L'Ardèche, l'autre pays des dolmens

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Par Marjorie BOYET - Labeaume (France) (AFP)
Publié le 10 août 2018 - 11:40
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Site néolithique de Labeaume en Ardèche, le 1er août 2018
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© PHILIPPE DESMAZES / AFP
Site néolithique de Labeaume en Ardèche, le 1er août 2018
© PHILIPPE DESMAZES / AFP

Des cigales, des champs de lavande et... des dolmens. Par centaines. Peu le savent mais l'Ardèche est l'un des départements français comptant le plus de ces mégalithes qui gardent toujours leur part de mystère.

Sur les hauteurs du village de Labeaume, derrière des murets de pierres sèches, un sentier serpente entre des lapiaz (ravinements creusés dans la roche par les pluies) pour accéder aux premiers de la vingtaine de dolmens que compte cette nécropole de la fin du néolithique (autour de 3.000 ans avant Jésus Christ).

Depuis quelques semaines, un balisage et des panneaux explicatifs y ont été mis en place par l'association Dolmens et Patrimoine de Labeaume.

Au total, près de 900 dolmens sont inventoriés dans le sud de l'Ardèche. Bien loin devant les départements bretons (Le Morbihan compte 550 mégalithes, menhirs compris) mais derrière l'Aveyron (environ 1.000 dolmens).

Comparés aux bretons, les dolmens ardéchois sont "plus petits" et "plus jeunes", relativise la présidente de l'association et archéologue, Sonia Stocchetti.

Pourquoi une telle concentration ? Plusieurs hypothèses sont avancées : peut-être "le milieu calcaire", permettant de trouver la matière première en abondance, mais "peut-être aussi plus de population" ou des rites funéraires différents plus au nord.

"Ces dolmens servaient à la fois de lieu de mémoire pour les ancêtres mais aussi comme marqueur de territoire", précise Mme Stocchetti.

Les corps étaient déposés au fur et à mesure des décès. Les défunts qui s'y trouvaient étaient choisis selon un critère qui allait "au-delà du sexe et de l'âge", puisqu'on y trouvait aussi bien des hommes que des femmes, des enfants ou des personnes âgées. "Il y avait autre chose", de l'ordre peut-être du statut social, dit l'archéologue, qui se garde de répondre de manière affirmative tant ces monuments recèlent encore de secrets.

Même si beaucoup de ces sépultures collectives ont été vidées au fil des siècles, des fouilles ont permis d'y retrouver des parures de perles sculptées, des coquillages marins - signes d'échanges avec d'autres populations -, des pointes de flèche, de longs poignards en silex non utilisés et des céramiques qui devaient contenir des offrandes alimentaires.

Nombre de ces dolmens sont en mauvais état ou dissimulés à la vue par la végétation. En 2009, à Labeaume, l'un d'eux a fait l'objet d'une restauration, d'autres l'ont été ou vont être consolidés pour éviter l'effondrement.

- Allier nature et culture -

Pour Séverine, mère de famille originaire de la Sarthe, cette balade au milieu des dolmens permet à ses trois enfants "de voir concrètement des choses qu'ils peuvent rencontrer durant l'année scolaire, dans les livres".

"Pour nous, les menhirs, c'est la Bretagne et puis on nous a dit à l'Office du tourisme que les dolmens, c'est l'Ardèche !", lance la femme de 36 ans, munie d'un dépliant.

"Les dolmens sont un point de départ pour inviter à la découverte du territoire", souligne Mme Stocchetti.

Un million de visiteurs, dont 30% d'étrangers, se rendent chaque année dans ce département, connu notamment pour les Gorges de l'Ardèche que les touristes descendent en canoë.

Depuis l'ouverture en 2015 de la Caverne du Pont d'Arc, restitution de la célèbre Grotte Chauvet, le département cherche à valoriser son patrimoine lié à la préhistoire.

L'Ardèche a ainsi fait "un nouveau saut en terme d'image et de fréquentation" puisque "plus de 50% des clients de la Caverne du Pont d'Arc n'étaient jamais venus dans le département ou n'étaient pas venus depuis plus de cinq ans", assure le directeur de l'Office de tourisme de Pont d'Arc-Ardèche, Vincent Orcel.

Les six sentiers de découverte autour des dolmens permettent de renforcer l'attractivité de l'Ardèche pour les "75% de visiteurs qui font à la fois des activités nature et des activités patrimoine et culture".

"Modestement, cette valorisation des dolmens participe complètement de cette révélation d'un patrimoine un peu méconnu, qui donne des souvenirs et une part de mystère", ajoute M. Orcel. "Y compris pour les clientèles internationales car, face à un dolmen, il n'y a pas forcément besoin de beaucoup d'explications".

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