Macron affiche son entente avec Xi mais s'inquiète pour Hong Kong

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Par Jérôme RIVET, Patrick BAERT - Pékin (AFP)
Publié le 06 novembre 2019 - 11:43
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Le président français Emmanuel Macron et son homologue chinois Xi Jinping, lors d'une conférence de presse commune le 6 novembre 2019 à Pékin
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© JASON LEE / POOL/AFP
Le président français Emmanuel Macron et son homologue chinois Xi Jinping, lors d'une conférence de presse commune le 6 novembre 2019 à Pékin
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Emmanuel Macron et Xi Jinping ont affiché leur entente mercredi au dernier jour de la visite du président français en Chine, faisant front commun pour défendre l'accord de Paris sur le climat, mais ce dernier a pris le risque de froisser son hôte en évoquant les manifestations à Hong Kong.

Les présidents français et chinois ont réaffirmé à Pékin leur "ferme soutien" à l'accord de 2015 sur le changement climatique, face aux Etats-Unis de Donald Trump qui viennent d'officialiser leur retrait.

La Chine est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre.

Après avoir déploré la décision américaine, ils ont tenu à affirmer devant la presse que l'accord était "un processus irréversible".

"Parce que quand la Chine, l’Union européenne, la Russie s’engagent avec fermeté, le choix isolé de tel ou tel autre ne suffit pas à changer le cours du monde. Il ne conduit qu’à (le) marginaliser", a estimé Emmanuel Macron.

La visite du président français, arrivé lundi soir à Shanghai, a été largement placée sous le signe du multilatéralisme et du libre-échange, dans un pays aux prises avec une guerre commerciale lancée par Donald Trump.

"Nous sommes pour l'égalité de traitement et contre la loi de la jungle et les actes d'intimidation", a répété Xi Jinping.

Les deux présidents ont formalisé leur entente dans un "Appel de Pékin sur la conservation de la biodiversité et le changement climatique", publié à l'issue d'un entretien dans le cadre solennel du Palais du peuple.

Emmanuel Macron a quitté Pékin pour Paris en fin de journée au terme de sa deuxième visite en deux ans, durant laquelle il a affiché sa proximité avec Xi Jinping.

Notamment à Shanghai, où ils ont goûté ensemble du vin et du boeuf français, puis lors d'un dîner privé au clair de lune avec leurs épouses.

- Boeuf et nucléaire -

Alors que Pékin rejette toute "ingérence étrangère" dans ses affaires intérieures, Emmanuel Macron a assuré avoir évoqué à plusieurs reprises la situation à Hong Kong avec Xi Jinping, après cinq mois de manifestations dans l'ex-colonie britannique.

"Nous avons parlé de tous les sujets de manière extrêmement libre", a-t-il affirmé. "J'ai évidemment fait part de nos préoccupations, ce sont aussi celles de l'Europe. Nous avons appelé à plusieurs reprises au dialogue (...) à la retenue, à la désescalade".

Le président français, qui a promis de venir en Chine tous les ans, a insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de donner une dimension bien plus européenne à la relation avec Pékin. Afin de peser davantage qu'un pays de 65 millions d'habitants face à un géant de 1,4 milliard devenu la deuxième économie mondiale et aux moyens colossaux.

"Je pense que la Chine a compris maintenant que l'Europe était organisée, que nous avions un agenda d'ouverture et de souveraineté et que nous avions la volonté d'avancer ensemble groupés comme un partenaire crédible et efficace", a-t-il assuré.

Emmanuel Macron, venu en Chine avec une ministre allemande et un Commissaire européen, devra cependant convaincre les autres pays de l'UE de "jouer européen" dans un contexte de course aux investissements chinois, notamment dans le cadre des "Nouvelles routes de la soie" lancées par Pékin.

En attendant, la visite a donné lieu à une moisson d'annonces d'accords, certes moins spectaculaires que lors de la visite en mars de Xi Jinping en France, lorsque la Chine avait passé commande de 300 Airbus.

"On avait alors vidé la cuve" des commandes d'avions, a fait observer l'Elysée, qui s'est refusé à donner le montant total des accords, évalué à 15,1 milliards de dollars par Pékin.

Le plus gros dossier est le "méga-contrat" de l'usine de retraitement de combustible nucléaire pour lequel Orano (ex-Areva) est en négociations depuis une dizaine d'années.

Les deux pays ont convenu de parvenir avant fin janvier à un accord sur ce dossier qui achoppe sur la question cruciale... du prix. La facture d'Orano est estimée aux alentours de 10 milliards d'euros.

- Astérix en mission -

Plus que les seuls contrats commerciaux, Paris insiste pour obtenir un meilleur accès au marché chinois -- une préoccupation qui rejoint celle des Etats-Unis et de nombreux autres pays.

La visite a aussi été placée sous le signe de la coopération culturelle, avec l'inauguration à Shanghai d'une antenne du Centre Pompidou, la première hors d'Europe.

Dans la délégation présidentielle, l'acteur et cinéaste Guillaume Canet a cherché à obtenir l'autorisation de tourner le prochain opus d'un célèbre Gaulois au pied de la Grande muraille. "Astérix va connaître les routes de la soie et permettre de partager nos imaginaires les plus populaires", s'est félicité Emmanuel Macron.

Quant à la Grande muraille, elle verra s'élever, à l'endroit où elle rejoint la mer, une version chinoise du parc d'attraction français Puy-du-Fou.

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