Les jihadistes de l'EI en Syrie à portée de canon des artilleurs français

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Par Daphné BENOIT - Al-Qaim (Irak) (AFP)
Publié le 09 février 2019 - 23:22
Mis à jour le 10 février 2019 - 10:54
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Photo prise le 9 février 2019 près de la ville irakienne d'Al-Qaïm, à la frontière avec la Syrie, montrant des canons Caesar et des obus utilisés dans le cadre de l'opération Chammal (volet français d
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© Daphné BENOIT / AFP
Photo prise le 9 février 2019 près de la ville irakienne d'Al-Qaïm, à la frontière avec la Syrie, montrant des canons Caesar et des obus utilisés dans le cadre de l'opération Chamm
© Daphné BENOIT / AFP

Au fin fond du désert irakien, les trois canons français pointent plein ouest, tournés vers la frontière avec la Syrie, distante de seulement trois kilomètres. Non loin derrière, l'ultime poche de résistance des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Des avions de chasse fendent brusquement les airs: quelques secondes plus tard, une déflagration résonne. Un champignon de poussière grise s'élève côté syrien.

"Ici, on est à moins de dix kilomètres de la ligne de front", explique en désignant l'horizon désertique le colonel François-Régis Legrier, commandant de la Task Force Wagram, le groupement français d'artillerie pour soutenir les troupes irakiennes et la force arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) contre l'EI, dans le cadre de la coalition internationale emmenée par Washington.

Au pied des trois canons Caesar bariolés de vert et noir, d'une portée de 40 km, sont alignés 180 obus de 155 mm prêts à l'emploi: explosifs, fumigènes, éclairants.

- "La fin est proche" -

Après une pause d'une dizaine de jours, les FDS ont annoncé samedi le lancement de la "bataille finale" pour récupérer le dernier bastion du groupe ultraradical, le village de Baghouz et ses environs.

"La fin est proche", martèle la ministre française des Armées Florence Parly, arrivée à bord d'un V-22 Osprey, un appareil militaire américain mi-avion, mi-hélicoptère.

"Les terroristes sont sans chef, sans communication, dans le désordre de la déroute. Alors achevez ce combat", enjoint-elle à la quarantaine de militaires français qui cohabitent avec une centaine de soldats américains sur ce petit poste avancé, à proximité de la ville-frontière d'Al-Qaïm.

"Aujourd'hui à Baghouz, il reste quelques centaines de combattants, pas plus", affirme le colonel Legrier, dont le 68e régiment d'artillerie a déjà participé, en 2016, à la reprise de Mossoul, dans le nord de l'Irak.

"Mossoul, c'était neuf mois de bataille, 10.000 obus. Sur ce front, ça fait quatre mois et on en est à 3.500 munitions, dans des conditions particulièrement rustiques", raconte-t-il, en évoquant "les tempêtes de vent, les tempête de sable, la pluie...". Des aléas météo qui clouent parfois les avions de combat au sol mais n'empêchent pas les canons de pilonner.

"En fin d'année, la cadence était intense, on ne dormait pas beaucoup", explique le lieutenant Valentin, 27 ans (seul son prénom peut être cité). Fraîchement sorti de la prestigieuse école d'officiers de Saint-Cyr, c'est sa première opération extérieure.

- 18.000 obus tirés -

Malgré les doubles protections auditives, les oreilles des soldats sont mises à rude épreuve. Mais "nos anciens de la guerre de 14 ont connu bien pire", sourit le jeune gradé, philosophe.

La semaine prochaine, lui et ses compagnons artilleurs quitteront l'opération Chammal (volet français de l'opération menée par la coalition internationale anti-EI) et seront relevés, sans doute pour la dernière fois.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes régions en Syrie et en Irak, les jihadistes de l'EI ont vu leur "califat" autoproclamé se réduire comme peau de chagrin face à de multiples offensives.

"Le califat territorial est sur le point de disparaître. C'est un moment extrêmement important pour lequel nous avons combattu pendant des mois, des années. Nos forces y ont pris toute leur part", fait valoir la ministre française Florence Parly.

Depuis le lancement de l'opération Chammal, les Français auront tiré plus de 18.000 obus et mené 1.500 frappes aériennes en appui des troupes alliées engagées au sol contre les jihadistes.

Mais "le combat n'est pas tout à fait terminé, prévient-elle. Ce que nous voulons éviter à tout prix, c'est que Daech (acronyme arabe de l'EI, ndlr) se reconstitue sous des formes clandestines, menace la région, contrarie sa stabilisation, et menace aussi nos pays".

Charge aux alliés occidentaux de trouver la parade, alors que les Américains, de très loin premiers contributeurs de la coalition, ont annoncé leur prochain retrait de Syrie.

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