La libération de Paris racontée par l'AFP en 1944 : le 23 août

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Par AFP - Paris
Publié le 23 juillet 2019 - 11:29
Mis à jour le 21 août 2019 - 10:02
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Des Parisiens construisent une barricade rue de Maubeuge en août 1944
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Des Parisiens construisent une barricade rue de Maubeuge
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Le 26 août 1944, Paris tout juste libéré, l'AFP diffuse une chronologie des onze jours ayant précédé la capitulation des Allemands, après quatre années d'occupation de la capitale.

Voici la journée du 23 août racontée par le journaliste de l'AFP Jean Le Quiller.

Paris, 26 août 1944 (AFP) -

Mercredi 23 août - Dans la nuit, la bataille entre les Allemands et les Alliés s'est rapprochée de Paris, à 2 heures du matin des unités motorisées de la 7e armée allemande en retraite ont traversé Paris, le bruit du canon allié a été entendu, on commence à se convaincre que la libération approche, mais ces dernières journées paraissent les plus longues.

Le matin paraît le premier numéro du "Figaro", sans signatures bien entendu ; il se rattrapera bientôt, et grâce à lui, on découvrira que Pierre Brisson, Vladimir d'Ormesson, François Mauriac, Georges Duhamel et bien d'autres noms célèbres n'étaient pas précisément pétainistes.

Les hostilités continuent en différents points de Paris ; ce matin, des (chars allemands, ndlr) "Tigre" ont attaqué le poste de police du Grand Palais ; à 11h30, les FFI (Forces françaises de l'intérieur, Résistance, ndlr) doivent cesser leur résistance ; certains d'entre eux continuent la lutte dans les caves ; le tir des Allemands a mis le feu au Grand Palais lui-même; l'exposition "L'Ame des Camps" consacrée à nous rapprocher des prisonniers français en Allemagne est sérieusement menacée ; le cirque Houcke doit évacuer en toute hâte ses animaux féroces ; le Palais de la Découverte est atteint, les pompiers essaient d'enrayer les progrès de l'incendie, mais les Allemands tirent sur leurs tuyaux pour les crever : il faut que le Grand Palais continue à brûler pour leur plaisir personnel.

Un autre incendie répand de grosses volutes de fumée noires au-dessus de St-Ouen : c'est le dépôt des pétroles Jupiter auquel les Allemands ont mis le feu.

Des barricades continuent à s'élever notamment devant le Théâtre Français : certains sociétaires comme Jean Chevrier vont y tenir un fusil ; Marie Bell va faire les liaisons. Rue d'Alésia et Avenue d'Orléans, des barrages s'installent qui peuvent gêner considérablement les Allemands qui, au sud de Paris, battent en retraite devant (le général français Philippe) Leclerc et les Américains ; de fait, des combats sont engagés souvent, maintenant, dans le voisinage de la porte d'Orléans.

On signale la mort de l'acteur Aimos, sur une barricade. Un autre acteur, lui, est arrêté à 11h30 : il s'agit de M. Sacha Guitry, qui n'a pas fini de faire parler de lui.

Ce matin, à 10h30, à Notre-Dame-Des-Victoires, le RP (Raymond) Bruckberger (aumonier des FFI, ndlr) a donné l'absoute (prière de funérailles, ndlr) à 31 FFI tombés pour la France.

Et la guerre continue un peu partout, notamment dans les quartiers nord, à Barbès Rochechouart et à La Chapelle où les FFI libèrent des cheminots français.

Les chefs politiques commencent à être connus : M. Georges Bidault, par exemple, qui était à la tête du CNR (Conseil national de la Résistance) arrive à la préfecture de police où il harangue les agents ; l'après-midi, les secrétaires généraux provisoires tiennent une réunion à l'Hôtel Matignon.

Naissance d'un nouveau régime au milieu des balles.

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