Journal de bord d'un réanimateur : "Les visages sont méconnaissables"

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Par AFP - Paris
Publié le 11 avril 2020 - 09:46
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Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la déferlante de malades du coronavirus, cet anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'AFP le résumé de sa
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© Martin BUREAU / AFP/Archives
Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la déferlante de malades du coronavirus, cet anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'
© Martin BUREAU / AFP/Archives

Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la déferlante de malades du coronavirus, un anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'AFP, sous couvert d'anonymat, le résumé de sa journée en pleine crise sanitaire.

- Vendredi 10 avril -

Cela fait plus d'un mois que tous les visages ont changé.

L'hôpital est désormais métamorphosé, physiquement et dans son organisation. Les hommes ont troqué leur barbe pour une peau bien rasée, pour que les masques s'appliquent au mieux sur le visage, dit-on. Tous les visages sont méconnaissables, entre les masques et les traits de fatigue.

Les chirurgiens se voient confier de nouvelles responsabilités: régulation de la cellule de crise du Samu, amélioration du lien avec les familles par les différentes applications smartphone disponibles, aide à la mobilisation des patients...

Les visages des patients aussi changent. La mise sur le ventre modifie fréquemment l'aspect du visage, temporairement.

Les visages des familles n'existent plus, pour l'instant.

Revenir après 24 heures de repos en dehors de l'hôpital, après plus d'un mois d'une présence quasi constante à l'hôpital, week-end compris, a été violent. On oublie vite ce qu'il s'y passe.

Les mots de mon chef de service ce matin étaient à la fois rassurants et encore déstabilisants. L'accalmie se confirme mais le plateau pourrait durer longtemps, en espérant qu'il n'y ait pas de seconde vague.

Heureusement, certains patients s'améliorent et sortent de réanimation. Il faut le garder en tête, c'est primordial.

Je crois qu'il est temps que les masques tombent. Que nous retrouvions une activité plus habituelle. Que les patients retrouvent leur famille. Que les chirurgiens retrouvent le chemin du bloc opératoire.

Que les spécialistes retournent soigner ceux qui les attendent. Que les généralistes puissent reprendre le suivi de leurs patients. Que les équipes paramédicales, admirables plus que jamais, retrouvent une activité moins soutenue.

Que les choses rentrent dans l'ordre...

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