Les féministes se mobilisent samedi contre les violences sexistes

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Par Jessica LOPEZ, Arnaud BOUVIER - Paris (AFP)
Publié le 22 novembre 2018 - 10:48
Mis à jour le 23 novembre 2018 - 14:04
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Manifestation féministe le 8 mars 2018 à Paris
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© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives
Manifestation féministe le 8 mars 2018 à Paris
© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP/Archives

Des milliers de personnes sont attendues samedi dans une cinquantaine de villes en France pour dire "stop" aux violences contre les femmes, à l'appel d'un collectif citoyen qui espère une "déferlante féministe" à travers le pays.

Ces défilés, organisés à la veille de la Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes - et donc prévus depuis plusieurs semaines -, pourraient toutefois être concurrencés par des rassemblements de "gilets jaunes", qui ont également appelé à une mobilisation nationale samedi.

Plusieurs militantes féministes, inquiètes des répercussions et de possibles blocages, ont d'ailleurs demandé sur les réseaux sociaux aux "gilets jaunes" de reporter leur mobilisation, ou au moins de garantir l'accès aux lieux des manifestations contre les violences.

À Paris, les manifestants défileront à partir de 14H00, d'Opéra à République, pour réclamer la fin de "l'impunité des agresseurs", ainsi que "des mesures ambitieuses et des moyens financiers suffisants pour que l'action publique mette la lutte contre les violences en top des priorités".

Né en septembre, le mouvement féministe #Noustoutes, qui se présente comme "citoyen", est appuyé par plusieurs associations de lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

Un an après #Metoo, et six semaines après une première mobilisation d'un millier de femmes réunies à Paris autour de la comédienne Muriel Robin, sa volonté est de "passer du témoignage à l'action".

"L'objectif, c'est d'avoir un maximum de gens dans la rue samedi", explique Caroline De Haas, militante féministe et l'une des instigatrices de #Noustoutes, qui dénonce un "décalage entre la réalité et la réponse des pouvoirs publics".

En 2017, 219.000 femmes ont déclaré avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles dans un cadre conjugal, selon des données publiées par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences (Miprof).

L'année précédente, 123 femmes avaient été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour en France, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail.

- Militantes "déçues" -

Il y a un an, à l'occasion du 25 novembre, le président Emmanuel Macron avait décrété l'égalité femmes/hommes "grande cause du quinquennat", lors d'un discours à l'Élysée. Douze mois plus tard, les militantes se disent "déçues".

"S'il n'y a pas d'argent, les politiques publiques ne suivront pas. En Espagne, ils ont sorti un milliard d'euros supplémentaires en cinq ans pour en finir avec les violences. En France, il faudrait deux milliards", a estimé Mme De Haas, qui espère que ce mouvement sera un "élément déclencheur" pour changer les comportements.

Les fonds consacrés chaque année à l'aide aux femmes victimes de violences conjugales devraient être portés à au moins 506 millions d'euros par an, contre 79 millions d'euros aujourd'hui, ont plaidé jeudi de leur côté, dans une étude très détaillée, cinq organisations, dont la Fondation des femmes, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Parmi les autres revendications du collectif #NousToutes figure la poursuite de la formation de tous les professionnels concernés par ces questions, dans les domaines de la santé, de l'enfance, de la police et de la justice.

Le mouvement se veut aussi le "porte-voix" des quelque 170.000 mineurs victimes de viol ou tentatives de viol chaque année, souligne Madeline Da Silva, une autre initiatrice de #Noustoutes.

De nombreuses personnalités de la politique, des mondes associatif, culturel, médiatique ou syndical, ont apporté ces derniers jours leur soutien à ces marches.

Les écrivaines Marie Darrieussecq et Annie Ernaux, les comédiens Philippe Torreton et Karine Viard, les chanteurs Catherine Ringer, Jeanne Cherhal et Arthur H ou encore la chroniqueuse et essayiste Rokhaya Diallo ou l'humoriste Guillaume Meurice ont ainsi signé une tribune relayée lundi par Mediapart et France Inter.

Dans une autre tribune, publiée dans Le Monde, une quinzaine de responsables syndicaux, dont Laurent Berger (CFDT) et Philippe Martinez (CGT), ont également appelé à participer "pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes au travail", un "angle mort" dans la société.

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