Plusieurs dizaines de milliers d'opposants défilent contre la PMA pour toutes à Paris

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Par Alexandre HIELARD - Paris (AFP)
Publié le 06 octobre 2019 - 07:47
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Sept ans après la mobilisation monstre contre le mariage pour tous, plusieurs dizaines de milliers d'opposants à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes ont défilé dimanche à Paris contre cette mesure portée par le gouvernement et actuellement débattue au Parlement.

Quelque 74.500 personnes ont marché dans la capitale pour cette mobilisation nationale, selon un comptage réalisé par le cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l'AFP. A titre de comparaison, 100.000 manifestants avaient défilé en France lors de la première action contre le mariage gay en novembre 2012.

Les organisateurs ont comptabilisé de leur côté 600.000 manifestants. La préfecture de police de Paris avance elle le chiffre de 42.000.

Agitant des drapeaux vert et rouge "Liberté Égalité Paternité", les manifestants ont marché dans le calme depuis les Jardins du Luxembourg, près du Sénat, jusqu'au pied de la Tour Montparnasse, à l'appel d'un collectif d'une vingtaine d'associations, dont la Manif pour tous.

"Cette manifestation, c'est un avertissement au gouvernement. Ouvrira-t-il le dialogue ou restera-t-il comme Hollande en 2012 dans le mépris?", avait déclaré la présidente de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, avant le départ du cortège.

Dans sa ligne de mire, l'ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, promesse de campagne d'Emmanuel Macron et mesure phare de la loi bioéthique adoptée en première lecture le 27 septembre par l'Assemblée nationale.

"Je pense que c'est important pour les enfants d'avoir un père", estime Véronique, 25 ans, assistante de production, venue de Levallois-Perret avec son mari et son bébé. "La loi ne doit pas en faire des orphelins", dit-elle.

La grande majorité des études, réalisées pour l'essentiel à l'étranger, concluent que les enfants nés par PMA dans des familles homoparentales grandissent dans d'aussi bonnes conditions que les autres, mais les opposants réfutent leur "scientificité".

"Est-ce que au lieu de développer la PMA on ne pourrait pas plutôt faire de la recherche pour améliorer la fertilité des couples ?", demande France, 59 ans et mère de 6 enfants.

- "On marche à contre-courant" -

De nombreux manifestants affirment mener un combat "écologique" en s'opposant à la PMA. "On nous dit de respecter la nature, ce qui est biologique, mais pour l'homme, on a l'impression que tout est permis", dit Patrick, 53 ans, cadre dans l'industrie pharmaceutique.

Beaucoup redoutent également que l'ouverture de la PMA entraîne la légalisation de la GPA, que le gouvernement a toujours qualifié d'"interdit absolu" et a exclu du projet de loi.

"On sait qu'on est seuls, qu'on marche à contre-courant", concède Loïc, 29 ans, venu de Châteauroux (Indre). "Cette loi va passer mais je suis là pour pouvoir dire à mes enfants que je me suis battu", dit-il.

Le contexte est en effet moins favorable aux anti-PMA qu'au moment du débat sur le mariage homosexuel, où la mobilisation avait été massive. Au plus fort de la contestation contre la loi Taubira, jusqu'à 340.000 personnes étaient descendues dans la rue selon la police, 1,4 million selon les organisateurs.

Selon le dernier sondage de l'institut Ifop en septembre, une très large majorité de Français soutient l'ouverture de la PMA aux femmes seules (68%) et aux lesbiennes (65%), un "niveau record".

Le contexte politique a aussi changé: "En 2013, descendre dans la rue, c'était aussi pour dire non à François Hollande et à une politique jugée antifamille", rappelle Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'institut.

Depuis, le clivage gauche-droite s'est "affadi", souligne le politologue. Seule une poignée d'élus Les Républicains étaient dans le cortège, dont deux des trois candidats à la présidence du parti --les députés Guillaume Larrivé et Julien Aubert-- mais aussi l'eurodéputée François-Xavier Bellamy. Les eurodéputés du Rassemblement national Nicolas Bay et Gilbert Collard étaient aussi présents.

Les associations LGBT craignent, elles, que cette mobilisation relance les actes homophobes, qui avaient bondi en France en 2013. Sur Twitter, plusieurs familles homoparentales ont publié des photos de leurs enfants, sous le hashtag #despaillettesdansnosvies.

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