La rappeuse Chilla livre un pudique hymne à l'amour

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Par Taimaz SZIRNIKS - Paris (AFP)
Publié le 05 juillet 2019 - 09:57
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La rappeuse Chilla, le 24 juin 2019
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© JOEL SAGET / AFP
La rappeuse Chilla, le 24 juin 2019
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"J’ai l’impression d’avoir passé le cap de beaucoup de pudeur, de tabous", raconte la rappeuse Chilla dans un entretien à l'AFP, alors qu'elle publie vendredi un deuxième album.

Il était jusqu'ici "inenvisageable de parler d’amour" pour la rappeuse-chanteuse de 25 ans, qui oscille de façon très contemporaine entre rap, R&B et variété.

Deux ans après son premier opus, l'album "Mun" est "un projet dans lequel l’amour est le sujet quasi principal", explique Chilla.

Dans "Coeur sombre”, Chilla place aussi "un big up aux queutards": "on se plaint souvent de ces mecs qui ne cherchent que le sexe, mais c’est parfois des comportements de protection", raconte Chilla.

"J’ai beaucoup de potes qui sont dans ce fonctionnement (...) je peux comprendre que des mecs se comportent comme des connards, parce que ça cache quelque chose de plus profond".

La rappeuse raconte aussi les doutes qui la traversent dans le passage à l'âge adulte, dans son éclosion en tant qu'artiste. Née Mareva Rana, elle a grandi à Gex, dans l'Ain, avec des parents éducateurs spécialisés qui travaillaient en Suisse. Elle terminait son premier album sur un hommage à son père décédé.

"J’ai eu une partie de ma vie aisée, puis j’ai bouffé la réalité", raconte-elle. "A la base, j’écris pour régler mes problèmes", et avec "Mun", "j'ai l’impression de faire rentrer les gens dans ma chambre. Ça a été un processus analytique, thérapeutique", raconte Chilla.

Musicalement, "Mun" est plus homogène que son premier album, avec un seul compositeur aux manettes pour la quasi-totalité des 17 titres: le jeune Fleetzy, déjà auteur de morceaux pour Kery James ou Jok'Air.

- "travailler trois fois plus" -

Produite par un poids-lourd du genre, Tefa (Diams's, Sniper, Vald, Fianso), Chilla a misé sur des morceaux comme "1er jour d'école" ou "Oulala", et des collaborations avec la star martiniquaise Kalash ou l'expérimenté Youssoupha, pour continuer à monter.

Dans un océan d'artistes rap chargés en testostérone, sa voix de femme détonne. Chilla s'est fait une culture rap en regardant les clips de rap sur MTV Base, des hommes pour la plupart, mais aussi quelques "figures fortes" comme les Américaines Eve ou Missy Elliott, et les Françaises Casey, Keny Arkana, et Diam's.

Par rapport à ces pionnières, Chilla se félicite d'arriver dans un monde où "le rap, c'est la pop". "Je ne me suis pas dit: je suis une meuf, ça va être compliqué. Je me suis dit que ça allait être easy mais qu’il faudrait travailler trois fois plus. Si Diam’s en est arrivée là, c’est parce que son niveau dépassait celui de moult rappeurs", rappelle celle qui est une de ses héritières.

Chilla explique avoir, dans un premier temps, "complètement bridé sa féminité": "je ne voulais pas que les gens pensent que je suis dans la séduction. Quand je l’ai réintégrée, ça m’a permis d’accepter mes failles, mon hypersensibilité".

Elle mettait plutôt en avant sa colère, ses revendications: Chilla s'est faite remarquer ces dernières années avec plusieurs raps féministes: "Si j'étais un homme", "Balance ton porc", ou encore "Chienne", où elle décrit un monde de la musique ultra-machiste.

Avec ce deuxième album, Chilla grandit aussi en tant qu'artiste, exigeante, hyperactive, en contrôle, en studio comme sur le tournage d'un clip en banlieue parisienne.

"Je me suis rendu compte que je criais beaucoup quand je rappais, que je mettais des mots pour avoir du flow, sans laisser de place au silence, sans lâcher prise", explique Mareva, qui s'était vue en chanteuse soul et étudiait le violon au conservatoire, avant de découvrir la "liberté" du rap et de devenir Chilla. "Je me suis réalignée avec moi-même quand j’ai intégré le chant dans mon rap. Le chant, c’est mon identité. Mon écriture, c'est le rap".

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