Macron critique "ceux qui pensent que le summum de la lutte c'est les 50 euros d'APL"

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Par Gaëlle GEOFFROY, Paul AUBRIAT - Paris (AFP)
Publié le 07 mai 2018 - 17:58
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Le président Emmanuel Macron à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, le 5 mai 2018
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© Ludovic MARIN / AFP/Archives
Le président Emmanuel Macron à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, le 5 mai 2018
© Ludovic MARIN / AFP/Archives

Un an pile après son élection, Emmanuel Macron était accusé lundi de mépris social pour avoir critiqué dans un documentaire "ceux qui pensent que le summum de la lutte c'est les 50 euros d'APL", qu'il met en regard des "valeurs" pour lesquelles le colonel Beltrame est mort lors des attentats de Trèbes.

"Le colonel Beltrame est mort parce que la France, ce sont des idées, des valeurs, quelque chose d'une guerre qui le dépasse", fait valoir le chef de l'État dans un documentaire devant être diffusé lundi soir sur France 3.

Or, selon lui, "les gens qui pensent que la France, c'est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus (sic), une République dont on ne connaît plus l'odeur", et où l'"on invoque la tragédie dès qu'il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte c'est les 50 euros d'APL... Ces gens-là ne savent pas ce que c'est que l'histoire de notre pays".

Pour définir cette histoire, le président énumère "une histoire d'absolu, (...) un amour de la liberté au-delà de tout, c'est une volonté de l'égalité réelle : c'est ça, la France", dit-il dans ce documentaire réalisé par Bertrand Delais, intitulé "Emmanuel Macron, la fin de l'innocence".

"Nous sommes la France, et la France est un pays qui ne se réforme pas. On est un pays qui se cabre", constate-t-il encore, en faisant observer qu'"il y a en nous un goût romantique pour la lutte qui fait que, quand bien même ces statuts ne sont pas pour nous, on vit dans l'idée de pouvoir un jour les obtenir, on aime la lutte de celui qui les protège". "Ça fait partie de la vie politique française, il faut le regarder avec respect et amour de notre histoire", estime-t-il.

- "Petit", "misérable" -

Avant même sa diffusion, le documentaire suscitait la polémique.

"Emmanuel Macron méprise les gens qui se sont indignés pour la baisse des APL. C'est petit et indigne de sa fonction", a tweeté le député de La France insoumise Alexis Corbière sur Twitter.

"Se servir de la magnifique figure du colonel Beltrame pour salir ceux qui luttent pour leurs droits est misérable", a tweeté de son côté le PCF, tandis que le porte-parole du PS Boris Vallaud jugeait "petit d'opposer les héros des plus pauvres", estimant que "ceux qui sont à 20 euros près ne méritent pas ce mépris".

Pour le président LR du Sénat Gérard Larcher, "on ne peut pas avoir des mots raccourcis. L'APL est un sujet important pour des millions de familles françaises et il faut qu'on le traite avec équité", a-t-il déclaré sur LCI.

La présidente du FN Marine Le Pen y voit pour sa part, sur Radio Classique, une "indécence. Les préoccupations de ceux qui n'arrivent à pas à finir leurs fins de mois ne l'intéressent pas. Ce n'est pas son monde".

Pour Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, sur BFMTV, "la petite phrase (...) montre sa haute considération pour les gens qui ont peu ou pas grand-chose", ce qui est "à l'image de sa première année."

La baisse à l'automne dernier des aides personnalisées au logement (APL), de 5 euros mensuels pour 6,5 millions de ménages bénéficiaires, avait été vivement critiquée par les ONG de défense des mal-logés, les bailleurs sociaux et certains syndicats.

Dimanche, le secrétaire d'État à la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, a reconnu que cette baisse avait été une "mauvaise décision" et promis qu'il n'y "aurait plus aucun perdant" en matière d'APL.

Le Premier ministre Édouard Philippe avait qualifié de "pas intelligent" ce coup de rabot, qui représente une économie mensuelle de 32,5 millions d'euros pour l'État. Il l'avait justifié par la nécessité de réaliser les économies prévues dans le budget 2017 par la majorité précédente, argument repris par Richard Ferrand, chef de file des députés de La République en marche (LREM), lundi, pour qui la mesure était "une connerie inévitable".

Dans les propos fustigés lundi, "il parle des gens qui instrumentalisent cela politiquement", a fait valoir la secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa sur France Culture.

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