A la fac de Nancy, les examens sous tension

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Par Marie ROUSSEL - Nancy (AFP)
Publié le 03 mai 2018 - 20:12
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Une affiche invitant le président de l'université à "dégager" lors de l'occupation de la faculté le 5 avril 2018
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© JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP/Archives
Une affiche invitant le président de l'université à "dégager" lors de l'occupation de la faculté le 5 avril 2018
© JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP/Archives

"Pas de partiels avec les keufs !": à Nancy, les examens débutent jeudi dans une ambiance tendue sur le campus de Lettres et Sciences humaines où les forces de l'ordre interviennent pour assurer l'accès des étudiants à un amphi.

"Ce n'est pas normal de vouloir nous faire passer les partiels dans ces conditions-là, avec la police devant et les bloqueurs", regrettent en chœur Colline et Audrey, étudiantes en Langues étrangères appliquées (LEA).

Les forces de l'ordre interviennent en début d'après-midi pour permettre à des étudiants de passer un examen d'anglais. Une quarantaine d'opposants à la loi Orientation et réussite des étudiants (Ore) tentaient d'interdire l'accès de l'amphi.

"Pas de partiels avec les keufs!", scandent-ils alors que les étudiants venus pour leur examen entrent un à un dans la salle, encadrés par une vingtaine de policiers.

"On est 400 dans la filière. Normalement, on est répartis en deux amphis et là on se retrouve dans un seul amphi, on va être tous collés", redoute Colline.

"C'est dangereux, ce n'est pas du tout serein", renchérit Audrey.

Les bloqueurs sont repoussés hors du campus et cinq d'entre eux interpellés.

Dans la matinée, les examens ont débuté sous la surveillance d'agents de sécurité sur un campus évacué il y a huit jours, après un mois de blocage.

"Ça me gêne un peu, ça fait prison", déplore Ghislain, étudiant en première année de LEA.

"On se demande surtout à quoi ça sert. Ils ne vérifient même pas les cartes d'étudiants. C'est comme si on allait en cours, normal", relève Gwendoline.

- Tags effacés, murs repeints -

Sur le campus, tous les tags de ces dernières semaines ont été effacés par les services de la métropole du Grand-Nancy.

"Tout a été repeint, c'est comme si rien ne s'était passé.On met un coup de peinture et hop: plus de mouvement !", ironise Nicolas Grégori, enseignant-chercheur et secrétaire de section de la Snesup-FSU.

L’université de Lorraine a fait appel à des sociétés de vigiles. Une quinzaine sont postés aux entrées de la faculté et devant les amphis.

Les opposants à la réforme de l'enseignement supérieur qui instaure, selon eux, une sélection à l'entrée des universités avaient bloqué le campus de Lettres et Sciences humaines dès le 22 mars, empêchant la tenue des cours.

Le 25 avril au petit matin, dix-neuf d'entre eux avaient été délogés par les forces de l'ordre, alors que le site était quasi désert en raison des vacances universitaires.

Jeudi à midi, une nouvelle assemblée générale n'a rassemblé que 70 étudiants, sans donner lieu à un vote.

Des salles, fermées par des planches, ont été brièvement réinvesties et la salle des professeurs barricadée avec du mobilier amassé devant la porte.

"On veut récupérer nos locaux, nos droits et nos libertés", écrivent les bloqueurs sur les réseaux sociaux.

"Ça va trop loin" ce mouvement des bloqueurs, regrette Caroline, 19 ans, croisée à l'entrée de l'université.

L'étudiante se dit toutefois sereine avant de passer ses examens. "Comme on a eu un mois sans cours, on a eu le temps de réviser", souligne-t-elle. "Mais on a manqué la moitié du semestre. On aura donc des lacunes l'année prochaine !", s’inquiète le jeune femme.

Avant de rejoindre les salles d'examens dans la matinée, des groupes d'étudiants discutent et fument dans une ambiance détendue.

"J'avais oublié que j'étais scolarisée. J'avais l'impression d'être en vacances et j'ai eu du mal à m'y remettre", soupire Sarah, sans se départir de son sourire.

A Strasbourg aussi, les examens ont été marqués par quelques tensions. Jeudi matin, des contestataires ont empêché 700 étudiants de passer une épreuve.

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