Latifa Ibn Ziaten avait été menacée par le jihadiste de l'Aude

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Par Chantal VALERY - Toulouse (AFP)
Publié le 27 mars 2018 - 22:21
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Latifa Ibn Ziaten (C), la mère d'une des victimes de Mohamed Merah, Imad Ibn Ziaten, le 2 novembre 2017 à Paris au procès du frère de Merah, Abdelkader Merah
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
Latifa Ibn Ziaten (C), la mère d'une des victimes de Mohamed Merah, Imad Ibn Ziaten, le 2 novembre 2017 à Paris au procès du frère de Merah, Abdelkader Merah
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"Continue comme ça et tu verras!": Latifa Ibn Ziaten, la mère d'une des victimes de Mohamed Merah, qui milite pour la laïcité, avait été menacée par le tueur jihadiste de l'Aude, il y a près de deux ans lors de son passage à Carcassonne.

Le visage de Mme Ibn Ziaten est connu dans les médias, car elle tient régulièrement des conférences pour promouvoir le dialogue avec les jeunes des quartiers en difficulté et éviter leur radicalisation.

Elle a raconté mardi à l'AFP comment Radouane Lakdim, le tueur du Super U de Trèbes, l'avait interpellée dans la rue à Carcassonne.

"Il est sorti du café, il est venu en vitesse, il m'a appelée par mon prénom et par mon nom, il a mis sa capuche et il m'a dit +pourquoi vous mentez? Pourquoi vous dites que vous portez le foulard en signe de deuil?+"

"J'ai dit: +je ne mens pas, je n'ai pas peur, je porte ce foulard depuis que j'ai perdu mon fils+. Et il m'a dit: +continue comme ça, ma mère, et tu verras+".

"Il m'a fait peur sur le coup, il m'a mis la main sur le dos, je pouvais rien faire", a ajouté la mère d'Imad Ibn Ziaten, la première victime de Mohamed Merah en mars 2012. "Il m'aurait tué, ça c'est sûr", s'il n'y avait pas eu du monde autour, pense-t-elle, pour lui, "je suis une mauvaise musulmane parce que je m'habille à l'occidentale".

- "un geste, un mot" -

C'était fin 2016. Latifa Ibn Ziaten venait alors de terminer une intervention à la maison d'arrêt de Carcassonne, avec le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP).

Quinze mois plus tard, elle souligne l'avoir immédiatement reconnu sur la photo du preneur d'otages de l'Aude, au lendemain des attentats de Carcassonne et de Trèbes: "J'ai crié fort, j'ai dit: +c'est lui!+".

Aujourd'hui, Latifa Ibn Ziaten dit regretter de ne pas avoir tenté de lui parler, "de le convaincre". "C'est resté sur ma conscience. J'aurais dû tendre la main à ce jeune, peut-être qu'il n'y aurait pas eu ce drame, peut-être, il aurait suffi d'un mot, d'un geste, je n'en sais rien", a-t-elle dit.

"Il n'était déjà pas normal, ça se voyait dans ses yeux, dans sa barbe, dans son regard, mais il n'était peut-être pas à fond" dans la radicalisation, a-t-elle ajouté.

Ces nouveaux attentats en France "m'ont fait trop, trop mal", a-t-elle ajouté, "parce que cet homme (Arnaud Beltrame) qui a donné sa vie pour sauver les otages, m'a rappelé Imad, mon fils qui n'a pas voulu se mettre à genoux" devant Mohamed Merah, lorsqu'il a été abattu par le +tueur au scooter+ il y a six ans.

Le colonel Beltrame "est mort en héros pour aider et sauver les otages, il a un grand cœur, c'est déjà beau, respect à cet homme là", a-t-elle ajouté à propos de l'officier de gendarmerie qui a donné sa vie pour sauver celle d'une otage, auquel un hommage national sera rendu mercredi.

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