LBD, grenades : ces armes dont les manifestants réclament l'interdiction

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Par Emmanuel DUPARCQ et Katell PRIGENT - Paris (AFP)
Publié le 31 janvier 2019 - 18:51
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Un policier vise des manifstants avec un LBD, place de l'Etoile à Paris le 12 janvier 2019
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© ludovic MARIN / AFP/Archives
Un policier vise des manifstants avec un LBD, place de l'Etoile à Paris le 12 janvier 2019
© ludovic MARIN / AFP/Archives

Mâchoires cassées, yeux crevés, mains arrachées... La mobilisation des "gilets jaunes" intensifie le débat sur le lanceur de balles de défense (LBD) et sur deux grenades, défendus par le gouvernement mais jugés inutilement dangereux par les manifestants, qui réclament leur interdiction.

Toutes trois sont des "armes de force intermédiaire" en principe non mortelles, que le gouvernement juge jusqu'ici essentielles pour éviter des contacts directs violents, et davantage de blessures, entre manifestants et force de l'ordre. Elles ne doivent en principe être utilisées qu'en "absolue nécessité et de façon proportionnée", dans des conditions proches de la légitime défense "des personnes et des biens".

- Le lanceur de balles de défense (LBD)

Le LBD, utilisé depuis 2009, a remplacé le "Flash-Ball" au sein de la police nationale, qui en possède aujourd'hui 4.000. Le LBD 40 couramment utilisé envoie des balles de caoutchouc de 40 mm de diamètre à une puissance de 160 joules (10 fois la puissance d'un paintball). Les tirs doivent normalement exclusivement viser le torse ou les membres.

Mais le LBD, comme le "Flash-Ball", provoque régulièrement des blessures graves, notamment à la tête. Des syndicats et associations ainsi que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, réclament sa suspension, le jugeant trop "dangereux".

Entre 2005 et 2017, il a, selon l'Association des chrétiens contre la torture (Acat), blessé gravement 44 personnes, à 90% à la tête, et provoqué deux décès.

Bien qu'il soit équipé d'un viseur, des policiers et des associations comme l'Acat expliquent qu'il est souvent difficile de viser avec précision dans les situations de mouvement de foule, de surcroît avec un casque.

Le nombre de blessés s'est envolé avec la mobilisation des "gilets jaunes", où le ministère de l'Intérieur a dénombré jusqu'ici plus de 9.000 tirs de LBD.

Selon le collectif militant "Désarmons-les" et le journaliste indépendant David Dufresne, qui recensent en détail les victimes, photos de blessures à l'appui, plus d'une centaine de manifestants, mais aussi journalistes et passants ont été blessés gravement depuis. Une majorité ont été victimes de tirs de LBD, dont une vingtaine à l’œil, la plupart éborgnés, selon eux.

Le gouvernement, admet lui quatre cas de graves blessures à l’œil, et soutient les forces de l'ordre. Mais la polémique a continué d'enfler, dopée par des vidéos montrant parfois qu'il n'y avait pas de danger immédiat évident pour les forces de l'ordre et/ou que celles-ci ont tiré à hauteur de tête.

- La grenade GLI-F4

Cette petite grenade (17,8 cm de hauteur, 5,6 cm de diamètre, 190 g), a un triple effet lacrymogène, sonore (forte détonation) et de souffle. "Cela permet à quelqu'un qui est en difficulté, agressé par un groupe, de pouvoir se dégager d'une situation, elle disperse", explique François Trinta, formateur dans la police.

Sa dangerosité réside dans son caractère explosif (elle contient 26 g de TNT). Selon "Désarmons-les" et David Dufresne, elle a blessé une quinzaine de personnes depuis le début de la contestation, dont quatre qui ont perdu une main lorsqu'elle a explosé alors qu'ils la ramassaient ou se trouvaient à proximité immédiate.

Selon un rapport de la police cité par le Défenseur des droits, "la France est le seul pays d'Europe à continuer d'employer des munitions explosives" dans le maintien de l'ordre face à des manifestants.

- La grenade à main de désencerclement (GMD, ou Dispositif manuel de protection - DMP)

Utilisée en France depuis 2004, elle pèse 250 g. Faite pour sidérer et effrayer les foules hostiles, elle produit un énorme bruit (plus de 155 db, l'équivalent du bruit d'un avion au décollage), et projette 18 petits projectiles de caoutchouc (10 g chacun) à grande vitesse (126 km/h dans un rayon de 30 m selon l'Acat).

Cette grenade est censée être utilisée en cas de danger imminent, notamment pour disperser (avec sommations) un attroupement ou réprimer (sans sommations) des violences contre les forces de l'ordre.

Elle est accusée d'avoir causé diverses blessures graves, dont des lésions auditives, des blessures aux visages (à l’œil notamment) et d'autres entailles, selon des manifestants, "Désarmons-les" et des associations comme l'Acat, qui pointe également des "risques d'amputation, voire de décès, en cas d'explosion proche d'un membre ou d'une zone vitale".

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