Le retour du froid réveille les angoisses des sans-abris

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Par Simon VALMARY - Paris (AFP)
Publié le 18 mars 2018 - 16:43
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Un sans-abri à Paris le 1er mars 2018
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© CHRISTOPHE SIMON / AFP/Archives
"Quand il a commencé à neiger, on était un peu en panique". Le retour du froid ce week-end à Paris a réveillé les craintes des sans-abris, à quelques jours de la fin du Plan hiver.
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"Quand il a commencé à neiger, on était un peu en panique". Le retour du froid ce week-end à Paris a réveillé les craintes des sans-abris, à quelques jours de la fin du Plan hiver.

En voyant le froid et les flocons s'abattre sur la capitale samedi, l'affolement s'est emparé des 70 à 80 hommes, de toutes nationalités, logés dans le gymnase Marie-Paradis, dans le Xe arrondissement.

"C'était prévu qu'on parte définitivement aujourd'hui (dimanche)", explique Fabrice, 28 ans, originaire du Congo-Brazzaville.

"On s'est dit +C'est pas possible, on va encore se retrouver dehors+", raconte Jean-Marie, ingénieur informatique de formation, à la rue depuis un an "après des déboires personnels et une dépression". "Mais finalement, l'hébergement a été prolongé. Je pense que c'est à cause du plan Grand froid" réactivé samedi par la préfecture d'Ile-de-France.

Pour cette troisième vague de froid depuis le début de l'année, 1.589 places d'hébergement d'urgence supplémentaires ont été ouvertes en région parisienne, dont 894 dans la capitale, selon la préfecture.

Et tous ont finalement pu rester au chaud dans cette salle de sport en sous-sol, à quelques encablures de la gare de l'Est. "Le gymnase Marie-Paradis, qui porte bien son nom", rigole Jean-Marie, en s'empressant de préciser: "C'est une boutade".

"C'est bruyant, il n'y a pas d'intimité. C'est pénible, c'est galère, c'est de la survie", soupire Fabrice, qui travaille comme cariste après avoir obtenu un titre de séjour "à l'ancienneté".

"On se supporte, on se tolère, on essaie de ne pas empiéter sur le territoire de l'autre. Chacun a sa petite bulle", détaille Joe, réfugié politique de République démocratique du Congo.

Si la vie en commun - avec "des vols de téléphones", "des embrouilles" et aussi les maladies qui ont obligé à des opérations de désinfection - a ses inconvénients, "on est plutôt bien lotis, on est nourris", tempère Jean-Marie.

- 'J'appréhende beaucoup' -

Aucun ne sait combien de temps ils pourront rester à l'abri. Mais tous ont en tête, quoi qu'il arrive, la date fatidique du 31 mars, qui sonnera la fin du Plan hiver et la fermeture des 4.260 places saisonnières ouvertes en Ile-de-France depuis le 1er novembre.

"J'appréhende beaucoup", confie Jean-Marie, emmitouflé dans sa veste polaire turquoise. Il sourit: "J'y pense chaque matin quand je me rase".

La blague peine à masquer son inquiétude du retour à la rue et au "système D", les nuits "dans les halls, dans le métro ou chez des amis à droite à gauche".

"Quand on se réveille le matin, on se dit qu'on va devoir refaire le même parcours, se débrouiller par nos propres moyens. L'incertitude, ça fait peur", ajoute Joe, qui rêve d'une "structure stable d'hébergement".

Avec son passé d'ingénieur, Jean-Marie reste confiant: "Je sais que je vais retrouver du boulot. Je suis français, j'ai des diplômes...". "Vous parlez à un cadre", glisse-t-il dans une nouvelle boutade.

"Il faut être optimiste", explique-t-il: "Déjà que la situation est difficile, si on ne l'était pas, ne serait-ce qu'un tout petit peu, on ne tiendrait pas."

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