Les institutions juives attendent "une parole forte" d'Emmanuel Macron, au dîner du Crif

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Par Karine PERRET - Paris (AFP)
Publié le 02 mars 2020 - 07:56
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Le président Emmanuel Macron au dîner du Crif au Carrousel du Louvre, le 20 février 2019 à Paris
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© LUDOVIC MARIN / POOL/AFP/Archives
Le président Emmanuel Macron au dîner du Crif au Carrousel du Louvre, le 20 février 2019 à Paris
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Les représentants des institutions juives de France attendent "une parole forte" du président Emmanuel Macron mardi, lors du dîner traditionnel du Crif, alors que les actes antisémites sont toujours en augmentation.

La 35e édition du dîner du Conseil représentatif des institutions juives (Crif), au Carrousel du Louvre à Paris, qui réunira politiques - dont le président et de nombreux membres du gouvernement -, ambassadeurs, religieux, syndicalistes etc., se déroule dans un contexte différent que celui du rendez-vous de 2019.

Ce dernier s'était tenu au lendemain de plusieurs rassemblements en France contre l'antisémitisme, pour protester contre de nombreux incidents et actes antijuifs : croix gammées barrant le visage de Simone Veil, arbre à la mémoire du jeune Ilan Halimi scié, injures antisémites contre le philosophe Alain Finkielkraut...

Les actes antisémites, qui avaient connu une flambée en 2018 (+74% selon les chiffres du gouvernement), sont, en 2019 toujours en augmentation, mais dans une progression moindre (+27%). Ainsi, selon le ministère de l'Intérieur, 687 faits à caractère antisémite ont été constatés, contre 541 en 2018. Parmi eux, les menaces sont plus importantes (536) que les atteintes aux personnes et aux biens (151).

Lors du dîner, "l'antisémitisme figurera parmi les sujets abordés, car il ne recule pas", affirme à l'AFP Francis Kalifat, président du Crif. "Pour nous, c'est une inquiétude", ajoute-t-il, attendant du président de la République "une parole forte" sur ce sujet.

Avec près de 500.000 personnes, les Français juifs sont la première communauté juive d'Europe.

Ariel Goldmann (Fonds social juif unifié) observe que "persiste toujours un bruit de fond" antisémite, qui "ne rassure pas". Mais mardi soir, il souhaite aussi "que les Français juifs viennent en appui, pour renforcer la République dont les valeurs sont, selon lui, mises à mal par les extrêmes et l'islamisme radical".

- "Pôle spécialisé" -

Pour que la justice "puisse mieux fonctionner dans la répression de la haine", M. Kalifat réclame des "sanctions" effectives. Il entend aussi "proposer que soit mis en place, par exemple, un pôle spécialisé pour les affaires d'antisémitisme, de racisme et de discrimination, avec des magistrats spécialisés, à l'image du Parquet national financier" pour la grande délinquance économique et financière.

Autre volet selon lui: la lutte contre la haine en ligne. Une mesure contraignant les opérateurs avait été annoncée par Emmanuel Macron en 2018, réaffirmée en 2019. Elle est depuis portée par la députée Laëtitia Avia dans une proposition de loi dont "on attend qu'elle soit votée", souligne M. Kalifat.

Sa mesure phare - l'obligation pour les plateformes et moteurs de recherche de retirer sous 24 heures les contenus "manifestement" illicites - a pour l'heure été retirée par le Sénat. Le texte va retourner à l'Assemblée nationale en vue de son adoption définitive, où les députés ont le dernier mot, mais il n'est plus pour l'instant à l'ordre du jour de l'Assemblée, embolisée par le projet de réforme des retraites.

Afin de mesurer le phénomène, le Crif vient de mettre en place avec l'institut Ipsos un "Observatoire de la haine en ligne", qui étudie les comptes publics et ouverts (sites, réseaux sociaux, forums, blogs, etc). Selon les premiers résultats, en 2019, après modération des plateformes, "il reste 52.000 messages violemment antisémites sur internet", affirme le président du Crif.

L'an dernier le chef de l'Etat avait par ailleurs affirmé vouloir élargir la définition de l'antisémitisme à l'antisionisme. Une proposition de résolution a ainsi été adoptée début décembre, à l'Assemblée nationale mais non sans difficulté. Le texte, qui reprend la définition de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA), déjà validée par le Parlement européen et 16 pays de l'UE, n'a toutefois pas de valeur contraignante.

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