Les étudiants face aux bugs de connexions et au stress des examens

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Par Isabelle TOURNÉ - Paris (AFP)
Publié le 23 mars 2020 - 17:13
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Le bâtiment des sciences à l'université de Caen, fermée, comme toutes les universités de France
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© Sameer Al-DOUMY / AFP/Archives
Le bâtiment des sciences à l'université de Caen, fermée, comme toutes les universités de France
© Sameer Al-DOUMY / AFP/Archives

"Le cours de TD en ligne, ça a marché trente minutes et puis ça a buggé"... Quelque 2,6 millions d'étudiants poursuivent leurs études "à distance", avec plus ou moins de réussite et de nombreuses questions sur leurs futures évaluations.

Lundi dernier, tous les établissements de l'enseignement supérieur ont fermé leurs portes, une des mesures prises pour endiguer l'épidémie de coronavirus.

Avant l'annonce du confinement de toute la population, Mathilde, étudiante en troisième année de droit à la Sorbonne, était rentrée dans sa famille en Vendée, pour un anniversaire. "Une chance", juge-t-elle aujourd'hui, même si sa mère a contracté le virus.

Elle est donc chargée de faire la classe à la maison à ses deux frère et sœur de 5 et 7 ans, tout en devant poursuivre ses propres études, à distance. "On a des cours de TD en ligne sur Facebook mais en fonction de la connexion internet, ça saute régulièrement", raconte-t-elle. "Certains professeurs nous envoient énormément de devoirs, mais il y en a d'autres dont on n'a aucune nouvelle".

"Arriver à se motiver, à rester concentré... C'est ultra compliqué", estime-t-elle.

Un peu de sport "d'appartement", des jeux en ligne, des appels aux copains et puis le travail qu'envoie la fac: pour Imane, 21 ans, en deuxième année de sciences du langage à Nanterre, les journées passent finalement "assez vite".

Coincée dans son studio en résidence universitaire à Paris, elle s'astreint à une "routine quasi normale". L'université a lancé un dispositif de cours en ligne, "mais quand on est trente à se connecter en même temps, ça plante régulièrement", raconte-t-elle.

Elle tient aussi grâce à la solidarité qui s'est mise en place entre étudiants, via divers groupes. "Quand on galère, on peut envoyer un message, il y a toujours quelqu'un pour répondre". Le stress commence en revanche à monter lorsqu'elle songe aux examens, censés se tenir fin mai: "pour le moment c'est le flou, on n'a aucune info". Elle espère que des "aménagements" seront décidés pour ceux qui n'ont pas pu, comme elle, assister à tous les cours en ligne.

- Infos au jour le jour -

Zakaria, en deuxième année de sciences de l'ingénieur à l'université du Havre, redoute, lui, que les examens aient lieu juste après la fin du confinement. D'origine marocaine, il sait que la réussite universitaire conditionne le renouvellement de son titre de séjour et l'obtention d'une bourse.

"Pour l'instant, tous les examens sont suspendus. Celui qui devait se tenir demain en thermo-dynamique a été annulé. On nous donne des infos au compte-goutte et au jour le jour", déplore-t-il.

Dans son petit appartement du Havre, loin de sa famille et coupé de ses amis, il évoque un sentiment d'"abandon". "C'est très dur comme situation", décrit-il. Quant aux cours en ligne, "toutes les matières ne s'y prêtent pas", selon lui: "c'est plus compliqué de discuter de maths ou de physique au téléphone".

"Très content" d'être confiné chez ses parents à Marseille, Mathias, en master 2 de droit à Paris Panthéon-Assas, regrette de son côté de n'avoir plus accès à "aucun manuel". Censé être actuellement en stage, sa charge de travail s'est réduite comme peau de chagrin et il se demande comment il va pouvoir nourrir le rapport qu'il doit rendre en fin d'année.

Pour valider son master, des épreuves semestrielles devaient aussi se tenir fin avril-début mai. "Va-t-on être évalué à la date prévue ? Comment", s'interroge-t-il. "On a un cours qui sert de base mais on est aussi censé lire de nombreuses références qui ne sont accessibles qu'en bibliothèque".

En attendant d'y voir plus clair, il répond bénévolement aux questions d'étudiants de deuxième année: "c'est une aide à la carte. Il sont particulièrement angoissés d'accumuler du retard sur le programme".

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