Le faux docteur Romand présente mardi sa demande de remise en liberté

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Par Laurent GESLIN - Rennes (AFP)
Publié le 15 septembre 2018 - 11:14
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Jean-Claude Romand arrive pour l'ouverture de son procès, le 25 juin 1996 devant la Cour d'assises de l'Ain
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© PHILIPPE DESMAZES / AFP/Archives
Jean-Claude Romand arrive pour l'ouverture de son procès, le 25 juin 1996 devant la Cour d'assises de l'Ain
© PHILIPPE DESMAZES / AFP/Archives

Faux médecin, assassin et libérable ? La justice examinera mardi la demande de liberté conditionnelle de Jean-Claude Romand, condamné à perpétuité pour le meurtre de sa famille en 1993, une affaire hors norme qui avait fasciné cinéma et littérature.

Vingt-cinq ans après les faits, celui que la presse française et étrangère avait surnommé le "docteur Romand", parce qu'il était parvenu pendant plus de 15 ans à mentir à son entourage, en se faisant passer pour un médecin de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avant d'assassiner cinq membres de sa famille, présente sa première demande de remise en liberté conditionnelle.

Incarné à l'écran par Daniel Auteuil dans "L'adversaire" de Nicole Garcia, Romand, 64 ans, condamné à la perpétuité en 1996 a purgé sa peine de sûreté de 22 ans et est théoriquement libérable depuis 2015.

Sa demande sera examinée à la maison centrale de Saint-Maur (Indre) où il est incarcéré, lors d'une audience en présence de Romand, de son avocat, d'un représentant du parquet et d'une juge d'application des peines.

Début septembre, le procureur de Châteauroux Stéphanie Aouine a confirmé à l'AFP que Romand avait déposé une demande de libération conditionnelle, précisant la date de son examen, le 18 septembre.

L'homme aux fines lunettes dorées dont le visage inquiet avait fait les titres de la presse française et étrangère, sera assisté par Me Jean-Louis Abad, qui l'avait défendu à son procès à Bourg-en-Bresse aux assises de l'Ain en 1996.

La décision du juge ne devrait pas être connue le jour même, mais mise en délibéré.

Décrit à son procès par les psychiatres comme un "mythomane" atteint "d'une pathologie narcissique", le faux médecin de l’OMS, qui vivait en escroquant des proches (dont son père) qui lui avaient confié leurs économies pour, disait-il, les placer en Suisse, avait été condamné pour cinq meurtres prémédités.

Alors que la vérité menace d’éclater, le 9 janvier 1993, Romand tue de sang froid sa femme, sa fille de sept ans et son fils de cinq ans à Prévessin-Moëns (Ain), puis ses parents à Clairvaux-les-lacs (Jura). Il rentre chez lui, met le feu à sa maison, avale des barbituriques, et rate son suicide.

- Un détenu solitaire -

Sollicité par l'AFP, son avocat a choisi d'observer une "ligne de conduite" stricte, en refusant de communiquer pour protéger son client.

Une chose est sûre: la demande de libération de Romand a fait l'objet d'un long travail de préparation, affirme une source proche du dossier. Et son comportement à Saint-Maur joue en sa faveur.

Romand est un détenu qui "ne pose aucun problème, tout à fait gérable" et qui n'a "pas de passé disciplinaire", avait indiqué l'Administration pénitentiaire à l'AFP début septembre.

Mais comme pour n'importe quel détenu, "la question numéro un est: est-ce qu'il peut être un danger pour la société s'il sort, et est-ce qu'il a compris le sens de sa peine?", avait souligné l'Administration.

Une source qui a longtemps côtoyé Romand à Saint-Maur se souvient d'un détenu "calme", "très posé", "assez solitaire", "toujours très poli".

A Saint-Maur, Romand avait accepté un travail en prison. Il se rendait à des ateliers où son travail consistait à monter et restaurer des bandes sonores d'archives.

"Au quotidien, c'est quelqu'un qu'on n'entendait pas, qui était réservé. La gestion se faisait sans souci. Bien sûr on sait aussi que chez ces gens, ça peut vriller du jour au lendemain", commente cette source.

Présentait-il le profil du détenu libérable ? "Sur des profils de longue peine: oui, à partir du moment qu'il montre à la justice qu'il reconnaît les faits."

Mais sa personnalité appelle la vigilance: "Il a pu cacher son histoire toutes ces années, il n'est pas impossible que pour sa demande, il monte un scénario tout beau, tout rose, vu le manipulateur qu'il est", commente cette source.

L'affaire Romand a inspiré deux films, "L'emploi du temps" de Laurent Cantet (2001), et "L'adversaire" de Nicole Garcia (2002), ainsi qu'un livre, "L’adversaire" d'Emmanuel Carrère.

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