Les professeurs face au défi de l'enseignement à distance

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Par Anne-Sophie MOREL - Paris (AFP)
Publié le 14 mars 2020 - 12:14
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Une femme passe devant la porte d'une école fermée à Ajaccio, en Corse, le 12 mars 2020
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© Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP
Une femme passe devant la porte d'une école fermée à Ajaccio, en Corse, le 12 mars 2020
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A partir de lundi, les 850.000 enseignants de France vont devoir assurer les cours à distance, de la grande section de maternelle au lycée, une tâche "surmontable" pour beaucoup mais qui demandera, selon eux, "pas mal de travail et d'organisation".

Pour assurer la continuité pédagogique après la décision de fermer l'ensemble des écoles, l'Education nationale a annoncé mettre à disposition les ressources du Centre national d'enseignement à distance (Cned): des exercices en ligne adaptés aux programmes et une "classe virtuelle" où le professeur peut faire cours à ses élèves par visioconférence.

Les connexions sont possibles par ordinateur, tablette ou téléphone. Environ trois ou quatre heures d'activités sont proposées chaque jour aux élèves dans différentes matières.

Mais dans les faits, cela risque d'être un peu plus compliqué. Les connexions au Cned, avec des codes spécifiques, se mettent en place progressivement mais "ne seront certainement pas disponibles pour tous lundi", affirme Olivier, enseignant de CM2 à Vincennes, près de Paris, qui précisait ne rien avoir reçu vendredi soir.

"Les choses se mettent en place", a indiqué samedi le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, lors d'une conférence de presse: "La plateforme (du Cned) +Ma classe à la maison+ a eu 220.000 inscriptions de plus en 24H00" et "ce rythme va se poursuivre", a-t-il indiqué.

"Globalement, pour des professeurs un peu plus âgés qui n'ont pas l'habitude de travailler en ligne, ce travail à distance ne sera pas simple mais personnellement, ça me paraît surmontable", indique Fabrice, enseignant en CE1 dans le Xème arrondissement de Paris. Cela demande juste "pas mal de travail et d'organisation car c'est une situation inédite, à laquelle nous ne sommes pas préparés".

Il soulève cependant la problématique de l'outil informatique. "On nous demande de travailler, mais avec quel matériel? On ne nous prête pas d'ordinateur à l'Education nationale, et certains, même si ce sont des cas isolés, ne possèdent pas d'ordinateur", tient-il à rappeler.

- Des professeurs à l'école lundi matin -

Lucile, enseignante à mi-temps en classe de CE2 et CM1 dans l'Ariège, craint aussi que "l'accès parfois difficile à internet dans une zone aussi rurale perturbe sérieusement les échanges entre les enseignants et les élèves".

Selon le ministre, les problèmes d'accès à internet, que cela soit en zone rurale ou au sein de familles modestes, concernent "environ 5% des élèves". Des tablettes et "du matériel sur du papier" pourront leur être prêtés par les établissements, a-t-il affirmé.

"On en appelle à la responsabilité des parents, qu'ils soient dans le soutien, même si on sait très bien, malheureusement, qu'il y en a qui ne sont pas dans la capacité d'aider leurs enfants scolairement", regrette Olivier.

Jean-Michel Blanquer avait rappelé jeudi que la fermeture totale des écoles "ne signifiait pas que les élèves étaient en vacances". Ni les professeurs. Lundi matin, certains d'entre eux devront se rendre dans leur école afin de faire le point avec les équipes.

"Il n'est pas demandé à l'ensemble des personnels d'être présents dans les établissements, mais les inspecteurs et les équipes de direction peuvent organiser des réunions pédagogiques et une permanence pédagogique", a expliqué Jean-Michel Blanquer.

"Nous, on comprend que nous allons devoir être présents à certains moments, dans les murs de l'établissement, pour tenir informées les familles, et les aider dans le suivi des cours au cas où ils n'auraient pas de connexion à internet par exemple", renchérit Isabelle, enseignante dans une classe de CM1 à Rennes.

Ceux qui doivent garder leurs enfants ou sont de santé fragile pourront avoir recours au télétravail. "Mais comme tout le monde, avec des enfants dans les pattes, ça ne va pas être facile de s'isoler pour faire cours", prévient Olivier.

D'autres devront accueillir les enfants des soignants mobilisés par le coronavirus, dans des classes de 10 élèves maximum.

Ce dispositif exceptionnel ne concerne "jusqu'à nouvel ordre" que les enfants des "personnels sanitaires", a précisé Jean-Michel Blanquer. Toutefois, "il pourrait y avoir" ultérieurement "tel ou tel élargissement, on peut penser à certaines (personnes employées dans des) centrales électriques, à des fonctions vitales pour le pays", a-t-il déclaré.

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