Jusqu'à 5 ans ferme prononcés au procès de la mutinerie de la prison de Vivonne en 2016

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Par AFP - Poitiers
Publié le 13 septembre 2018 - 22:38
Mis à jour le 14 septembre 2018 - 01:46
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L'entrée de la prison de Vivonne iaprès la mutinerie, le 13 septembre 2016
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© GUILLAUME SOUVANT / AFP
L'entrée de la prison de Vivonne iaprès la mutinerie, le 13 septembre 2016
© GUILLAUME SOUVANT / AFP

Des peines de trois à cinq ans ferme ont été prononcées jeudi soir à Poitiers, au procès de la mutinerie de la prison de Vivonne (Vienne) en septembre 2016, qui avait concerné quelque 50 détenus, fait 23 blessés, saccagé une aile de l'établissement, avant d'être maîtrisée au bout de six heures.

Des peines de trois à sept ans avaient été requises contre quatre détenus de 25 à 36 ans, identifiés comme meneurs présumés, qui étaient jugés pour dégradation d'un bien public en réunion, par un moyen dangereux, mise en danger de la vie d'autrui, vol des clés d'un surveillant. L'un des quatre était jugé en absence, ayant refusé son extraction.

A l'audience au tribunal correctionnel de Poitiers, les prévenus, des détenus pour stupéfiants, vols, ou violences, ont nié toute préméditation à la mutinerie, et aucun n'a reconnu avoir mis le feu. Mais un Rochefortais de 32 ans, accusé d'être l'instigateur, a reconnu qu'il voulait "se faire entendre" et être transféré, après avoir été ulcéré par une permission refusée.

"Ça faisait six mois que j'attendais de pouvoir être transféré", a raconté Mehdi. "Le matin je devais sortir en permission, ma femme venait avec les enfants, et j'apprends que c'est refusé". Selon l'accusation, faute de garantie d'hébergement à l'extérieur.

"Quand j'ai vu le surveillant, j'y suis allé. Nicolas a plaqué le surveillant, on lui a pris les clés, a-t-il poursuivi. Après, je suis rentré dans ma cellule préparer mes affaires. Quand je suis sorti ça brûlait déjà, après, j'ai suivi le mouvement. Il n'y a pas eu d'organisation", a-t-il assuré.

Même son de cloche chez son co-prévenu, un Poitevin de 36 ans. "Rien n'était prémédité, on était tous désespéré par la situation, il n'y avait pas de dialogue avec l'administration à Vivonne..".

Si le centre de détention de Vivonne, une prison moderne (2009) ne connaissait pas de problème particulier de surpeuplement à l'époque, l'avocat d'un détenu, Me Lee Takhedmit, a évoqué à l'audience une prison au contexte tendu par le "manque de moyens. Il n’y a pas assez de surveillants, la moindre démarche est entravée par ce manque de moyens. Il faut attendre pour tout: les soins dentaires, les soins psychos… Et les suicides, on en parle !"

Les clefs volées ce soir-là avaient permis d'ouvrir les cellules d'une aile du 2e étage, et des détenus avaient mis le feu en plusieurs points, à des poubelles notamment, saccagé mobilier, vitres, éclairage. "Les gars c'est la guerre, on va mettre le feu !" aurait alors crié Mehdi --qui dément--, selon le témoignage d'un surveillant. L'incendie avait mobilisé 105 pompiers, et la mutinerie elle-même plus de 175 gendarmes ou agents de la pénitentiaire.

Vingt détenus, un agent de l'administration pénitentiaire et deux gendarmes avaient été blessés ce soir-là, la plupart en lien avec des inhalations de fumée. Quatre détenus, parties civiles, réclament d'ailleurs des réparations après avoir "vu la mort de près", selon un des avocats. Ils ont obtenu 3.000 euros de réparations ou provisions, de même qu'un surveillant.

Le centre de détention de Vivonne (634 places) avait dû transférer plus de 150 détenus sous 48 heures, fermer une aile pendant 18 mois après la mutinerie. Elle a rouvert début 2018, après 2 millions d'euros de travaux.

Contre des détenus "animés par l'envie de tout casser", le procureur Jean Lacotte avait requis des peines de 3 à 7 ans. Deux principaux prévenus ont été condamnés à 5 ans, un troisième à 3 ans, le quatrième a été relaxé.

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