Macron : terrorisme et politico-militaire pour "remaçonner" la stratégie franco-américaine

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Par AFP - Paris
Publié le 06 mai 2018 - 09:53
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Le président Emmanuel Macron à son arrivée à l'aérport de Nouméa, le 3 mai 2018 en Nouvelle-Calédonie
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© Ludovic MARIN / AFP/Archives
Le président Emmanuel Macron à son arrivée à l'aérport de Nouméa, le 3 mai 2018 en Nouvelle-Calédonie
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La lutte contre le terrorisme et les thématiques politico-militaires sont ce qui permettront de "remaçonner" la relation avec les Etats-Unis, estime Emmanuel Macron dans un entretien au Journal du Dimanche évoquant notamment son activité diplomatique lors des frappes du mois dernier en Syrie

"Sur l'axe transatlantique, il faut remaçonner la stratégie avec Donald Trump en se focalisant sur le politico-militaire et la lutte contre le terrorisme", souligne le chef de l'Etat dans ce long entretien consacré à la politique étrangère, assurant qu'il "parle au président américain en sachant parfaitement que sa politique étrangère répond toujours à ses objectifs de politique intérieure", avec un "prisme anti-iranien".

Estimant que Donald Trump n'a décidé de lancer des frappes en Syrie qu'après lui avoir parlé, M. Macron précise: "il n'avait pas décidé le 8 avril de sa réaction aux attaques chimiques et je lui dis que Bachar al-Assad nous teste dans cette nouvelle séquence, qu'il n'est pas question de faire la guerre à la Syrie mais que compte tenu des preuves dont nous disposons notre frappe conjointe sur des seuls sites chimiques est décisive pour notre crédibilité et pour contenir le permis de nuisance du régime".

Quant à l'accord sur le nucléaire iranien, dont Donald Trump pourrait retirer les Etats-Unis dans une semaine, "j'essaie de lui rappeler la logique interne des différents dossiers liés à l'Iran. Aussi pour le ramener sur la Syrie", ajoute le chef de l'Etat, qui s'est montré pessimiste sur sa capacité à convaincre son homologue américain sur le sujet lors de sa récente visite à Washington.

Estimant par ailleurs que les frappes anglo-franco-américaines sur la Syrie ont été "une opération complexe très réussie, remarquablement coordonnée à trois alliés", M. Macron estime également que le "dialogue de vérité (franco-russe) sur la Syrie a aidé à faire passer des messages au régime syrien, tout en prenant en compte notre démarche sur la solution politique pour la Syrie de demain".

Vladimir "Poutine a compris que je ne suis pas un néo-conservateur, je ne suis pas interventionniste, je ne veux pas faire la guerre au régime syrien (...)", estime M. Macron, en évoquant une conversation téléphonique "calme" avec son homologue russe le jour des frappes: "je crois qu'il a compris notre détermination et que je voulais éviter une escalade. Je lui ai rappelé ce qu'il m'avait dit en mai 2017, à Versailles, lorsque j'avais fixé les conditions d'une ligne rouge sur le chimique, que lui-même avait reconnue comme nécessaire", poursuit M. Macron.

Selon lui, "le fait que la Russie s'est retrouvée en minorité sur le vote de sa propre résolution à l'ONU après ces frappes a montré qu'elles bénéficiaient d'un cadre de légitimité".

Le JDD publie parallèlement à cette analyse d'Emmanuel Macron sur sa propre politique étrangère des tribunes très critiques de la députée LFI Clémentine Autain et de la sénatrice LR Joëlle Garriaud-Maylam.

Mme Autain accuse le chef de l'Etat d'avoir "rendu notre diplomatie plus dépendante que jamais", en particulier envers l'Otan et les Etats-Unis, ce qu'elle qualifie d'"atlantisme décomplexé", et lui reproche d'avoir reçu "en grande pompe le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane" en dépit de la guerre au Yémen, ce qu'elle qualifie de "diplomatie du Rafale".

Elle stigmatise également "le cynisme de ce président qui sacrifie ses alliés kurdes dans la lutte contre Daech pour préserver des accords indignes avec la Turquie et tenir hors de nos frontières les réfugiés syriens".

Quant à Mme Garriaud-Maylam, tout en prenant acte de "quelques coups politiques habiles, comme l'exfiltration du Premier ministre libanais Saad Hariri de Ryad", elle stigmatise "quelques actions trop précipitées, comme les frappes en Syrie. Si celles-ci étaient justifiées moralement par le refus des armes chimiques, elles étaient trop hâtives pour ne pas donner un sentiment de malaise", selon elle.

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