Macron fixe son cap pour l'an II, avec une tonalité sociale

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Par Laurence BENHAMOU et Isabelle CORTES - Paris (AFP)
Publié le 09 juillet 2018 - 06:01
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Le président Emmanuel Macron s'exprimant devant l'ensemble des députés et sénateurs réunis en Congrès à Versailles, le 9 juillet 2018.
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© Thibault Camus / POOL/AFP
Emmanuel Macron a défendu lundi devant le Congrès les "chantiers d'une ampleur jamais vue" engagés depuis un an.
© Thibault Camus / POOL/AFP

Emmanuel Macron a défendu lundi devant le Congrès les "chantiers d'une ampleur jamais vue" engagés depuis un an, et affiché sa volonté de donner une tonalité plus sociale aux réformes à venir pour tenir compte des critiques sur le "président des riches".

"Je suis devant vous dans ce rendez-vous que j’ai voulu annuel, humble mais résolu", a déclaré le chef de l'Etat en s'adressant aux quelque 900 députés et sénateurs rassemblés sous les ors de l'hémicycle du château de Versailles.

"Je sais que je ne peux pas tout, je sais que je ne réussis pas tout", a-t-il ajouté en préambule.

Cette rare autocritique intervient dans un contexte délicat pour l'exécutif, confronté à des sondages défavorables, 14 mois après la victoire d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.

"Je n'ai rien oublié des peurs, des colères accumulées pendant des années qui ont conduit notre pays à ce choix (...) Elles n'ont pas disparu en une année", a reconnu M. Macron.

Dans son discours de près d'une heure et demie, il s'est d'abord attaché à défendre "les engagements tenus" de la première année. Car "ce que nous avons dit, nous l'avons fait".

Il a surtout cherché à combattre l'image de "président des riches" dont l'affublent ses opposants, de droite comme de gauche. "Je n'aime ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges", a-t-il dit, en assumant la logique de la "voie française", qui vise à "conjuguer en même temps le progrès économique et le progrès social".

"Si l’on veut partager le gâteau, la première condition est qu’il y ait un gâteau. Et ce sont les entreprises rassemblant actionnaires, dirigeants et travailleurs, ce sont les producteurs, qui font ce gâteau, et personne d’autre", a-t-il martelé.

Jusqu'à présent, cette politique peine à convaincre car seuls 29% des Français l'estiment "juste", selon un récent sondage. "Depuis un an, les Français sont passés de l'espoir au doute car le président n’est pas au rendez-vous de ses promesses", a commenté Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, après le discours.

- "Choix courageux" -

Pour la deuxième année, Emmanuel Macron a fixé une double priorité: mieux "protéger" les plus vulnérables tout en réduisant les dépenses de l'Etat.

Il a ainsi promis "des choix forts et courageux" pour engager la baisse des dépenses publiques, qui seront annoncés "dans les prochaines semaines" par le Premier ministre Edouard Philippe. "Il ne saurait y avoir de baisse de la fiscalité ou de développement de l'investissement sans un ralentissement de la hausse continue de nos dépenses", selon lui.

Le président a surtout consacré une large place au social. La "priorité de l'année qui vient" sera de "construire l’État providence du XXIe siècle" pour qu'il devienne "émancipateur, universel, efficace" et "responsabilisant".

Il sera basé sur "un nouveau contrat social" dont Emmanuel Macron discutera le 17 juillet avec les syndicats et le patronat, invités à l'Elysée. Seront ainsi abordées les réformes de l'assurance chômage, de l'apprentissage, des retraites mais aussi de la dépendance.

Initialement prévu pour ce mois-ci, le plan pauvreté sera présenté "en septembre" et mis en oeuvre "en 2019", s'est engagé le président, en promettant "un accompagnement réel vers l'activité" pour les personnes "les plus fragiles".

Souvent applaudi par les députés LREM, M. Macron a provoqué une rare bronca sur les rangs de l'opposition lorsqu'il a qualifié de "rumeur malsaine" la suppression des pensions de réversion. "Rien ne changera pour les retraités d'aujourd'hui", a-t-il assuré. "Et demain?", se sont récriés des députés.

- "Narcissique" -

Emmanuel Macron a consacré peu de temps aux dossiers de l'islam, des migrations et de l'Europe. "La frontière véritable qui traverse l'Europe est celle aujourd'hui qui sépare les progressistes des nationalistes (..) Ce sera difficile mais le combat est clairement posé" et sera "au cœur des enjeux de l'élection européenne de 2019", a-t-il estimé.

Avant le discours, le chef de l'Etat avait déjeuné avec les responsables des groupes parlementaires ayant accepté son invitation, sans LR, PS, PCF et LFI.

La totalité des députés LFI et une poignée de LR ont ensuite boycotté le discours, à la différence des communistes, qui s'étaient rassemblés à la mi-journée devant la salle du Jeu de Paume, haut lieu de la Révolution française, pour "prêter" serment contre la "monarchie présidentielle".

Durant l'allocution, les ténors des Insoumis ont été très actifs sur Twitter, avec le mot-dièse "MacronMonarc", pour dénoncer un discours jugé "saoulant" par Jean-Luc Mélenchon. "Que de banalités pour masquer une politique injuste", a dénoncé Alexis Corbière.

Boris Vallaud, porte-parole du parti socialiste, a critiqué une "mise en scène narcissique" qui "masque la banalité du fond et l'absence de vraies propositions".

Emmanuel Macron a "multiplié les formules incantatoires" pour Nicolas Bay, eurodéputé Rassemblement national (ex-FN), et "enfoncé les portes ouvertes" pour Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France.

Tenant compte de la polémique suscitée par le discours, le président a annoncé que le gouvernement proposerait d'amender la Constitution pour que le chef de l'Etat puisse écouter les parlementaires et leur répondre lors des Congrès.

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