Le don du rein entre vivants, geste de "confiance et de générosité"

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Par AFP
Publié le 16 octobre 2017 - 20:08
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Une transplantation de rein à l'hôpital de La Paz à Madrid, le 28 février 2017
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© PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP/Archives
Une transplantation de rein à l'hôpital de La Paz à Madrid, le 28 février 2017
© PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP/Archives

"La plus belle des preuves d'amour? Oh, pas besoin de grands mots, c'était de l'ordre de l'évidence": Jean-Marie a donné un rein à sa femme il y a deux ans, une pratique encore trop peu connue selon l'Agence de la biomédecine, qui veut l'encourager.

L'an dernier, 3.600 greffes de rein ont été réalisées en France, dont 570 grâce à un donneur vivant.

"L'objectif est d'arriver à 1.000 en 2021", a expliqué à la presse le professeur Olivier Bastien, de l'Agence de biomédecine, lundi pour le lancement d'une campagne sur ce geste "de confiance et de générosité".

C'est celui qu'a accompli Jean-Marie Guion, 65 ans, en faveur de sa femme Clotilde, 67 ans, il y a deux ans. "On a été greffé le 12 octobre 2015", dit-elle spontanément, comme si ce "on" allait de soi.

"J'ai fait ce geste pour elle mais aussi pour moi: nous avons une vie bien meilleure que si elle devait subir des dialyses", assure son mari.

"Il faut démythifier cet acte: plus on en parle comme d'un exploit, plus on risque de dissuader les gens, estime-t-il. Certains me disent: +Vous êtes un héros+. Mais je ne suis un héros de rien du tout! Et c'est tellement balisé médicalement..."

- 'Comment lui rendre ça?' -

Les époux, qui vivent à Hazebrouck (Nord), racontent "le parcours du combattant" de plusieurs mois qui précède la greffe: les bilans médicaux pour vérifier que donneur et receveur sont compatibles et que la santé du donneur est suffisamment bonne, l'entretien devant un comité de cinq personnes (médecins et psychologue) qui s'assure de la solidité de cet engagement, le passage au Tribunal de grande instance pour le sceller.

"Plus que la greffe, ce qui m'angoissait c'était de me dire +Pourvu que ça puisse se faire+", reconnaît Jean-Marie.

Le jour J, au CHRU de Lille, tous deux sont séparés: lui en urologie pour le prélèvement, elle en néphrologie pour la greffe.

"Quand on m'a emmenée au bloc, je l'ai vu qui en revenait et là j'ai craqué, j'ai pleuré toute seule dans mon lit", se souvient-elle.

"Les premières semaines après, j'avais l'impression que je n'étais pas moi, souligne Clotilde. C'était lié au fait de recevoir quelque chose de formidable, de me demander comment lui rendre ça. Puis je me suis dit que le bien que j'en retirais, c'était pour nous deux".

Après la greffe, le receveur doit prendre un traitement anti-rejet quotidien à vie et le donneur doit être suivi tous les ans.

- 'Plus fusionnels' -

Sébastien Coutant, 41 ans, a donné un rein à son fils Axel en 2008. A l'époque, le petit garçon avait seulement trois ans et demi et avait dû être dialysé.

"Après la greffe, il a demandé son petit déjeuner, alors qu'auparavant, il était nourri par sonde gastrique. C'est ça notre plus beau souvenir: le voir manger pour la première fois de sa vie", sourit Sébastien Coutant. "Aujourd'hui, lui et moi sommes sans doute un peu plus fusionnels".

La campagne de l'Agence de la biomédecine se déroulera jusqu'au 3 novembre, avec notamment un questions-réponses sur le site .

La greffe rénale à partir d'un donneur vivant, appelée "don du vivant", offre de meilleurs résultats que celle réalisée à partir d'un donneur décédé, notamment car elle est quasi-simultanée: 3/4 des greffons prélevés sur un donneur vivant sont encore fonctionnels après 10 ans contre 2/3 pour ceux venant d'un donneur décédé.

Le donneur, qui doit être majeur, peut être le conjoint du receveur, un parent proche (père/mère, frère/soeur, enfant, grand-parent, oncle/tante, cousin/cousine germain(e), conjoint du ou de la mère) et, depuis 2011, un ami qui peut prouver l'existence d'un lien affectif étroit depuis au moins deux ans.

L'acteur Richard Berry avait aidé à faire connaître cet acte en donnant un rein à sa soeur en 2005.

En 2016, 17.700 personnes étaient en attente d'une greffe de rein (soit 78% de l'ensemble des demandes, tous organes confondus).

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