Le jihadiste Peter Cherif de nouveau mis en examen, cette fois pour l'enlèvement de 3 Français au Yémen en 2011

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Par Nathalie ALONSO - Paris (AFP)
Publié le 20 mars 2019 - 21:55
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L'enquête sur le séjour du vétéran du jihad Peter Cherif dans les rangs d'Al-Qaïda au Yémen a connu un développement inattendu avec une nouvelle mise en examen, cette fois pour son possible rôle dans l'enlèvement de trois humanitaires français, libérés en novembre 2011 après des mois de captivité.

A l'époque âgés de 25 à 30 ans, ces ingénieurs français, en mission pour l'ONG lyonnaise Triangle génération humanitaire, travaillaient à la remise en état d'infrastructures dans l'immense province désertique du Hadramaout, dans l'est du Yémen.

Détenus par les jihadistes d'Al-Qaïda, ils avaient été libérés en bonne santé et rapatriés le 15 novembre 2011 en France, dont le gouvernement avait démenti le paiement d'une rançon. Contacté par l'AFP, l'ONG n'a pas souhaité faire de commentaires.

Près de huit ans après, les regards des enquêteurs se sont tournés vers le jihadiste Peter Cherif, aux mains de la justice française depuis son expulsion de Djibouti où il a été arrêté le 16 décembre dernier avec sa femme et leurs deux enfants.

Le 22 février, les juges d'instruction antiterroristes qui enquêtent sur son passé au Yémen ont aggravé sa mise en examen, sous les qualifications d'"enlèvement et séquestration en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste" et d'"association de malfaiteurs terroriste criminelle", a indiqué une source judiciaire confirmant une information du Parisien

Le Français de 36 ans était depuis le 27 décembre sous le coup d'une première mise en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle en récidive", dans le cadre de cette même information judiciaire portant sur son séjour et ses activités au Yémen, où il était devenu un cadre d'Al-Qaïda.

Il avait été incarcéré dans la foulée pour exécuter sa condamnation de mars 2011, en son absence, à cinq ans de prison pour avoir combattu en Irak en 2004. Sa femme a été mise en examen et placée en détention provisoire début janvier.

Vieille connaissance de l'antiterrorisme, ce proche des frères Kouachi, les assaillants du journal Charlie Hebdo en janvier 2015 à Paris, est une prise de choix, tant pour les enquêteurs français que pour les Etats-Unis qui l'ont inscrit en septembre 2015 sur leur liste noire de "combattants terroristes étrangers".

Tous trois ont gravité au sein de la filière dite des Buttes-Chaumont, menée par Farid Benyettou, célèbre recruteur pour le jihad en Irak dans les rangs de la branche locale d'Al-Qaïda, à partir de 2004.

- en fuite après son procès -

Peter Cherif, connu sous le nom de guerre d'"Abou Hamza", avait été arrêté en décembre de cette année-là dans les environs de Falloujah. Détenu dans des camps, dont celui d'Abou Ghraïb, il affirmait avoir été victime de tortures de la part d'officiers américains.

Condamné par l'Irak en juillet 2006 à 15 ans de prison, il s'était ensuite évadé en mars 2007 à la faveur d'une attaque de combattants islamistes. Après être passé en Syrie, il avait fini par se rendre aux autorités françaises en février 2008, à la veille du procès de sa filière à Paris.

Il avait dû finalement être jugé seul, en dernier, trois ans plus tard. Absent le jour de sa condamnation, il avait immédiatement disparu des radars. Mais l'année suivante, les services de renseignement le localisaient avec certitude au Yémen.

Dans une note déclassifiée d'avril 2012, ils présentaient Cherif Kouachi, le cadet de la fratrie, passé brièvement par le Yémen en 2011, comme "l'un des contacts en France" de Peter Cherif. Ce dernier était soupçonné "d'organiser, depuis le Yémen, une filière d'acheminement de jihadistes susceptible d'impliquer" Cherif Kouachi.

En raison de ces liens, le nom de Peter Cherif est apparu dans l'enquête sur les attentats de janvier 2015 (Charlie Hebdo, Montrouge, Hyper Cacher) qui ont fait 17 morts. L'organisation Aqpa (Al-Qaïda dans la péninsule arabique) avait depuis le Yémen revendiqué l'attentat contre l'hebdomadaire.

Si des médias l'ont présenté comme un "possible commanditaire" de ces attentats, Peter Cherif n'était toutefois visé par aucun mandat d'arrêt dans ce dossier qui fait l'objet d'un renvoi devant la cour d'assises. Le procès devrait se tenir début 2020.

Son avocat n'était pas joignable dans l'immédiat.

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