"La faute, c'est pas les camions !" : les routiers excédés par le manque d'anticipation

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Par Karine ALBERTAZZI - Le Pertuis (France) (AFP)
Publié le 30 octobre 2018 - 18:52
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Des poids lourds sont bloqués sur la RN 88 en raison de la neige entre Le-Puy-en-Velay et Saint-Etienne au col de Pertuis en Haute-Loire le 30 octobre 2018
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© Thierry Zoccolan / AFP
Des poids lourds sont bloqués sur la RN 88 en raison de la neige entre Le-Puy-en-Velay et Saint-Etienne au col de Pertuis en Haute-Loire le 30 octobre 2018
© Thierry Zoccolan / AFP

"La faute, c'est pas les camions, les trois quarts ont des pneus neige. Le problème, c'est toutes ces voitures avec des pneus d'été le long de la route", déplore un routier pris au piège au col du Pertuis (Haute-Loire).

Car c'est bien l'impréparation des automobilistes face à l'arrivée brutale de la neige, après un long été indien, qui a aggravé la situation et accru le nombre des naufragés de la route, en empêchant l'arrivée des déneigeuses.

Mardi après-midi, des centaines de camions bloqués depuis la veille au soir ont progressivement redémarré dans une désorganisation totale.

De chaque côté du col, deux gendarmes tentaient de faire la circulation alors que les poids lourds se mettaient en branle dans les deux sens, en direction de Saint-Etienne et du Puy-en-Velay, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Un peu plus bas, entre Saint-Hostien et Le Pertuis, plusieurs patrouilles de gendarmerie sont intervenues en début d'après-midi pour dégager quelque 85 camions bloqués par la neige. "En une heure et quart, la viabilité de l'axe était rétablie", a précisé à l'AFP le colonel Jean-Pierre Rabasté, commandant du groupement de gendarmerie de Haute-Loire.

"C'est une honte, franchement c'est une honte. On a vu absolument personne. La tempête de neige était prévue, tout le monde le savait mais rien n'a été prévu en conséquence. Fallait réagir avant !", tonne l'un d'eux, Mickaël, qui avait quitté lundi le Jura pour Le Puy-en-Velay.

"On nous explique que c'est la faute des routiers, parce qu'on n'a pas respecté l'arrêté préfectoral. Ca fait 24 heures qu'on n'a pas bougé ! Y en a marre !", continue-t-il.

Au Pertuis, les chauffeurs sortis de leurs cabines le long de la route et sur le parking de la salle polyvalente de la petite commune de 440 âmes râlent auprès des agents de la direction interdépartementale des routes, en tenue orange. "Qu'est-ce que vous faites ? Vous pouvez pas plutôt venir déneiger le parking? On attend nous !", lance un routier au conducteur du chasse-neige.

Beaucoup critiquent aussi la responsabilité de la préfecture de ne pas "avoir assez anticipé la tempête de neige".

"Lundi soir à la préfecture, ils devaient avoir les deux pieds dans les pantoufles sur le canapé. Les routiers, on n'en a rien à faire. C'est une honte. Je n'ai pas vu un chasse-neige pendant quatorze heures".

"Le préfet ferait mieux d'anticiper, de prévoir à manger plutôt que d'annoncer 80 radars supplémentaires", ajoute un autre.

- automobilistes indisciplinés -

Mardi, le préfet de la Loire Evence Richard a reconnu la nécessité "d'améliorer l'information des automobilistes", ajoutant que face à cet "événement exceptionnel, il était parfois difficile de faire entendre raison à certains utilisateurs de la route, notamment des chauffeurs de poids lourds".

"Ce qui est mis en évidence par cet épisode, c’est que vous avez beau diffuser des messages d’interdiction quels que soient les moyens employés que ce soit avec des signaux lumineux, à la radio, sur SMS, vous avez malheureusement toujours un certain nombre d’utilisateurs de la route qui pensent qu’ils vont pouvoir arriver à bon port quels que soient les conseils de prudence que l’on peut formuler", regrette le préfet.

"Moi je n'ai rien mangé depuis dimanche soir", fulmine Jérôme Bigot, joint par téléphone. Parti de Saint-Flour en direction de Lyon, il a été bloqué pendant 24 heures à Firminy (Loire).

"Pas de covoiturage, pas de salle polyvalente, rien ! Un collègue a été chez un particulier qui lui a donné deux saucissons", raconte-t-il. "Là, on en a marre, on est encore bloqués vers Fix-Saint-Geneys. On va forcer les barrages avec des collègues, il y a plus de neige".

Même amertume du côté de la RN 88 où le déneigement a pris du temps. "Hier, on est arrivé à 16H00 et la police nous a fait sortir une première fois (...) puis ils nous ont bloqués. Tout le monde est arrivé en même temps, ça a été le bordel complet !", déplore ce chauffeur excédé.

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