Maintien de l'ordre : nouvelle charge contre les "violences illégitimes" des policiers

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Par Alice LEFEBVRE - Paris (AFP)
Publié le 11 mars 2020 - 16:47
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Un policier tient un LBD lors d'une manifestation des "gilets jaunes", le 13 avril 2019 à Paris
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Un policier tient un LBD lors d'une manifestation des "gilets jaunes", le 13 avril 2019 à Paris
© Thomas SAMSON / AFP/Archives

Dangerosité du LBD, manque de transparence et violences "illégitimes": l'ONG Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat) a dénoncé mercredi les errements du maintien de l'ordre en France depuis le mouvement des "gilets jaunes".

Dans une étude lancée au début du mouvement en novembre 2018, l'Acat s'inquiète du "déni des autorités" face aux critiques sur l'usage de la force lors de ces manifestations, déplorant la "règne de l'opacité" et la multiplication de "violences illégitimes".

Sous le feu des critiques depuis plusieurs mois, l'exécutif a engagé une réflexion sur le maintien de l'ordre mais réfute l'existence de "violences policières" et rejette la responsabilité des heurts sur une frange radicale des manifestants.

Selon l'ONG, une "part conséquente" des personnes les plus grièvement blessées depuis novembre 2018 n'ont toutefois pas pris part aux violences, ce qui conduit à s'interroger sur "le caractère proportionné et nécessaire de la force déployée" lors des manifestations.

L'association déplore également l'absence de "données exhaustives" sur le nombre d'armes intermédiaires (LBD, grenades...) utilisées et assure par ailleurs que leur mise en place ne fait l'objet "d'aucune communication auprès de la population".

"Ceci est d'autant plus dangereux que plusieurs armes sont en réalité plus dangereuses que ce qu'indique le ministère de l'Intérieur", affirme le rapport.

En janvier, le ministère de l'Intérieur avait décidé de retirer les grenades lacrymogènes GLI-F4, accusées de causer des mutilations chez les manifestants, et de les remplacer par les GM2L, même si ces dernières sont tout aussi "controversées" selon l'Acat, qui en réclame la suspension.

L'ONG demande également l'interdiction des lanceurs de balle de défense (LBD), largement critiqués par les partis de gauche ou les associations et dont les tirs auraient au total éborgné 24 manifestants depuis novembre 2018.

Le rapport déplore aussi un "manque de transparence" sur le nombre de blessés, qui serait "régulièrement sous-estimé".

- Problématique de la BAC -

"Nous n'avons pas de décompte exhaustif du nombre de blessés depuis le début du mouvement des +gilets jaunes+ car aujourd'hui personne ne prend en compte les séquelles psychologiques des violences illégitimes", a souligné Marion Guémas, responsable du programme police à l'Acat, lors d'une conférence de presse.

Autre grief: la difficile identification des forces de l'ordre, dont certains membres ne respectent pas l'obligation de porter leur numéro de matricule ou se cachent le visage, accuse le rapport.

"Nous constatons aussi qu'il est difficile d'identifier les armes mises en cause quand des manifestants sont blessés et cela entrave l'enquête", précise Marion Guémas.

L'ONG s'alarme également de la mobilisation "problématique" de forces non spécialisées, et "surtout" non formées aux armes utilisées. En premier lieu, les Brigades anti-criminalité (BAC), qui interviennent "uniquement" pour interpeller les manifestants et "venir au contact".

Cette évolution du maintien de l'ordre "entraîne l'augmentation des tensions entre manifestants et forces de l'ordre" et "l'escalade de la violence", estime Marion Guémas.

D'ailleurs, selon l'ONG, "aucune information n'est communiquée sur les suites judiciaires données aux plaintes pour violences policières illégitimes".

Selon des chiffres communiqués par le Premier ministre Edouard Philippe, 360 enquêtes judiciaires avaient été ouvertes au 21 janvier pour des soupçons de violences policières lors des manifestations et 230 d'entre elles ont été clôturées et renvoyées à la justice.

Deux policiers ont par ailleurs été condamnés en décembre à des peines de prison avec sursis pour des violences contre des manifestants.

Contacté par l'AFP, le ministère n'a pas fait de commentaires sur le contenu du rapport mais estime qu'il constitue "une contribution citoyenne documentée sur les évolutions de l’ordre public".

Selon Beauvau, ce rapport sera "étudié" dans le cadre des travaux sur le schéma national du maintien de l'ordre, dont les conclusions doivent être publiées après les municipales.

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