L'origine animale des ossements douche les espoirs d'élucider l'affaire Seznec

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Par Sandra FERRER - Brest (AFP)
Publié le 28 février 2018 - 15:36
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La nouvelle a douché mercredi les espoirs d'élucider l'une des plus retentissantes énigmes judiciaires françaises: les ossements retrouvés dans l'ancienne maison des Seznec à Morlaix (Finistère) ne sont pas ceux de Pierre Quémeneur mais "ceux d'un animal", selon une source proche de l'enquête.

Le parquet de Brest avait ouvert une enquête après la découverte d'un premier bout d'os samedi, qui avait relancé les spéculations sur une possible élucidation de l'affaire.

Le procureur de la République de Brest Jean-Philippe Recappé s'est montré prudent, disant attendre les résultats officiels des analyses en cours. "Je suis dans l'attente de la réponse de l'anthropologue officiellement requis pour statuer" dans cette affaire, a-t-il déclaré à l'AFP, précisant que cette réponse était attendue pour la fin de la semaine.

La découverte de fragments d'os lors de fouilles le week-end dernier à Morlaix avait relancé les espoirs d'élucider cette énigmatique affaire, objet de téléfilms, d'une pièce de théâtre et d'écrits divers.

Sans preuves et sans aveux, Guillaume Seznec avait été condamné en 1924 au bagne à perpétuité pour le meurtre un an plus tôt de ce conseiller général du Finistère, dont le corps n'a jamais été retrouvé.

C'est pour tenter d'élucider l'énigme qu'un ancien avocat de la famille, Denis Langlois, et l'auteur d'un livre sur l'affaire, Bertrand Vilain, ont lancé des fouilles "privées" samedi dans un ancien cellier de la maison familiale des Seznec. Selon eux, l'élu aurait été tué involontairement par l'épouse du condamné après lui avoir fait des avances.

Après la découverte d'un premier fragment d'os samedi, ainsi que d'un vieux bout de pipe, les fouilles ont été reprises dimanche par la police judiciaire de Rennes saisie de l'enquête. Les premières analyses visuelles des ossements réalisées par un médecin légiste suggéraient qu'il pouvait s'agir d'os humains.

- Agacement du petit-fils-

"Je n'ai jamais cru à ces fouilles qui agaçaient la justice, la police et moi aussi", a réagi Denis Seznec, petit-fils du condamné, interrogé par l'AFP. "Je suis plus à l'aise aujourd'hui en sachant que ce sont des os d'animaux", a poursuivi l'homme de 71 ans, qui tente depuis des années d'établir l'innocence de son grand-père.

Les fouilles entreprises dans l'ancienne demeure des Seznec étaient motivées par la révélation, dans un ouvrage de Denis Langlois paru en 2015, du témoignage inédit d'un des enfants du couple Seznec, âgé de 11 ans au moment des faits. Il aurait été enregistré en 1978 par l'un de ses neveux.

En ce jour ensoleillé de mai 1923, "Petit-Guillaume" raconte avoir entendu sa mère repousser les avances d'un certain "Pierre", puis avoir vu Quémeneur par terre et sa mère debout devant lui. "Je crois qu'elle a dû se défendre et le frapper à la tête", racontait-t-il, selon le récit qu'en a fait Denis Langlois dans "Pour en finir avec l'affaire Seznec".

Selon "Petit-Guillaume", en dehors de ses parents et de lui-même, seule une domestique, Angèle, présente dans la maison au moment du drame, fut mise au courant. Le jour même, "avec Angèle, on nous a fait jurer de ne rien dire", précise-t-il. Mort en 1982, "Petit-Guillaume" aurait livré ce témoignage quelques temps avant de mourir.

"Je n'ai jamais cru à cette hypothèse", a assuré mercredi Denis Seznec. Guillaume Seznec "serait allé au bagne pour couvrir sa femme? Mais c'est incroyable ça!", ajoute-t-il, disant douter de l'existence de ce témoignage et assurant disposer de son côté d'autres pistes.

MM. Langlois et Vilain compteraient cependant reprendre les fouilles privées s'il devait bien s'agir d'ossements d'animaux, indique le quotidien Le Télégramme.

Depuis 1924, plusieurs demandes en révision du procès ont été rejetées.

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