Flambée de violences à Paris pour le premier anniversaire des "gilets jaunes"

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Par Romain FONSEGRIVES - Paris (AFP)
Publié le 16 novembre 2019 - 05:00
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Des gilets jaunes lors d'une manifestation à Paris le 17 novembre 2018 contre la hausse du prix des carburants
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Des gilets jaunes lors d'une manifestation à Paris le 17 novembre 2018 contre la hausse du prix des carburants
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives

Des flambées de violence à Paris et un retour sur les ronds-points de France: le premier anniversaire des "gilets jaunes", qui ambitionnaient de donner un second souffle à leur mouvement de contestation sociale, a été marqué samedi par le retour du chaos dans certains quartiers de la capitale.

Les manifestations ont rassemblé 28.000 personnes dans toute la France, dont 4.700 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur. La dernière participation équivalente remonte au samedi 9 mars, avec 28.600 personnes en France. De son côté le mouvement a donné une estimation globale de 39.530 participants ce samedi, selon le "Nombre jaune".

A Paris, durant deux heures en début d'après-midi, la situation est restée confuse Place d'Italie, où les forces de l'ordre ont tenté de disperser de petits groupes de casseurs, alternant charges brèves et déluge de lacrymogènes.

"Au vu des violences et des exactions", la préfecture de police a demandé l'annulation de la manifestation qui devait s'élancer de cette place à partir de 14H00.

Voitures renversées ou incendiées, engin de chantier et poubelles brûlés, abribus saccagés: les assauts sporadiques de petits groupes se sont transformés en flambée de violences, ont constaté des journalistes de l'AFP, qui ont vu des manifestants blessés -dont un journaliste indépendant atteint au visage-, et des pompiers empêchés d'intervenir. Au centre de la Place, un monument en mémoire du maréchal Juin a été dégradé.

La manifestation Place d'Italie "rassemblait des individus qui ne défendaient pas une cause, mais procédaient à des destructions" et "à des attaques systématiques contre les forces de sécurité et contre les pompiers", a déclaré le préfet de police Didier Lallement à la presse.

Les portes vitrées du centre commercial d'Italie 2, qui avait fermé, et les vitrines d'une résidence hôtelière voisine ont été attaquées à coup de pavés par plusieurs dizaines de personnes cagoulées et vêtues de noir.

- Canon à eau -

Régulièrement, ces petits groupes revenaient à la charge et étaient provisoirement repoussés par les force de l'ordre, qui ont utilisé à plusieurs reprises un canon à eau.

"C'est pitoyable, c'est minable que la manifestation ait été interdite. Manifester c'est un droit et on me le refuse. La colère est provoquée par l'Etat", s'emporte Catherine Van Puymbroeck, 49 ans, venue avec son fils d'Eure-et-Loire pour la première fois.

Le calme est revenu en milieu d'après-midi une fois la place évacuée par les forces de l'ordre. "Les pompiers, venez éteindre les bougies", a lancé un "gilet jaune".

A 20H00, la préfecture de police a fait état de 147 personnes interpellées, et le parquet de Paris de 129 personnes en garde à vue.

La situation a été également tendue place de la Bastille, où une première marche autorisée arrivée de la porte de Champerret a été bloquée par les forces de l'ordre.

En début de soirée, des petits groupes de manifestants ont rejoint le Forum des Halles, très fréquenté à cette heure. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser et ont interpelé plusieurs individus.

Devant une entrée de la préfecture de police, une voiture siglée police a été retournée sur le toit au milieu de la chaussée, et une autre des douanes a eu le pare-brise détruit. Il n'y a pas eu de blessé selon la PP.

Pour cet anniversaire du mouvement, né le 17 novembre dernier de la contestation d'une taxe sur les carburants, plusieurs milliers de personnes étaient attendues à Paris, où les autorités redoutaient l'intervention de "200 à 300 ultra-jaunes et 100 à 200 militants d'ultragauche".

Epicentre de plusieurs samedis violents, les Champs-Elysées, cadenassés et interdits à toute manifestation, ont été épargnés.

"Les dégradations et violences commises en marge des manifestations appellent des condamnations fermes et unanimes", a tweeté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

"Nous constatons que place d'Italie il y avait finalement peu de gilets jaunes et surtout des casseurs", selon une source gouvernementale.

Les "gilets jaunes", qui avaient rassemblé 282.000 manifestants lors du samedi inaugural, cherchaient pour cet "acte 53" à redonner un souffle à la "révolte des ronds-points" qui avait ébranlé le mandat d'Emmanuel Macron mais ne rassemblait plus que quelques milliers de personnes ces derniers mois.

Un an après, en dépit de concessions du gouvernement - primes d'activité, heures supplémentaires défiscalisées, organisation d'un grand débat national -, les multiples revendications de cette vaste contestation demeurent: baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, retour de l'ISF, référendum d'initiative citoyenne.

- "Préparation au 5 décembre" -

Dans les régions, les manifestations ont démarré dans la matinée. Dans le sud-est, les "gilets jaunes" ont réinvesti des ronds-points, distribuant des tracts aux automobilistes, sans dégradation ni importante perturbation. Ils étaient une centaine à Albi (Tarn), quelques poignées à Auch, dans le Gers.

La situation était tendue à Nantes, où des heurts ont éclaté entre les forces de l'ordre et près d'un millier de manifestants, selon la préfecture.

A Montpellier, la permanence du député La République en Marche Patrick Vignal a été dégradée: vitre cassée et inscriptions anarchistes taguées.

A Grenoble, la manifestation unitaire contre la politique du président Macron qui réunissait "gilets jaunes", syndicats (GCT, FSU, Solidaires, Unsa, CNT) et des associations a mobilisé plusieurs centaines de personnes dans le calme. Les organisateurs y voient une "préparation au 5 décembre", date d'une grève interprofessionnelle redoutée par l'exécutif.

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