Macron place les maires au centre de l'acte 2 du quinquennat

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Par Dominique CHABROL - Paris (AFP)
Publié le 19 novembre 2019 - 05:00
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Emmanuel Macron, à l'hôtel de ville d'Epernay, le 14 novembre 2019
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© Eliot BLONDET / POOL/AFP/Archives
Emmanuel Macron, à l'hôtel de ville d'Epernay, le 14 novembre 2019
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"Rien ne se fera sans vous": Emmanuel Macron a mis les maires au centre de l'acte 2 de son quinquennat devant plusieurs milliers d'entre eux, réunis mardi Porte de Versailles pour l'ouverture du congrès des maires de France.

"J'ai besoin de vous", a lancé à plusieurs reprises le chef de l’État, que ce soit sur l'économie, la sécurité, l'éducation, le social, la santé, la transition écologique et bien sûr la défense des valeurs de la République.

"Je n'ai d'autre obsession que d'agir, de réformer et de faire avec vous", a-t-il martelé, poursuivant son opération de séduction auprès des élus à quatre mois des élections municipales, un an après avoir boudé ce rendez-vous annuel.

Dans une ambiance apaisée, le président a été poliment applaudi quand il a évoqué la hausse de la rémunération des maires ou la question de la consigne des bouteilles en plastique sur laquelle "rien ne sera fait sans l'accord des maires".

Il a promis de nouvelles mesures contre le communautarisme "dans les prochaines semaines", mais s'est prononcé contre l'interdiction des listes communautaires aux municipales de mars. Une forme de fin de non recevoir à la proposition de loi de la droite d'interdire ces listes.

Les maires sont prêts à participer à "un grand débat" sur la décentralisation, avait auparavant affirmé François Baroin, le président LR de l'Association des maires de France, au cours d'un discours consensuel. "Nous sommes disponibles pour ouvrir un grand débat qui sera une chance pour nos administrés, les usagers des services publics, mais qui peut être aussi une grande chance pour l’État", a-t-il souligné.

A l'issue du grand débat pour sortir de la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron avait annoncé une nouvelle étape de décentralisation que le gouvernement doit présenter à la fin du premier semestre 2020.

"Oui à la décentralisation! Mais à la décentralisation où les compétences sont accompagnées d'une décentralisation claire des financements et des responsabilités qui vont avec", a averti le président Macron.

Évoquant un mandat municipal (2014-2020) parmi "les plus difficiles des dernières décennies", François Baroin a une nouvelle fois dénoncé la suppression de la taxe d'habitation décidée par l'exécutif, "qui reste en travers de la gorge" des maires.

En 2018, le chef de l’État avait fait l'impasse sur le congrès de l'AMF, en période de fortes tensions avec les élus locaux. Il s'est appuyé depuis sur les maires lors du grand débat et multiplie les signes en direction des élus.

Il recevra mercredi soir, comme en 2018, plus de 1.500 maires à l’Élysée et le Premier ministre Édouard Philippe interviendra "sur le volet opérationnel" jeudi, en clôture du congrès.

- Points de friction -

Outre la suppresion de la taxe d'habitation, la répartition des compétences entre les communes et les intercommunalités -notamment sur l'eau et l'assainissement - reste un point de friction entre l'exécutif et les maires. "Notre demande est simple: la liberté de choix de nos communes", a lancé le vice-président de l'AMF André Laignel (PS), au terme d'un discours plus offensif.

"Si durant votre campagne, beaucoup de vos électeurs vous reprochent la baisse [d'impôt]... Faites-le moi savoir! Et qu'ils viennent se plaindre! Et parfois, peut-être, vous aurez le droit d’empocher les félicitations qu'ils vous livrent à vous et pas au gouvernement", a répondu, sur le ton de la boutade Emmanuel Macron.

A l'issue de son discours, les réactions des élus étaient plutôt réservées. "C'est une litanie d'autosatisfaction. Il est très loin des réalités du terrain", estimait Alexandre Vincendet, maire LR de Rilleux-la-Pape, dans la métropole lyonnaise. "Force est de constater que le Président de la République n’a toujours +rien compris+ à la décentralisation", a réagi le PS, pour qui "les Maires n’attendent pas des paroles enjôleuses mais de la confiance pour s’administrer librement, dans le respect de leur autonomie financière".

D'autres saluaient en revanche "un discours d'apaisement" et la volonté du chef de l’État d'être plus proche du terrain.

Pendant le congrès, l'Assemblée nationale examinera jusqu'à vendredi le projet de loi "Engagement et proximité" qui se veut une réponse concrète aux attentes des maires exprimées lors du grand débat, en particulier ceux des communes rurales.

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