Migrations : "devoir d'humanité" et respect de "l'ordre républicain" défend Macron

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Par Laurence BENHAMOU, Jérôme RIVET - Paris (AFP)
Publié le 16 janvier 2018 - 08:05
Mis à jour le 17 janvier 2018 - 00:54
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Des migrants derrière un grillage barbelé d'un parking pour camions près de la N216 conduisant au terminal de ferry, le 12 janvier 2018 à Calais
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP
Des migrants derrière un grillage barbelé d'un parking pour camions près de la N216 conduisant au terminal de ferry, le 12 janvier 2018 à Calais.
© PHILIPPE HUGUEN / AFP

Agacé par les critiques d'intellectuels et d'associations, Emmanuel Macron a vigoureusement défendu mardi à Calais sa politique migratoire qui veut conjuguer le "devoir d'humanité" et l'"ordre républicain".

Au cours d'une longue journée, le président est allé au contact de tous les acteurs -migrants, élus, associations- de cette "crise migratoire" dont Calais est la ville symbole depuis 20 ans.

Revendiquant "un discours de vérité", Emmanuel Macron a averti les migrants que "rester à Calais" dans l'espoir de traverser la Manche constituait "une impasse" car "chacun doit le savoir, tout est fait pour que le passage illégal vers le Royaume-Uni ne soit pas possible". "L'ordre républicain vaut pour tout le monde", a-t-il affirmé aux côtés de quatre ministres, dont Gérard Collomb (Intérieur) et Nicole Belloubet (Justice).

Il a aussi prévenu qu'"en aucun cas" l'Etat "ne laissera se reconstituer une +Jungle+", semblable à celle qui a rassemblé jusqu'à 8.000 migrants avant d'être démantelée en 2016.

Depuis, le nombre de migrants a fortement baissé: entre 350 et 500 d'entre eux sont aujourd'hui présents à Calais, essentiellement venus de la Corne de l'Afrique (Ethiopie, Erythrée) et d'Afghanistan, selon l'Etat.

Alors que le président prononçait son discours devant les forces de l'ordre, des dizaines de migrants patientaient à un point de distribution de l'association Salam près du terminal des ferries du premier port de passagers d'Europe. La plupart d'entre eux avaient passé la nuit dans le froid sous des tentes dans les bois.

Un groupe d'Ethiopiens a témoigné des opérations policières menées la nuit. "Ils gazent les tentes pendant qu'on dort. Ils prennent les tentes, les sacs de couchage, même les médicaments donnés à l'hôpital", raconte Dawit, 21 ans.

"Je ne peux pas laisser accréditer l'idée que les forces de l'ordre exercent des violences physiques ou confisquent les effets personnels" des migrants, ou "utilisent des gaz lacrymogènes sur les points d'eau", a déclaré Emmanuel Macron, en avertissant cependant que "si cela est fait et prouvé, cela sera sanctionné". "Vous devez être exemplaires", a-t-il lancé aux forces de l'ordre du Calaisis, qui recevront une "prime exceptionnelle de résultat" en 2018.

- 'dignité' des migrants -

Parallèlement, il a appelé les associations à la "responsabilité", en déplorant les "mensonges" diffusés "par de trop nombreux" acteurs et "qui nuisent à notre efficacité collective".

En fin de journée, il a eu "un débat franc et sans tabou" avec plusieurs associations locales, dont trois avaient décliné l'invitation, qui l'ont appelé à privilégier "la dignité" des migrants, selon l'un des responsables.

Elles ont salué son annonce que l'Etat allait "prendre en charge" la distribution de repas aux migrants de Calais, un service fourni aujourd'hui par les associations.

Mais certaines d'entre elles ont vertement dénoncé la politique migratoire du gouvernement.

Plusieurs intellectuels, dont certaines proches du chef de l'Etat comme Jean Pisani-Ferry ou Thierry Pech, ont également signé mardi dans Le Monde une tribune très critique sur le projet de loi asile-immigration qui doit être présenté en février et sur une circulaire très controversée sur le recensement des migrants.

"Une radicalisation du débat, dans un sens ou dans l’autre, serait préjudiciable à chacun. Soyons collectivement attentifs aux mots employés et à l’équilibre des discours", a réagi le professeur Jean-Jacques Eledjam, président de la Croix-Rouge française, dans un communiqué.

A deux jours d'un déplacement à Londres, le chef de l'Etat a évoqué les pistes de travail avec les Britanniques: "mieux gérer" le dossier des mineurs isolés non accompagnés, "renforcer la coopération policière à Calais" ainsi qu'"avec les Etats d'origine et de transit", et "développer un fonds pour soutenir les projets importants pour le Calaisis".

Jean-Luc Mélenchon (LFI) a appelé M. Macron à dénoncer les accords du Touquet qui fixent la frontière britannique à Calais "puisque ce sont des accords qui ne fonctionnent pas".

Le maire du Touquet, Daniel Fasquelle (LR), s'est déclaré "tout à fait d'accord" avec les "grands principes" développés par M. Macron mais a mis en doute "sa capacité à mettre en œuvre" sa politique. "J'ai peur que la montagne accouche d'une souris, que le projet de loi de Gérard Collomb soit peu à peu vidé de son contenu pour trouver des points d'entente au sein de la majorité en marche".

Défendant une politique migratoire "exigeante, complète", avec notamment une amélioration des reconduites à la frontières, M. Macron a aussi plaidé pour "une impulsion très forte, spécifique sur l'intégration des réfugiés", avec des cours de langue, une formation professionnelle, et "un accompagnement renforcé concernant les plus vulnérables" et notamment les femmes.

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