Location longue durée dans la distribution : l'UFC-Que Choisir demande un encadrement

Auteur:
 
Par Laure BRUMONT - Paris (AFP)
Publié le 22 janvier 2020 - 11:00
Image
Vitrine de l'UFC-Que Choisir à Paris le 25 mars 2014
Crédits
© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
Vitrine de l'UFC-Que Choisir à Paris le 25 mars 2014
© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives

L'UFC-Que Choisir a réclamé mercredi un encadrement d'urgence par les pouvoirs publics de la pratique "ruineuse" de la location longue durée (LLD), qui permet aux consommateurs d'utiliser un bien sans en devenir propriétaire.

"La déferlante incontrôlée de ces offres ruineuses dans les grands magasins constitue une grave menace à l'intérêt des consommateurs", estime l'association dans un communiqué.

Elle plaide pour un "cadre juridique propre à contenir les effets nocifs" de cette pratique, via notamment un "plafonnement tarifaire" ainsi qu'une "information précontractuelle standardisée".

Parallèlement, elle met en demeure Boulanger location, ainsi que les partenaires financiers bailleurs de Fnac Darty (Crédit Agricole Consumer Finance) et Cdiscount (Crédit Mutuel Leasing) de "purger leurs conditions générales d'utilisation des clauses qu'elle estime abusives" et se réserve, "à défaut d'une réponse satisfaisante", le droit d'agir en justice.

Sollicités par l'AFP, les deux établissements bancaires n'ont pas souhaité commenter.

Selon l'UFC-Que Choisir, la LLD, "conçue notamment pour séduire les petits budgets grâce à ses loyers très réduits", relève des mêmes "excès" que le crédit "revolving", fourni par les cartes de crédit et que l'association avait dénoncé dans les années 2000.

- Règlementation "obsolète" -

Les excès sont doubles, précise l'UFC: la LLD participe d'une part à une "consommation exubérante", conduisant au "suréquipement et au surdimensionnement d'appareils qui contribuent au changement climatique", et d'autre part à une "ruineuse accoutumance", en ce qu'elle incite les consommateurs à "renouveler indéfiniment leur engagement pour conserver l'usage de biens indispensables" (électroménager, télévision, ordinateur, smartphone, etc.)

"Profitant d'une réglementation obsolète, la LLD constitue un véritable gouffre économique: non reconnue comme étant un crédit à part entière, son coût pour le consommateur échappe à tout encadrement", dénonce l'UFC-Que Choisir, en comparant dans un tableau les différents tarifs pratiqués par plusieurs distributeurs: Boulanger, Cdiscount, la Fnac et Darty.

Interrogé par l'AFP, Cdiscount (groupe Casino) a fait savoir que "sur les 60 millions de produits vendus sur son site, seuls 340 étaient éligibles à la LLD, ce qui représente très peu de clients". Fnac Darty, de son côté, n'a pas souhaité commenter.

Selon Alain Bazot, le président d'UFC-Que Choisir, le "succès grandissant" de ce mode de financement, qui se révèle "extrêmement toxique", se situe dans un "contexte de crise exacerbée du pouvoir d'achat", avec une augmentation des dépenses contraintes représentant en moyenne jusqu'à 30% du budget des familles, un montant "en hausse au sein des foyers les plus modestes".

Il a dénoncé lors d'une conférence téléphonique des pratiques "d'usuriers des temps modernes".

Selon l'UFC-Que Choisir, le marché des locations avec option d'achat (LOA), très populaire dans le secteur automobile depuis 5 ou 6 ans, et des LLD, est évalué à 15 milliards en 2019, en hausse de 257% depuis 2008.

L'association dénonce le fait qu'à la différence du crédit, "le distributeur n'est tenu ni d'indiquer son coût total, ni d'exprimer son prix en taux, ni d'avertir sur le risque d'un endettement excessif".

Par ailleurs, selon l'étude qui a examiné 110 propositions tarifaires de location, de nombreux contrats proposés par ces distributeurs recèlent des "clauses venant minimiser les obligations des professionnels ou imposant des obligations démesurées au détriment des consommateurs", dont celle de rendre en parfait état le bien loué au terme du contrat, au risque de payer des frais exorbitants.

Sur ce point, Cdiscount précise à l'AFP que la reprise des produits est "gratuite", avant qu'ils ne soient reconditionnés ou recyclés, conformément à la politique RSE de la société.

Selon l'UFC, "les enseignes en profitent pour se rattraper sur le prix d'assurances complémentaires fortement prescrites".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.