A Lille, le casse-tête de la pollution aux particules fines

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Par Florian SOENEN - Lille (AFP)
Publié le 28 décembre 2018 - 11:13
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De la fumée émise par un site industriel dans les faubourgs de Lille, le 5 décembre 2017
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© DENIS CHARLET / AFP/Archives
De la fumée émise par un site industriel dans les faubourgs de Lille, le 5 décembre 2017
© DENIS CHARLET / AFP/Archives

Lille est l'une des villes françaises les plus touchées par la pollution aux particules fines, une "maladie chronique" qu'elle peine à soigner.

En 2018, selon des données officielles, Lille a dépassé au moins 60 fois le seuil journalier maximum de particules fines inférieures à 2,5 millimètres, soit 25 microgrammes par mètre cube (µg/m3), que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser... plus de trois fois par an.

Marseille n'est au-dessus de ce seuil que sept fois, contre dix-sept au centre de Lyon et près de quarante en plein coeur de Paris.

"Paris est plus touchée par la pollution à l'azote, le sud de la France à l'ozone. Tout dépend le critère de la qualité de l'air", relativise Céline Dérosiaux, qui travaille pour ATMO, l'organisme officiel du contrôle de la qualité de l'air.

- 1.700 décès prématurés par an -

Lille cumule les inconvénients, d'abord liés aux caractéristiques régionales : "forte densité, présence d'industries lourdes, méthodes de chauffage anciennes et territoires agricoles au sud ", résume Arabelle Patron, prévisionniste à ATMO.

La pollution franchit les murs de la ville: les autres capteurs dans la région, à Béthune ou Dunkerque par exemple, mesurent aussi "des dépassements réguliers".

A ces problèmes viennent s'ajouter la situation géographique: Lille est "un carrefour autoroutier européen", subissant les pollutions venues de Belgique et des Pays-Bas, aux caractéristiques semblables. Les vents "ramènent aussi des particules de Paris", et plus rarement "d'Allemagne ou même de Pologne".

Après plusieurs années de baisse, le nombre de jours de dépassement est reparti à la hausse en 2018, en raison de "variations météorologiques défavorables" : "le temps a été plus sec, et le printemps doux, avec des matinées de brouillard".

Ce qui s'observe pour les particules PM 2.5 se constate aussi pour les PM 10, les particules inférieures à 10 millimètres, les seules prises en compte réglementairement en France. Le plafond de 50 µg/m3 par jour a été dépassé à 40 reprises à Lille en 2018, soit plus que la limite de 35 jours de dépassement.

Paradoxalement, la situation s'améliore sur une année complète : "la concentration annuelle moyenne de PM 10 mesurée dans le quartier de Fives à Lille a baissé de 30 à 21 µg/m3 entre 2009 et 2017", rappelle Céline Dérosiaux. Toujours au-dessus toutefois des recommandations de l'OMS, de 20 µg/m3 en moyenne annuelle. La tendance est similaire pour les PM 2.5.

Ainsi, environ 1.700 personnes par an meurent prématurément à cause de la mauvaise qualité de l'air dans la métropole lilloise, qui compte 1,2 million d'habitants, reprend l'ATMO dans son bilan annuel.

"Les pics sont les symptômes d'une maladie chronique, la pollution de l'air", juge Mme Dérosiaux. La métaphore convient à Denis Bisch, pneumologue à Lille. "C'est l'accumulation qui représente un risque."

- 70 km/h sur le périphérique -

Mais "il est difficile de prescrire un comportement", poursuit-il. "On ne peut pas demander aux gens de se barricader. D'autant plus que l'air intérieur est aussi très pollué".

Interpellée par une pétition ayant réuni 5.500 signatures en une semaine, la maire PS de Lille, Martine Aubry, a annoncé la semaine dernière plusieurs mesures ciblant le transport, dont la limitation à 70 km/h sur les parties sud et est du périphérique qui entrera en vigueur en février. L'interdiction de circuler pour les poids lourds aux heures de pointe est également en discussion avec le préfet.

"La parole publique ne porte pas assez", estime Michel Eyraud, secrétaire général du collectif "Nord Ecologie Conseil", qui s'agace contre "les gens en terrasse sur la Grand-place en plein pic de pollution. Il faudrait multiplier les panneaux d'information en direct sur la qualité de l'air".

"Et changer nos modes de vie !", soupire Denis Bisch.

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