Le gouvernement promet une réforme "globale" pour soigner le système de santé

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Par Gabriel BOUROVITCH - Eaubonne (France) (AFP)
Publié le 13 février 2018 - 15:19
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Edouard Philippe serre la main de membres du personnel médical lors d'une visite du centre hospitalier Simone Veil, à Eaubonne, dans le Val d'Oise, le 13 février 2018
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© JACQUES DEMARTHON / AFP
Edouard Philippe serre la main de membres du personnel médical lors d'une visite du centre hospitalier Simone Veil, à Eaubonne, dans le Val d'Oise, le 13 février 2018
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Le Premier ministre Edouard Philippe a donné mardi le coup d'envoi d'une réforme "globale" du système de santé et promis d'apporter d'ici l'été de premières réponses au malaise des soignants et au déficit chronique des hôpitaux.

Un diagnostic partagé avant une opération "globale, cohérente, méthodique". Edouard Philippe se donne "trois mois pour réfléchir intensément" à la "transformation de l'ensemble (du) système de santé".

"Nous pourrions essayer de corriger deux ou trois choses ici ou là", mais "les Français ont conscience que le temps des rafistolages est révolu", a-t-il dit lors d'un déplacement à Eaubonne (Val-d'Oise).

De mars à mai, le gouvernement entend multiplier les concertations et consultations, y compris sur internet.

Le débat ne part toutefois pas d'une feuille blanche: "cinq grands chantiers" à traiter en priorité ont été identifiés.

Sans surprise, la réforme du financement des hôpitaux sera sur la table, après une dégradation des comptes sans précédent en 2017: le déficit des seuls établissements publics "pourrait doubler (et) atteindre plus d'un milliard d'euros", a indiqué la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, mardi à l'Assemblée nationale.

Le gouvernement s'en tient sur ce sujet à la promesse d'Emmanuel Macron de "plafonner à 50%" la tarification à l'activité (T2A) des hôpitaux, qui "pousse à une activité sans qualité", selon Mme Buzyn.

Mais ce changement prendra du temps: une équipe d'experts devra proposer d'ici fin 2019 de nouveaux modèles de financement.

- 'inquiétude' -

Leurs travaux devront aussi tenir compte d'indicateurs de qualité commandés à la Haute autorité de santé (HAS) et permettre une meilleure "régulation" des dépenses, notamment pour les soins dits "de ville".

Une ambition qui se heurte aux réticences des libéraux, médecins et infirmiers: deux syndicats de médecins (CSMF et SML) et une organisation d'infirmiers (FNI) ont immédiatement pris la défense du "paiement à l'acte".

Dans l'immédiat, les tarifs hospitaliers "seront en baisse" à nouveau cette année, a annoncé le Premier ministre, provoquant le mécontentement de la fédération des établissements privés (FHP).

"Les bonnes intentions ne sont pas suivies d'effet", a regretté son président, Lamine Gharbi, dont "l'inquiétude reste très forte".

Loin de laisser entrevoir des ressources supplémentaires, le gouvernement veut au contraire ouvrir la chasse aux actes "inutiles" dès cette année.

Les différentes spécialités médicales devront lui soumettre des propositions d'ici l'été pour réduire ces dépenses qui représentent, selon Mme Buzyn, 30% du budget de l'Assurance maladie.

D'autres évolutions seront confirmées. Ainsi, le "virage ambulatoire" (soins sans hospitalisation) sera élargi à d'autres activités que la chirurgie.

- 'sans tabou' -

Les regroupements territoriaux vont par ailleurs être "approfondis", mais "ces restructurations ne visent pas à fermer des hôpitaux", a affirmé Mme Buzyn devant les députés.

"L'idée n'est pas de supprimer des postes", a-t-elle encore déclaré, assurant que le plan de départs volontaires pour les fonctionnaires envisagé par le gouvernement "ne concerne pas" les personnels hospitaliers.

Très satisfait, le directeur général de l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), Martin Hirsch, s'est dit sur Franceinfo "convaincu de la nécessité" de cette réforme car "tout le monde y a intérêt".

Toujours au registre des réformes poursuivies, l'exécutif veut "accélérer le virage numérique" dans la santé et a déjà promis en octobre d'y consacrer 5 milliards d'euros dans le cadre de son Grand plan d'investissement. Pour enrichir le tableau, ce "chantier" intègre également la généralisation du dossier médical partagé (DMP) et l'essor de la télémédecine.

Enfin, la formation des soignants sera remaniée: en plus du "service sanitaire" obligatoire dès la rentrée de septembre, Edouard Philippe a promis "une réflexion sans tabou sur le numerus clausus", qui fait office de quota d'étudiants admis en deuxième année.

Le débat sera aussi ouvert sur "l'avenir des épreuves classantes nationales qui précèdent l'internat" et décident de leur spécialisation "pour aboutir à des mesures législatives dès le début de l'année 2019", a-t-il ajouté.

Saluant "un grand nombre d'intentions extrêmement louables", deux syndicats de médecins hospitaliers, le Sham-HP et la CMH, ont espéré "que les moyens nécessaires (...) seront au rendez-vous".

Pour l'heure, le Premier ministre a seulement annoncé que "l'accompagnement de cette transformation du système de santé" bénéficiera d'une rallonge annuelle de 100 millions d'euros, sans préciser la durée de cette réforme.

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