Louis Aliot remporte Perpignan, 1ère prise de taille du RN depuis 25 ans

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Par Alexandre PEYRILLE - Perpignan (AFP)
Publié le 28 juin 2020 - 23:27
Mis à jour le 29 juin 2020 - 01:00
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Le député RN Louis Aliot s'exprime devant la presse après sa victoire à l'élection municipale de Perpignan, le 28 juin 2020
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© RAYMOND ROIG / AFP
Le député RN Louis Aliot s'exprime devant la presse après sa victoire à l'élection municipale de Perpignan, le 28 juin 2020
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"Nous avons gagné": le député RN Louis Aliot a remporté dimanche Perpignan face au maire LR Jean-Marc Pujol, la première victoire du Rassemblement national (RN) dans une ville de plus de 100.000 habitants depuis Toulon, conquise en 1995.

"C'est un système qui s'écroule. Nous avons eu à Perpignan le même personnel politique aux manettes depuis 1959. Ca devenait malsain", a déclaré à l'AFP Louis Aliot, depuis son local de campagne, au milieu de ses plus proches collaborateurs.

En ballotage favorable à l'issue du 1er tour (35,6% contre 18,4% à M. Pujol) et face à un fragile "front républicain", Louis Aliot a totalisé dimanche 53% des voix, selon plusieurs estimations.

- "Défaite personnelle" -

"Les Perpignanais, les Catalans envoient un signe à la France entière. Il n'y a aucun mur qu'on ne peut démolir, ce front républicain était une escroquerie", a ajouté Louis Aliot, élu député des Pyrénées-Orientales en 2017.

Il a également salué le "soutien sans faille du RN et de Marine (Le Pen)", son ex-compagne, a-t-il dit avant d'être interrompu par un appel téléphonique. Le vice-président du Rassemblement national Jordan Bardella s'est aussi félicité de sa victoire à Perpignan, y voyant un "symbole" que le parti peut arriver à faire "voler en éclat le front républicain".

Perpignan n'a connu depuis 1959 que trois maires, de droite: Paul Alduy (1959-1993), son fils Jean-Paul Alduy (1993-2009) et M. Pujol depuis 2009.

Depuis la mairie, Jean-Marc Pujol, a admis "une défaite personnelle". "Je l’assume. Les électeurs ont souhaité placer M. Aliot en première position, c’est un choix démocratique".

En 2014, Pujol avait battu Aliot au second tour des municipales avec 55%, contre Louis Aliot (45%).

- "Infinie tristesse" -

"C’est avec une infinie tristesse que j’encaisse les résultats. Comme nous le craignions, et malgré tous nos efforts pour dégager une voie électorale qui aurait permis d’éviter ce duel délétère, le pire s’installe aux commandes de notre ville", a réagi l'écologiste Agnès Langevine, 3e du 1er tour avec 14,5% des voix, qui s'est désistée en faveur de M. Pujol.

Le 4e qualifié pour le second tour, le député LREM Romain Grau (13%), avait également effectué un "retrait républicain".

De son côté, l'ancien maire Jean-Paul Alduy a estimé que c'était l'élection de trop pour Jean-Marc Pujol. "Les électeurs n’ont pas voté pour Aliot et le Rassemblement national, ils ont voté contre Pujol, pour un changement. Et c’est triste".

La présidente PS de la région Occitanie Carole Delga, qui s'est rendue à Perpignan pour soutenir M. Pujol au second tour, a jugé que le succès du candidat RN à Perpignan était "inquiétant pour la France, pour la République, que des Françaises et des Français trouvent que les idées d’extrême droite sont une solution". "On va se rassembler pour battre l’extrême droite" lors des prochains scrutins en 2021, a-t-elle souligné.

- "A bout de souffle" -

Pour le politologue Nicolas Lebourg, Louis Aliot doit sa victoire à "une décomposition de l'offre politique, il y avait cinq listes de droite et du centre, et une offre politique avec du libéralisme économique, et le socle autorité-sécurité du RN. Il a réussi à convaincre des électeurs de la droite et du centre".

Selon lui, la droite a commis une erreur de lui opposer "un candidat de 71 ans à bout de souffle" et au bilan contesté.

Louis Aliot a présenté à Perpignan une liste sans étiquette, sans logo du RN pour lui permettre de rallier à sa candidature des personnalités issues de la droite classique.

"Et pour la première fois, il n'y a pas eu de meeting avec le ou la présidente du FN, qui était jusque là le temps fort de la campagne", remarque le politologue.

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées devant la mairie pour manifester leur mécontentement après l'annonce de la victoire de Louis Aliot. "Nous sommes tous des enfants d’immigrés, de première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés", scandaient-ils.

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