exaspérés" mettent la pression sur le gouvernement pour rouvrir des négociations sur les réformes du lycée et du bac en menaçant de garder les copies.

"J'en suis à 23 jours de grève, c'est beaucoup. Et tout ça pour un ministre qui nous méprise, on est exaspérés, on dit stop, la balle est maintenant dans son camp", s'agace Michaël, professeur de sciences économiques et sociales en Seine-Saint-Denis et correcteur du bac.

Cet enseignant "dans la maison depuis deux ans" n'a pas communiqué les notes comme il était censé le faire avant midi mardi. "J'ai cependant fait mon travail, les copies sont corrigées mais je suis prêt à les garder jusqu'à la semaine prochaine s'il le faut", menace-t-il, déterminé.

Comme lui, environ 200 enseignants correcteurs se sont rassemblés mardi midi "sous les fenêtres" du ministre à Paris à l'appel du collectif "bloquons Blanquer" pour demander à être reçus. En vain.

Sur des pancartes ou des T-shirts, on pouvait lire "Blanquer, revois ta copie", "un métier formidable, une loi fort minable" ou encore "Blanquer, tu vas l'avoir ta correction".

Selon un décompte effectué par ce collectif, on comptait environ "126.000 copies retenues par les professeurs grévistes".

Plusieurs académies sont concernées: environ 2.000 notes de copies n'ont pas été transmises dans l'académie de Nancy-Metz, a annoncé à l'AFP le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

"C'est la dernière étape, on n'a plus de solutions: on a fait grève, on a fait des petites, des moyennes et des grosses actions, on a fait des tractages, des blocages de lycées", mais le ministre de l'Education refuse de rouvrir des négociations sur les réformes du bac et du lycée, a regretté un responsable syndical.

Après avoir appelé pour le premier jour du bac à une grève de la surveillance, les syndicats engagés dans ce bras de fer (Snes, CGT, Sud, FO) veulent pousser le ministre à décaler de quelques jours le calendrier du bac.

Ils dénoncent une réforme précipitée et le risque de voir cet examen national transformé en "un bac local".

Les résultats doivent être publiés vendredi matin, avant les sessions d'oral au début de la semaine prochaine.

- Pas de report de tous les résultats -

Selon Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, "on ne peut pas communiquer que des résultats partiels, sinon ça induirait une confusion. Il est possible que les résultats soient retardés d'une journée ou d'une demie-journée", estime-t-elle.

Rue de Grenelle, on explique que "si une note n'est pas rentrée, le correcteur va être contacté pour un rappel à l'ordre". Il lui sera aussi expliqué qu'il sera considéré comme gréviste, non pas seulement le jour-même, mais à partir du moment où il a retiré ses copies, ce qui peut représenter jusqu'à 15 jours sans salaire dans certains cas, assure-t-on.

"Le ministère fait cette menace en espérant casser le mouvement", prévient Frédérique Rolet, qui estime qu'il s'agirait "d'une décision politique qui ne s'appuie pas sur le droit".

Les notes seront-elles rendues même partiellement vendredi? "Quelques élèves pourraient ne pas avoir leurs résultats vendredi" mais "on ne va pas reporter la parution des résultats de tous les bacheliers", répond le ministère.

"On a une arme, c'est qu'on a les copies, donc on ne s'interdit pas de faire la sourde oreille", s'amuse Michaël.

A ses côtés, Thibault, professeur d'histoire-géographie en Seine-et-Marne dénonce plus globalement un baccalauréat 2019 "très mal organisé", avec des grèves de surveillants qui ont selon lui "forcément perturbé la bonne tenue d'épreuves dans certains lycées".

Ce n'est pas le seul couac de cette session du bac: treize candidats dont six mineurs, ont été interpellés mardi matin et placés en garde à vue dans l'enquête sur des soupçons de fraude concernant des épreuves de mathématiques.

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