Journal de bord d'un réanimateur : "peur d'une deuxième vague"

Auteur(s)
Par Alexandre HIELARD - Paris (AFP)
Publié le 07 avril 2020 - 10:55
Image
Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la déferlante de malades du coronavirus, cet anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'AFP le résumé de sa
Crédits
© Martin BUREAU / AFP/Archives
Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la déferlante de malades du coronavirus, cet anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'
© Martin BUREAU / AFP/Archives

Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter la déferlante de malades du coronavirus, un anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l'AFP, sous couvert d'anonymat, le résumé de sa journée en pleine crise sanitaire.

- Lundi 6 avril -

"Les choses se calment depuis plusieurs jours, c'est certain. Il y a moins d'appels du Samu, moins de monde aux urgences. Il reste quand même beaucoup de malades graves ou qui peuvent s'aggraver dans les hôpitaux. On ne saura qu'a posteriori si le pire est passé.

On respire un peu plus. Pour autant, les équipes médicales et paramédicales restent sous pression. On ne peut pas vraiment dire que le moral s'améliore. Tout le monde sait que c'est loin d'être fini et qu'il va falloir tenir.

Évidemment, les images des rues de Paris consternent les personnels soignants. C'est pour cela que nous sommes très prudents sur l'accalmie actuelle. Ce déconfinement spontané pourrait avoir des conséquences et faire une deuxième vague. On en a peur. C'est très probable que cela va arriver.

Depuis quelques jours, des protocoles de recherche ont commencé à l'hôpital. Certains médicaments sont testés. On espère avoir des réponses rapides, pour mettre fin à toutes ces polémiques sur les médicaments miracles où chacun y va de sa théorie personnelle. Et surtout, cela donnera des réponses pour mieux soigner les patients.

On ne pense que très rarement à autre chose, y compris à la maison... Toutes les discussions tournent autour de ça. A l'hôpital, les esprits commencent à fatiguer et à s'essouffler. Certaines tensions commencent à apparaître. Il est difficile de couper dès la sortie de l'hôpital. Et surtout, dès qu'on a un moment, on essaye de dormir.

On évoque l'après-crise. Ça nous semble très lointain. On se demande combien de temps il faudra pour tout réorganiser. On ne sait pas si cela sera même possible. Il a fallu quelques jours pour créer toute cette organisation. Faire machine arrière nous apparaît, pour le moment, être un travail de titans.

J'imagine que tout le monde voudra partir en vacances. Alors même qu'on s'attend à ce que l'activité reprenne de manière explosive. On craint que les instances directoires des hôpitaux souhaitent une reprise très rapide de l'activité habituelle. Les gens risqueront de craquer à ce moment-là."

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.