Le "Ségur de la santé" accouche au forceps d'un projet d'accord sur les salaires

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Par Gabriel BOUROVITCH, Valentin BONTEMPS - Paris (AFP)
Publié le 09 juillet 2020 - 10:48
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A l'issue d'une négociation marathon, le gouvernement a proposé jeudi un protocole d'accord à 180 euros net mensuels au moins pour les personnels hospitaliers, laissant entrevoir une avancée dans le "Ségur de la santé", et les discussions pourraient aussi se débloquer avec les médecins.

Après sept semaines de discussions et une séance de tractation de près de onze heures mercredi soir, le ministre de la Santé Olivier Véran et les syndicats sont parvenus à un projet d'accord sur la répartition des 7,5 milliards d'euros promis aux salariés des hôpitaux, en première ligne face au coronavirus.

Le document, dont l'AFP a obtenu copie, prévoit 20 mesures, dont une hausse de salaire de 183 euros net mensuels pour l'ensemble des "personnels des établissements hospitaliers et des Ehpad" - à l'exception des médecins, qui font l'objet de négociations séparées.

Cette augmentation de salaire dite "socle" devra être votée en fin d'année dans le budget de la Sécu et interviendra en deux temps: une première revalorisation de 90 euros "avec un effet rétroactif" au 1er septembre et une autre de 93 euros au 1er mars 2021.

Le texte inclut également une "révision" des grilles de salaires pour certains métiers soignants (infirmiers, aides-soignants), médico-techniques (manipulateurs radio) et de rééducation (kinés), qui serait bouclée avant le printemps pour une "entrée en application" le 1er janvier 2022 au plus tard.

Selon le ministère, cela se traduirait par une rallonge de l'ordre de 35 euros net par mois en moyenne pour les agents concernés.

De nouvelles majorations sont en outre envisagées pour les heures supplémentaires, ainsi que le travail de nuit, du dimanche et des jours fériés.

Des "recrutements" sont enfin mentionnés, mais les 15.000 postes évoqués par plusieurs participants ne figurent pas noir sur blanc.

- "Le mérite d'exister" -

Les syndicats ont désormais jusqu'à lundi pour se prononcer sur ce texte, qui serait ensuite signé à Matignon.

Dans une réaction transmise à l'AFP, Olivier Véran a rappelé "son souhait d'aboutir à un accord" signé par une majorité de syndicats.

Mais la CGT-Santé, première organisation du secteur, considère que le gouvernement "ne cède que des miettes" et appelle dans un communiqué les personnels hospitaliers "à participer aux mobilisations prévues le 14 juillet".

SUD-Santé entend aussi manifester le 14 juillet, avec notamment un cortège à Paris entre République et Bastille. Le syndicat, qui avait quitté la négociation début juin, affirme que "le compte n'y est pas", au regard des 300 euros net revendiqués.

"D'autres choses" ont été obtenues "en compensation", a souligné Didier Birig, secrétaire général de FO-Santé, considérant que "ce protocole n'est pas parfait" mais que "7,5 milliards d'euros, ce n'est pas une petite somme".

Une partie de la manne serait toutefois destinée aux établissements privés, qu'ils soient associatifs ou à but lucratif, afin que leurs salariés non médicaux soient augmentés d'environ 160 euros net.

La numéro un de la CFDT-Santé, Eve Rescanières, a estimé qu'il s'agissait d'"un bon accord" qui "a le mérite d'exister", même s'il "n'est pas suffisant pour rattraper le retard accumulé depuis des décennies"

"Ca ne va pas aussi loin qu'on le voulait au départ, mais on a obtenu des avancées", a insisté Jean-Claude Stutz, secrétaire national de l'Unsa-Santé.

- Rallonges pour les médecins -

Du côté des médecins, qui font l'objet de négociations séparées, la situation était aussi en passe de se débloquer.

Après l'échec d'une précédente réunion mercredi, le gouvernement a concédé jeudi une rallonge de 50 millions d'euros, portant à 450 millions l'enveloppe pour revaloriser les fins de carrières et la prime d'engagement de service public exclusif, selon deux sources syndicales.

L'une d'elles prédit que plusieurs organisations pourraient donner leur accord à cette ultime proposition dès vendredi matin.

Avant ce rebondissement, deux syndicats (APH et Jeunes Médecins) avaient dénoncé un "mépris pour les praticiens hospitaliers" et appelé la profession "à se préparer à une mobilisation de grande ampleur".

Les internes et étudiants en médecine ont, pour leur part, obtenu une rallonge de 38 millions d'euros, portant à près de 200 millions le budget prévu pour améliorer leurs rémunérations.

Malgré le préavis de grève déposé par le principal syndicat d'internes (Isni), son président Justin Breysse s'est dit satisfait de ce montant, tout en rappelant ses "fortes attentes" sur les "conditions de travail et de formation".

Le ministère assure que d'autres mesures doivent permettre "un meilleur respect du temps de travail".

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