La Rochelle : le plus vieil hôtel de ville de France renaît de ses cendres

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Par Elodie LE MAOU, Olivier GUERIN - La Rochelle (AFP)
Publié le 02 décembre 2019 - 12:48
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Philippe Villeneuve (g) architecte en chef des Monuments historiques visite l'hôtel de ville de La Rochelle le 18 novembre 2019 totalement restauré après un incendie
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© MEHDI FEDOUACH / AFP
Philippe Villeneuve (g) architecte en chef des Monuments historiques visite l'hôtel de ville de La Rochelle le 18 novembre 2019 totalement restauré après un incendie
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"A l'identique, mais en neuf", le maire de la Rochelle inaugure son hôtel de ville ravagé par les flammes en 2013, une restauration minutieuse, mais avec consolidation au béton, menée par l'architecte en chef des Monuments historiques Philippe Villeneuve, comme une répétition avant Notre-Dame de Paris.

Le 28 juin 2013 voyait réduit en cendres le bâtiment qui revendique le titre de "plus vieil hôtel de ville de France", hébergeant la mairie de cette cité maritime depuis 1298.

Le défi de la reconstruction était double: réhabiliter le superbe bâtiment à la façade Renaissance, et profiter du sinistre pour rationnaliser un dédale d'édifices adjacents, rachetés au cour des siècles par les maires successifs. Et l'hôtel de ville, classé aux monuments historiques depuis 1861, avait déjà fait l'objet d'une rénovation à la fin du XIXe par Juste Lisch, un confrère de Viollet-le-Duc.

"Les assurances ont payé pour un retour à l'identique pour toute la partie classée aux Monuments historiques", explique à l'AFP le maire divers gauche Jean-François Fountaine. 28 corps de métier, dont de nombreux artisans d'art, sont intervenus.

La grande salle des fêtes a été reconstruite à l'identique. "Les parties de décor qui n'ont pas été endommagées par le feu ou l'eau ont servi de modèles pour leur reconstruction, en utilisant les pigments de peinture de l'époque, en reproduisant jusqu'à la patine des couleurs du plafond, en retissant les tentures, en reproduisant la marqueterie au sol", détaille le maire.

- "Bocal de formol" -

Cela n'a pas empêché Philippe Villeneuve -- en charge de la restauration de Notre-Dame -- de faire appel aux techniques modernes pour consolider l'édifice dont la façade menaçait de s'effondrer. "C'était la partie la plus complexe du chantier, dit à l'AFP l'architecte. Il a fallu reprendre les fondations, les piliers, trouver le moyen d'encastrer des poutres en béton pour renforcer la façade sculptée et de construire des planchers béton pour la tenir. Sans que cela se voit".

L'architecte ne s'est pas interdit les modernisations: là où étaient stockées des archives, il a construit sous les combles une superbe salle du conseil qui manquait à la mairie, avec plafond en lamelles de bois en forme de coque de bateau inversée,

Quant aux bâtiments agglomérés au fil des siècles, non classés, leur rénovation a été drastique, à base du triptyque verre-acier-béton.

L'agencement a été uniformisé. Avant, "il y avait onze hauteurs de plancher différentes", se souvient Jean-François Fountaine. "Vous aviez ici des poutres, des entrées, et vous étiez obligé de baisser votre tête pour aller d’un espace à l’autre, c’était aveugle, on n'y voyait rien, et donc il a fallu qu’on dégage un volume complet", détaille Philippe Villeneuve.

"L’incendie a été, c’est un peu affreux de le dire, une opportunité véritable pour ce monument, parce que maintenant il est rationnel, il est fluide, clair et valorisé donc c’était un mal pour un très bien j’espère", ajoute-t-il. "Cela démontre que quand on restaure un bâtiment historique, ce n’est pas fatalement pour le tremper dans un bocal de formol et il faut toujours quand on restaure penser à la vie du monument".

Un exemple avant la rénovation de Notre-Dame ? "Après un incendie, il y a toujours les mêmes problématiques, des pierres rubéfiées, gorgées d’eau", dit l'architecte.

Mais, pour lui, les travaux s'annonçent très différents. "Notre-Dame de Paris c’est un chantier beaucoup pus complexe que cet hôtel de ville, parce ce que ce sont des structures qui ont 850 ans, qui sont à 35 mètres du sol, et qui sont des voutes sur croisées d’ogive, sur arc-boutant donc c’est une architecture extrêmement dynamique. Ici c’est une architecture relativement passive, d’empilement de structure les unes sur les autres", explique-t-il.

"Ici il y a tout un projet de rénovation, il a fallu penser architecture-création et architecture-restauration c’est un mélange des deux. A Notre Dame de Paris, ce sera essentiellement de la restauration".

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