Les nanoparticules de dioxyde de titane bientôt bannies de l'alimentation

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Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS, Pascale MOLLARD - Paris (AFP)
Publié le 18 mai 2018 - 13:06
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La secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique Brune Poirson, en visite en Mayenne (ouest), le 23 avril 2018
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© CHARLY TRIBALLEAU / AFP/Archives
La secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson, en visite en Mayenne (ouest), le 23 avril 2018
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Confiseries, gâteaux, chocolat... Le gouvernement veut suspendre "d'ici la fin de l'année" l'utilisation dans tous les produits alimentaires du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules dont les effets sur la santé sont méconnus.

Le dioxyde de titane, dont la présence est indiquée sur les étiquettes par TiO2 ou E171, est une poudre blanche utilisée principalement comme colorant, pour blanchir ou intensifier la brillance des produits alimentaires.

C'est le fait que cette substance contienne des nanoparticules -- d'une taille inférieure à 100 nanomètres facilitant leur pénétration dans l'organisme -- qui soulève l'inquiétude depuis plusieurs années des associations de défense des consommateurs et de l'environnement.

Par conséquent, "nous avons voulu prendre les devants: le gouvernement, dès le début d'année, a envoyé à la Commission européenne une note pour qu'elle envisage de suspendre la commercialisation de ce produit", a expliqué vendredi la secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Brune Poirson, lors d'une visite de l'usine à Tourcoing (Nord) du confiseur Verquin qui a ôté le dioxyde de titane de ses "Têtes brûlées".

Et le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Stéphane Travert, va porter un amendement à son projet de loi actuellement débattu à l'Assemblée nationale pour "prendre des mesures d'ici la fin de l'année de façon à suspendre la mise sur le marché et l'usage du dioxyde de titane", a-t-elle ajouté.

Seule l'UE peut interdire la substance, mais la France peut la suspendre, en respectant une procédure de notification qui prend plusieurs mois.

Selon une porte-parole de la Commission européenne, Paris a fait une demande en février.

En réponse, la Commission a demandé à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) d'examiner si quatre nouvelles études présentées par la France justifieraient une nouvelle évaluation de cet additif, que l'agence avait jugé en 2016 "pas de nature à entraîner un risque sanitaire". L'EFSA doit rendre un avis d'ici l'été.

Face aux inquiétudes, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) française a lancé une expertise sur les effets sanitaires de l'utilisation des nanomatériaux en général dans l'alimentation, dont les conclusions sont attendues en 2019.

L'an dernier, une étude de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) avait conclu que l'exposition chronique au E171 favorisait la croissance de lésions pré-cancéreuses chez le rat. Sans que ces résultats ne permettent de conclure sur ses effets sur l’homme, selon l'Anses.

- Des retraits déjà annoncés -

Bonbons, produits de boulangerie et de pâtisseries, crème glacée, plats cuisinés, tablettes de chocolat... La liste est longue d'aliments contenant le fameux E171, mais son caractère colorant blanc ou ses propriétés d’absorption des rayons ultra-violet sont également utilisés pour des cosmétiques, des médicaments, des textiles ou encore des emballages - non concernés par l'annonce du gouvernement.

L'ONG Agir pour l'Environnement, qui a salué l'annonce du gouvernement, a d'ores et déjà réclamé que cette mesure soit généralisée.

Le "peu d’évaluations effectuées en amont de la mise sur le marché" et de "nouvelles études" plaident pour une interdiction de l'ensemble des produits auxquels sont exposés la population par différents biais (ingestion, voie cutanée, inhalation)", a insisté l'association dans un communiqué, assurant notamment que 4.000 médicaments en contiendraient (Doliprane, Dafalgan, Spasfon…) juste pour "colorer ou opacifier" les comprimés.

Les associations de consommateurs accusent également régulièrement les fabricants de ne pas faire figurer la mention "nano" sur les étiquettes de produits qui contiennent des nanoparticules, dioxyde de titane mais aussi dioxyde de silicium ou encore oxydes de fer et de zinc (colorants).

UFC-Que Choisir avait ainsi porté plainte en janvier contre neuf entreprises agroalimentaires, et des contrôles de la DGCCRF (répression des fraudes) ont mis en évidence des manquements.

Face à ces critiques, de plus en plus d'entreprises ont annoncé retirer le dioxyde de titane de leurs recettes ou magasins, comme Carambar and Co de ses Malabar ou encore Carrefour, Super U, Leclerc, Picard et William Saurin.

Mars Chocolat France a de son côté indiqué vendredi qu'il prévoyait la "suppression complète du dioxyde de titane" de ses confiseries en Europe "d’ici juin 2020".

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