Marine Le Pen veut changer le nom du Front national pour mieux refonder le parti

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Par AFP - Alençon
Publié le 07 janvier 2018 - 13:15
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La présidente du Front national Marine Le Pen à Nanterre, près de Paris, le 8 décembre 2017
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
La présidente du Front national Marine Le Pen à Nanterre, près de Paris, le 8 décembre 2017
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Marine Le Pen a plaidé dimanche dans l’Orne, terre de conquête pour sa formation, en faveur d'un changement de nom du Front national qui incarnerait sa refondation, mais quitter l'appellation historique ne fait pas l’unanimité parmi les militants.

"Si nous changeons le Front national, alors il faut aussi changer l'appellation" portée par le parti depuis sa création en 1972, a défendu Marine Le Pen lors d'une conférence de presse à Alençon, puis devant quelques centaines de militants réunis à Essay.

"Si un nom contient une charge qui puisse susciter des craintes, ou (a) une charge émotionnelle qui soit trop forte, et il semblerait que ce soit quand même le cas du Front national, alors il ne faut pas hésiter à se donner les moyens de la victoire", a plaidé la fille de Jean-Marie Le Pen, qui a œuvré depuis son arrivée à la tête du FN en 2011 pour une dédiabolisation d'un parti à l'image et à l'histoire sulfureuses.

A la huitième étape de sa tournée de 12 rencontres avec les militants, l'ancienne candidate, en quête de rebond depuis son échec face à Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, a plaidé que le FN devait se rebaptiser pour mieux incarner un parti "de gouvernement", citant en exemple les partis d'extrême droite arrivés au pouvoir en Pologne, Hongrie ou Autriche.

Une nouvelle appellation donnerait aussi une capacité accrue de nouer des alliances, comme lors de la présidentielle avec Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), a-t-elle défendu.

Le changement de nom fait partie du questionnaire envoyé aux 51.000 adhérents à jour de cotisation et la tendance à ce stade du dépouillement serait favorable au "oui", selon elle.

Si les militants s'y opposaient, ce serait "une motion de défiance" pour la présidente du FN, affirme le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite. Si le "oui" se confirme, Mme Le Pen a plusieurs noms à proposer, sur lesquels les militants au Congrès des 10 et 11 mars voteraient.

- 'Ca fait trop penser à Jean-Marie' -

Mais pour Elizabeth Lalanne, conseillère régionale FN en Normandie et adhérente depuis la création du parti, pas question de changer d'appellation. "Je ne peux pas dire autre chose, ça ne sortirait pas de ma bouche", dit-elle à l'AFP, montrant fièrement le pin's de la flamme tricolore, logo du parti, accroché à sa veste.

Jean-Michel Haye, auto-entrepreneur dans les espaces verts et militant dans la Manche, est "contre" car le nom actuel incarne pour lui "des valeurs, des combats pour la France".

Son fils Florent, 17 ans, n'est pas d'accord. "Le Front national, ça fait trop penser à Jean-Marie" Le Pen, co-fondateur du parti exclu par sa fille à la suite de nouveaux propos polémiques sur la Shoah.

Guillaume, militant à Ménival en Seine-Maritime, admet que la question divise les générations mais veut une nouvelle appellation parce qu'"le FN a évolué". "On est arrivés au second tour. C'est un pas en avant", fait-il valoir.

Olivier Lemetteil, employé dans la logistique au Havre, estime lui que "c'est une question secondaire, c'est le combat pour gagner des mairies et des régions qui importe".

La présidente du FN a d'ailleurs souligné que la refondation passait "en priorité" par "l'implantation locale". "Nos maires ont montré que nous avions toutes les capacités pour gouverner", a argumenté la députée du Pas-de-Calais.

L'Orne, département rural marqué par la désertification où le vote FN a décollé, est une "terre de mission" pour le parti, explique M. Camus. Dans certains chefs-lieux de canton, Marine Le Pen est arrivée devant Emmanuel Macron au second tour.

"La difficulté pour le FN maintenant est de faire émerger des cadres locaux qui vont transformer le capital de la présidentielle en score crédible aux municipales de 2020", selon le chercheur.

Avant, l'objectif sera de transformer l'essai de la présidentielle --où Mme Le Pen a engrangé un nombre record de voix, près de 11 millions-- aux européennes en 2019. Une "élection fondatrice", a souligné dimanche Mme Le Pen, ex-eurodéputée.

are/ic/swi

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