Maladie de Lyme : deux labos attaqués en justice sur la fiabilité de leurs tests

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Par Céline AGNIEL - Nanterre (AFP)
Publié le 03 mars 2020 - 11:58
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Manifestation pour dénoncer l'insuffisance du dépistage de la maladie de Lyme, à Paris le 3 juillet 2019
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© ALAIN JOCARD / AFP
Manifestation pour dénoncer l'insuffisance du dépistage de la maladie de Lyme, à Paris le 3 juillet 2019
© ALAIN JOCARD / AFP

Ils accusent les tests de dépistage de ne pas avoir détecté leur maladie à temps: 93 patients atteints de la maladie de Lyme, transmise par les piqûres de tiques, assignent jeudi deux laboratoires pour commercialisation de "produits défectueux".

Les patients, qui attaquent en responsabilité civile les laboratoires italien DiaSorin et américain Bio-Rad devant le tribunal de Nanterre, sont vent debout contre les tests de diagnostic de type "Elisa", censés permettre de détecter la Borrélia, la bactérie responsable de la maladie de Lyme.

Or ces tests "produisent des faux positifs et des faux négatifs", font valoir les avocats des demandeurs, Julien Fouray et Catherine Faivre, qui ont lancé cette action collective -le "Lymaction"- en 2016, en soulignant que la fiabilité des tests est "contestée par une partie de la communauté des infectiologues".

Les tests "Elisa", première étape du dépistage de la maladie, sont basés sur un test sanguin et sont systématiquement utilisés depuis 2006 pour détecter la maladie chez un patient, en vertu d'un protocole établi par les autorités sanitaires.

Selon les deux avocats du barreau d'Epinal, ces tests détectent "entre trois et cinq souches pathogènes identifiées alors qu'il en existe une vingtaine, selon le Centre national de référence de Strasbourg".

- "Préjudice d'anxiété" -

Ce sont donc "des produits défectueux" et "la responsabilité des fabricants est directement engagée à raison du préjudice d'anxiété né, chez les patients, de l'incertitude attachée aux résultats des tests", explique Me Fouray.

La maladie de Lyme se guérit facilement par prise d'antibiotiques, lorsqu'elle est prise en charge tôt, mais est difficile à identifier dans ses formes tardives car ses symptômes peuvent être nombreux et ne sont pas spécifiques (maux de tête, nausées, douleurs articulaires et musculaires, problèmes neurologiques, etc.).

Ni l'avocat ni la direction de DiaSorin n'ont pu être joints pour commenter l'action intentée contre eux. Une porte-parole de Bio-Rad contactée par l'AFP n'a, elle, pas souhaité communiquer "sur une procédure en cours".

Après ce premier round judiciaire, il y aura "d'autres assignations" devant des juridictions civiles dans les mois qui viennent à Paris et Bobigny, souligne Me Fouray.

Et "près d'un demi-millier de plaignants" vont se pourvoir au pénal à Paris, poursuit-il, souhaitant cependant rester discret sur cette procédure, lancée en février 2018, avant l'audience de jeudi.

Les 600 malades que les deux avocats représentent au sein de "Lymaction" "attendent en tout cas beaucoup" de ces procédures, souligne Me Faivre.

Diagnostic et traitement de la borréliose de Lyme sont des enjeux récurrents de polémiques depuis les premières recommandations officielles édictées en 2006.

La Haute autorité de santé doit convoquer un nouveau groupe de travail en mars pour travailler à des recommandations sur le dépistage et la prise en charge de la maladie actualisées d'ici à l'été.

Les dernières, élaborées avec l'aide d'associations de patients, datent de juillet 2018. Mais l'Académie de médecine et plusieurs institutions médicales les ont aussitôt critiquées, invitant les professionnels de santé à ne pas les suivre. Une vingtaine de ces institutions ont même publié l'an dernier leurs propres "recommandations", laissant malades et praticiens dans le flou.

En France, la maladie de Lyme - dont le nombre de cas est probablement sous-évalué car ce n'est pas une pathologie à déclaration obligatoire - a touché plus de 68.500 personnes en 2018, soit en moyenne 104 cas pour 100.000 habitants, selon les dernières estimations publiées par l'agence Santé publique France.

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