La France a continué à détruire des emplois au deuxième trimestre

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Par Bertille OSSEY-WOISARD - Paris (AFP)
Publié le 07 août 2020 - 10:45
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Malgré la destruction de près de 120.000 emplois au deuxième trimestre dans le secteur privé, l'intérim a rebondi mais est resté à un niveau nettement inférieur à celui d'avant la crise du coronavirus
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Malgré la destruction de près de 120.000 emplois au deuxième trimestre dans le secteur privé, l'intérim a rebondi mais est resté à un niveau nettement inférieur à celui d'avant la
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Signe fragile de reprise de l'activité? Malgré la destruction de près de 120.000 emplois au deuxième trimestre dans le secteur privé, l'intérim a rebondi mais est resté à un niveau nettement inférieur à celui d'avant la crise du coronavirus et les économistes se montrent pessimistes.

Après une chute "inédite" au premier trimestre (-40,4%), l'intérim a rebondi entre avril et juin: +23,1%, soit 108.500 créations. "Comme dans toutes les crises, l'intérim réagit plus vite et plus fort que le reste de l'emploi", souligne Sylvain Larrieu, de l'Insee.

Ce rebond du deuxième trimestre "est un signe de reprise de l'activité, mais nous sommes encore très en dessous de la situation normale, puisque l'intérim est 27% plus faible que son niveau d'il y a un an", soit 214.800 emplois en moins, analyse-t-il auprès de l'AFP.

Eric Heyer, chercheur à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), se montre prudent, notant que l'intérim n'est plus un indicateur de reprise "depuis un petit moment" car les entreprises recourent aussi très souvent à des CDD courts d'un, deux ou trois jours, plutôt qu'à l'intérim.

La montée de l'intérim "traduit davantage un ajustement pour répondre rapidement à une hausse de la demande, qu'à une pression forte résultant d'une activité au-dessus de la tendance", tempère aussi Philippe Waechter, économiste chez Ostrum Asset Management.

Plus généralement, le deuxième trimestre a vu la destruction de 119.400 emplois dans le secteur privé, en baisse de 0,6% par rapport au trimestre précédent, et de 2,5% sur un an. Au premier, 497.500 emplois avait été détruits sous l'effet du confinement. Ce léger mieux s'explique en grande partie par l'intérim, mais aussi par le recours massif des entreprises au chômage partiel.

- 'Absorbé par le chômage partiel' -

Selon une estimation du ministère du Travail, 7,2 millions de Français auraient été en chômage partiel un ou plusieurs jours par semaine en mars, 8,8 millions en avril, 7,9 millions en mai et 4,5 en juin.

"Le chômage partiel n'est pas une perte d'emploi. Dès lors, l'ajustement sur le marché du travail ne s'est pas fait sur la réduction de l'emploi mais par le passage en chômage partiel", note Philippe Waechter.

"On aurait dû avoir beaucoup plus de destructions d'emploi, mais cela a été absorbé par le chômage partiel", abonde M. Heyer, qui craint, comme M. Waechter "d'importantes suppressions d'emplois" à venir.

M. Heyer note "un décalage" entre la baisse de 0,6% de l'emploi salarié au deuxième trimestre et le plongeon de 13,8% du produit intérieur brut (PIB) sur la même période, le plus important recul depuis 1949: "On aurait dû avoir des destructions d'emploi du même ordre, ce qui veut dire que la crise sur l'emploi n'est pas encore arrivée".

Dans le secteur marchand (industrie, construction, tertiaire marchand), qui est la locomotive de l'emploi en France, l'emploi salarié a baissé de 0,6% au deuxième trimestre, après -2,8% au premier, soit -3,4% sur le semestre. C'est la plus forte baisse sur un semestre enregistrée depuis le début de cette série de l'Insee, réalisée à partir de 1970.

L'Institut souligne qu'au coeur de la crise de 2008/2009, entre septembre 2008 et mars 2009, le secteur marchand n'avait reculé que de 1,7%.

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