Les retraités manifestent jeudi pour défendre leurs "pensions en danger"

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Par Gabriel BOUROVITCH - Paris (AFP)
Publié le 17 octobre 2018 - 14:24
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Manifestation pour la revalorisation des pensions de retraite, le 14 juin 2018 à Paris
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Manifestation pour la revalorisation des pensions de retraite, le 14 juin 2018 à Paris
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

Contre la hausse de la CSG et le coup de rabot sur les pensions prévu l'an prochain, les retraités sont à nouveau appelés à manifester "massivement" jeudi contre les choix budgétaires du gouvernement.

Jamais trois sans quatre: après les journées d'action de septembre 2017, mars et juin 2018, neuf syndicats et associations de retraités (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR, LSR et UNRPA) relancent la "mobilisation générale" contre une politique qui risque de "les appauvrir".

Leurs revendications, au contraire, n'ont cessé de s'enrichir: il y avait déjà la hausse de la CSG, entrée en vigueur en janvier et non compensée pour environ 60% des 16 millions de retraités, qui financent ainsi les baisses de cotisations pour les salariés.

L'exécutif en a rajouté une couche en annonçant fin août la sous-revalorisation des retraites de base: les pensions versées par l'Assurance vieillesse, jusqu'alors indexées sur l'inflation, n'augmenteront que de 0,3% en 2019 et en 2020, quand la hausse des prix devrait atteindre 1,3%.

Avec ces deux mesures, "en trois ans, un mois de pension aura été pris dans la poche" des retraités, estiment les neuf organisations.

Pour Olivier Jouchter, de l'UCR-CGT, la coupe est pleine et "il faut arrêter d'emmerder les retraités". Une allusion directe à des propos récents d'Emmanuel Macron, qui ne semble pourtant pas prêter attention à ce mouvement social: le "groupe des neuf" n'a été reçu qu'une seule fois par l'exécutif, il y a plus d'un an.

Début octobre, venus à Paris remettre une pétition aux députés LREM, ses représentants ont finalement dû se contenter d'élus communistes.

"Il nous manque cruellement un interlocuteur valable", observe M. Jouchter. "Ce pays compte 24% de retraités. Peut-on imaginer que le président de la République, son Premier ministre et le groupe majoritaire à l'Assemblée n'aient aucune considération pour cette partie de la population ?"

- "changer de braquet" -

"Il faut s'occuper de nous car nous sommes un enjeu important, sur le plan économique certes mais aussi sur le plan politique", renchérit Daniel Fargeas, de l'association LSR (Loisirs solidarités retraités, affiliée à l'UCR-CGT).

Et de souligner que les retraités représentent "33% de l'électorat et pas loin de 45% des gens qui votent".

Signe d'une "colère profonde", l'appel à manifester jeudi "s'étend à d'autres organisations", affirme Michel Salingue, de la FGR, qui compte sur le soutien d'associations de retraités de la fonction publique: gendarmes, policiers, officiers mariniers, agents de La Poste et de l'ex-France Télécom.

Le "groupe des neuf" espère aussi rallier à sa cause une partie du monde agricole, notamment la Confédération paysanne, le Modef et l'Anraf.

Côté syndical, "beaucoup d'organisations départementales de l'Unsa" ont déjà fait passer le mot d'ordre, ajoute M. Salingue, constatant qu'"il ne reste que la CFDT qui n'appelle pas" à manifester.

La centrale de Laurent Berger présentera néanmoins le même jour ses propositions en matière de retraite, à partir d'une enquête qu'elle a menée cet été auprès de 120.000 personnes. "Ensuite nous jugerons, mais juger avant d'avoir vu ce qui va être fait, c'est pas responsable", a expliqué M. Berger lundi à franceinfo.

Les syndicats à l'initiative de la mobilisation l'espère néanmoins d'ampleur équivalente au 15 mars, point d'orgue du mouvement jusqu'à présent. "On attend à peu près la même chose, a minima 120 manifestations" dans toute la France, indique Didier Hotte, de l'UCR-FO.

"Le 15 mars, il y avait environ 200.000 personnes" dans la rue, affirme Gérard Gourguechon, de l'UNIRS-Solidaires, qui "espère qu'il y en aura plus" le 18 octobre.

Selon lui, certains retraités sont demandeurs "d'autres actions pour changer de braquet", comme des barrages filtrants dans certaines villes.

"Quand on était en activité, on pouvait faire grève, occuper l'entreprise, séquestrer des patrons", mais il fallait en assumer les conséquences, se souvient-il. "Maintenant qu'on est retraités, on ne peut plus avoir de retenue sur salaire, ni être foutu à la porte".

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