La CGT en congrès pour réélire Martinez et maintenir le cap "contestataire"

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Par Bertille OSSEY-WOISARD - Dijon (AFP)
Publié le 13 mai 2019 - 10:00
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Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez (G) lors d'une manifestation le 9 mai 2019 à Paris
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Lors d'un rassemblement à l'appel de la CGT le 14 décembre 2018 à Paris
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

Le 52e congrès de la CGT (Confédération générale du travail) démarre ce lundi à Dijon, où sans surprise Philippe Martinez, qui compte maintenir la ligne "contestataire" de la confédération, malgré un bilan mitigé, doit être réélu confortablement en fin de semaine.

"+On ne lâche rien!+ sera mon mot d'ordre à ce congrès", a assuré Philippe Martinez, dans une interview au Parisien diffusée à la veille du congrès. Un slogan d'autant plus justifié par le numéro un de la CGT depuis 2015 que "la méthode Macron c'est: je consulte, mais je décide seul", avance-t-il.

Un millier de militants, dépêchés par leurs fédérations et unions départementales respectives, doivent le réélire vendredi, de même que la direction du syndicat. Lors du congrès précédent, en 2016, 95,4% des militants avaient voté pour lui.

"Le rôle d'un syndicat est de négocier à tous les niveaux où cela est possible. Et quand la négociation bloque, il faut créer un rapport de force, dans les entreprises ou dans la rue", résume le métallo âgé de 58 ans.

Pourtant, cette méthode a globalement échoué au niveau national: sa confédération est tombée fin 2018 à la deuxième place - derrière la CFDT - et les grèves et manifestations n'ont pas conduit au retrait des réformes décriées (loi travail, ordonnances Macron, réformes de la SNCF ou de la fonction publique).

"Les +gilets jaunes+ ont obtenu plus en six mois que la CGT en 20 ans", tacle un représentant patronal, en référence aux mesures annoncées par Emmanuel Macron pour répondre à la crise, évaluées à 17 milliards d'euros par Bercy. "La CGT signe des accords au niveau des branches et des entreprises mais la ligne confédérale d’opposition systématique a touché ses limites", estime ce responsable.

- "Opposition de classes" -

A l'inverse, des syndicats anarchistes de la CGT estiment que Philippe Martinez n'est pas suffisamment "contestataire". Les mêmes syndicats (Info’Com-CGT, CGT Goodyear, CGT CHU Lille, CGT Bombardier...), une trentaine sur environ 30.000 que compte la CGT, avaient déjà vivement critiqué la décision du secrétaire général d'arrêter la fronde contre la loi travail à l'automne 2016, après 13 journées de mobilisation.

Ils ont décidé de jouer le rôle de poil à gratter dès lundi, en organisant une conférence de presse en fin de matinée, juste en face du palais des congrès de Dijon, lieu de la grand-messe confédérale, pour évoquer leur document d'orientation "alternatif" réclamant une CGT "révolutionnaire", guidée par la "lutte des classes".

Dans le document d'orientation officiel, plutôt que "luttes", la CGT évoque "l'opposition de classes", entre "ceux qui vivent de leur travail et ceux qui s'enrichissent de l'exploitation des travailleurs au profit du capital".

Une autre frange de la CGT, également minoritaire, milite, elle, pour une convergence avec les "gilets jaunes". C'est le cas des puissantes fédérations des industries chimiques, des commerces et services, ou d'unions départementales (Val-de-Marne, Val-d'Oise, Pyrénées-Orientales ou Nord). Le 27 avril, ils ont organisé une manifestation commune à Paris avec des partis politiques de gauche, des "gilets jaunes" et des associations, à laquelle le secrétaire général ne s'était pas associé.

Depuis le départ, Philippe Martinez est mal à l'aise avec ce mouvement né en novembre. "La majorité, ce sont des citoyens, des retraités mais personne ne peut contester, d'ailleurs on le voit avec les listes aux Européennes, qu'il y a des +gilets jaunes+ qui ne sont pas fréquentables", a-t-il expliqué récemment auprès de l'Association des journalistes de l'information sociale.

Le débat cette semaine va aussi porter sur l'appartenance de la CGT à la Confédération européenne des syndicats, que doit présider à partir de fin mai Laurent Berger (CFDT). Des cégétistes "ultra-minoritaires", selon Philippe Martinez, réclament le départ de la CGT de cette confédération et son intégration au sein de la Fédération syndicale mondiale (FSM), classée très à gauche.

Le test pour Philippe Martinez interviendra dès mardi, avec dans la matinée le vote du rapport d'activité des trois années écoulées, puis dès l'après-midi et jusqu'à jeudi, l'étude du document d'orientation, des moments où les militants vont s'exprimer sur la ligne de la CGT.

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