Les opposants à Notre-Dame-des-Landes amplifient leur mainmise sur les terres

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Par AFP
Publié le 20 octobre 2017 - 12:34
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Rassemblement des opposants au projet d'aéroport à Notre-Dame des Landes le 8 juillet 2017
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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives
Rassemblement des opposants au projet d'aéroport à Notre-Dame des Landes le 8 juillet 2017.
© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives

Foin de médiation gouvernementale: les opposants au controversé aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) amplifient leur mainmise sur les terres de la ZAD pour y cultiver légumes et y élever brebis, manifestant leur volonté de s'y "enraciner", même en cas d'abandon du projet.

Samedi, les organisations agricoles opposées au nouvel aéroport nantais et le collectif "Sème ta ZAD" invitent à une déambulation, outils en main, à Notre-Dame-des-Landes, jusqu'aux terres récemment investies: occasion de rappeler leur "détermination intacte à empêcher" la construction de la nouvelle infrastructure.

En pleine médiation sur ce dossier vieux de quarante ans et en attendant que le gouvernement tranche d'ici à la fin de l'année, il s'agit pour les opposants de "marquer le coup et de montrer qu'on veut tous ensemble faire vivre cette zone demain, en cas d'abandon", explique Cyril Bouligand, du collectif d'agriculteurs opposés au projet, le Copain 44.

"Ce sera la deuxième lutte: faire en sorte, comme dans le Larzac ou dans les marais salants de Guérande, que le mouvement anti-aéroport gère le foncier et décide demain qui pourra exploiter les terres", en donnant la priorité aux "jeunes qui veulent s'installer", affirme M. Bouligand.

Sur les 1.650 hectares de la ZAD, la zone d'aménagement différé où était prévu le transfert de l'aéroport de Nantes en 2017, et que les opposants ont rebaptisée "zone à défendre", 400 ha sont des friches, des bois ou des routes. 450 sont exploités par les quatre paysans "historiques" expropriés. Sur les 800 ha restants, 220 sont utilisés par le mouvement anti-aéroport.

- 'Autre façon de lutter' -

Cette "prise de terres" - appartenant au concessionnaire du site, filiale du groupe de BTP Vinci, et redistribuées chaque année par la Chambre d'agriculture sous la forme de baux précaires - a commencé au printemps 2013, quelques mois après l'opération César visant à déloger les occupants de la ZAD, et les heurts entre manifestants et forces de l'ordre.

Chaque année, des projets agricoles collectifs fleurissent dans ce bocage nantais, de la culture de céréales au maraîchage, des vergers à l'apiculture, en passant par la construction d'espaces de transformation (boulangeries, meunerie, conserverie) et de redistribution. Ce qui permet aux "zadistes" de vivre en quasi autonomie mais aussi de "nourrir d'autres luttes", des facteurs en grève aux migrants de Nantes, indique un occupant de la ZAD.

La mainmise sur les terres a gagné en intensité ces derniers mois, parallèlement à l'éloignement de menaces imminentes d'expulsion: "le fait d'être un peu moins à mettre une bonne partie de notre énergie dans la défense de la ZAD fait qu'on se consacre plus à la construction de hangars, aux chantiers et aux projets agricoles", poursuit cet occupant.

"D'habitude, tous les automnes, on se prépare à l'expulsion", confirme une occupante se faisant appeler "Camille", qui vient de démarrer avec quatre autres personnes un élevage de brebis.

"C'était compliqué quand les menaces d'expulsion étaient permanentes, c'est un sacré engagement à prendre vis-à-vis du troupeau. Là, avec le contexte qui évolue, on a eu envie de se lancer maintenant et on aimerait à moyen terme constituer un troupeau de 80 brebis" sur "des terres très humides, peu valorisées en agriculture, car la ZAD c'est aussi un lieu d'expérimentation, d'innovation", assure-t-elle.

Reconverti dans la paysannerie après avoir travaillé neuf ans dans le logement social, "Gibier" s'est installé en mars comme maraîcher à La Noé Verte, à l'est de la ZAD, pour y cultiver tomates, poivrons ou courges, "une autre façon de lutter". "Moi, ma barricade la plus efficace, c'est de cultiver ici. (...) Lancer des cultures en permanence, c'est refuser la menace", témoigne ce résident du bourg de Notre-Dame-des-Landes.

Près de la ferme de Bellevue, occupée début 2013 par des agriculteurs pour éviter sa destruction, des membres du "groupe bois" finalisent la construction d'un atelier de menuiserie. Ce lieu pour apprentis charpentiers a été entièrement bâti avec le bois trouvé dans l'une des forêts de la ZAD, que le mouvement anti-aéroport annonce "prendre en gestion", comme les terres.

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