"Les mots" étaient "l'arme" d'Hugo, victime du braquage de Dolomieu

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Par AFP
Publié le 13 décembre 2017 - 18:51
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"Hugo, son arme, c'était les mots": au procès d'un braqueur du bureau de tabac du village de Dolomieu (Isère) en 2014, la mère de la victime a dressé mercredi le portrait de son fils qui a payé de sa vie son intervention.

"Je crois même qu'il éprouvait de l'empathie pour la personne qui faisait le braquage, pour l'empêcher de commettre la grosse bêtise qui l'amène ici aujourd'hui", a déclaré Brigitte Villerez-Mollaret devant la cour d'assises de Grenoble.

Mukael Erdem, 22 ans mais 19 au moment des faits, avait commis un hold-up de ce commerce de village avec comme complice présumé Morgan Vertu - qui s'est suicidé en détention provisoire - après avoir dérobé un véhicule sous la contrainte.

Erdem, détenteur d'un fusil de chasse chargé de trois cartouches, a tiré sur Hugo Villerez, un des trois clients, qui l'avait suivi hors du tabac jusque sur le parking.

C'est recroquevillé dans son box vitré que l'accusé, qui reconnaît tous les faits, se repent et risque la perpétuité, a entendu le récit de Mme Villerez-Mollaret.

A la barre, cette institutrice à la retraite a raconté ce "24 juillet 2014, un mardi où il pleuvinait". Son fils, sujet à des addictions au cannabis, à l'héroïne et à l'alcool, essayait de remonter la pente pour fonder une famille avec sa compagne. "C'est au retour d'une visite à son médecin que sa vie s'est arrêtée". Dans sa 34e année.

Sortie de sa voiture, cette mère est restée interdite au moment du coup de feu, quand elle a vu son fils tomber à genoux et se coucher. "Quand je l'ai vu saigner du nez et de la bouche, je me suis dit que c'était grave", a-t-elle relaté en se tordant les mains. "Je lui ai pris le visage entre les mains. Il a eu quelques râles. Ses yeux sont devenus vitreux et se sont fixés".

Depuis, elle cherche ce fils qui travaillait la pierre, le fer, le bois et venait de se former à la couture, celui qui "rêvait d'une société où chacun aurait sa chance".

Pour Guy Villerez, ce père un peu rigide, la chance est passée. "Je gardais un espoir secret au fond de moi de retrouver une relation père-fils. Et puis voilà..."

Rémi, le frère cadet "n'a pas de mot pour exprimer la souffrance de la perte". Lui qui sera bientôt père, a "perdu le sommeil, voit tout en noir", même s'il n'a pas assisté au drame.

Ces symptômes, tous les témoins directs les ont décrits à des degrés divers. Les plus éloignés parlent a minima de "troubles du sommeil", d'itinéraires changés au quotidien.

Pour les personnes présentes dans le tabac, menacées par l'arme de l'accusé, les séquelles restent vives. La buraliste, partie civile, "vit toujours avec cette crainte d'être attaquée, tous les matins, tous les soirs, toute la journée".

Une cliente se décrit "en survie". Sa fille, qui l'accompagnait, "fait des cauchemars à cause de ce putain de canon de fusil! Elle a 15 ans et devrait être pleine de vie", déplore-t-elle. Pire, subsiste cette "impression qu'il est tombé pour nous sauver tous" et la culpabilité.

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