Les crimes et délits en baisse au temps du confinement

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Par Sylvie MALIGORNE - Paris (AFP)
Publié le 06 avril 2020 - 20:23
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Des policiers patrouillent à Mulhouse le 31 mars 2020
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© SEBASTIEN BOZON / AFP/Archives
Des policiers patrouillent à Mulhouse le 31 mars 2020
© SEBASTIEN BOZON / AFP/Archives

Conséquence du confinement décrété pour endiguer la propagation du Covid-19: avec des rues désertes, des logements occupés 24H sur 24, les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie ont été en chute libre en mars.

Dans ce contexte très particulier, les baisses sont en moyenne de l'ordre de 45% pour la majorité des indicateurs, relève ainsi le service statistique du ministère de l'Intérieur (SSMI) dans sa note de conjoncture pour le mois de mars.

"Le premier facteur expliquant ces baisses est évident: il n'y a plus personne dans les rues", souligne auprès de l'AFP un responsable de la police. De fait, les vols sans violence contre des personnes, apanage des pickpockets, accusent la plus forte chute (-51%), suivis par les vols violents sans arme (-45%), et les vols avec arme (-43%).

Confinement oblige, les cambriolages de logements sont en baisse de 44%. Mais, comme pour les autres indicateurs, il s'agit de faits enregistrés. Ce qui n'exclut pas, lors du retour à la vie normale, de mauvaises surprises pour ceux qui auraient choisi de quitter leur résidence principale pour s'installer à la campagne ou ailleurs durant cette période de retraite forcée.

Même chose pour d'éventuels cambriolages d'entreprises fermées. "Nous n'avons pas de visibilité à ce sujet", reconnaît un responsable policier.

S'agissant des coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans et plus, ils sont en baisse de 33%. Mais la part des violences intrafamiliales enregistrées est "nettement remontée en mars", après un repli en février, note le SSMI.

Le 26 mars, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'était alarmé des violences conjugales en augmentation de 32% en zone gendarmerie et de 36% dans la zone de la préfecture de police de Paris pendant la première semaine de confinement.

- Les pharmacies, nouvelles cibles -

Depuis, un dispositif d'alerte dans les pharmacies a été mis en place pour aider les femmes violentées à avertir les forces de l'ordre. Un numéro national, le 08.019.019.11, dédié à l'écoute des auteurs de violences, a été lancé lundi pour éviter que les tensions au sein du couple ou de la famille ne s'aggravent pendant la période du confinement.

Et le numéro d'urgence pour les victimes, le 3919, est en outre joignable par sms.

"7 à 10% des femmes violentées déposent plainte. C'est déjà une difficulté pour elles en temps normal, et cela l'est encore davantage en confinement", commente un autre responsable policier.

Plus généralement, ce responsable estime que le confinement a "désorganisé la perception que tout un chacun a de la chaîne policière et judiciaire". "Les priorités sont différentes, on ne se précipite pas pour déposer plainte en cas de vol de carte bancaire. On pare au plus pressé en prévenant sa banque".

C'est pourquoi le SSMI estime que l'interprétation de ces baisses des crimes et des délits est "très complexe pour plusieurs raisons".

"Le confinement a fortement influencé les conditions de dépôt de plainte pour les victimes et les forces de sécurité. Ensuite, certaines formes de délinquance ne peuvent pas s'exercer dans le contexte de confinement, tandis que d'autres sont renforcées", souligne le SSMI.

"Enfin, ajoute le SSMI, le confinement ayant débuté mi-mars, certains effets ne deviendront +visibles+ que le ou les mois suivants".

Les vols de véhicules sont en baisse de 37% mais les homicides sont stables avec 70 faits, comme en février.

Les destructions et dégradations volontaires (y compris contraventions) enregistrées diminuent très nettement (-43%), après une légère hausse en février. Ces dégradations avaient très fortement augmenté en décembre 2018 avec le début de la crise des "gilets jaunes". Elles étaient reparties à la hausse en fin d'année dernière lors des manifestations contre la réforme des retraites.

Les escroqueries reculent par ailleurs nettement (-46%). "Si elles ont baissé en volume, elles se sont orientées vers d'autres cibles, comme les pharmacies qui jusque là n'étaient pas des proies prisées des escrocs", commente un spécialiste, en évoquant les arnaques aux masques sanitaires.

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