A Marseille, contrôle des mesures de confinement devant un "plan stup'"

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Par Olivier LUCAZEAU - Marseille (AFP)
Publié le 26 mars 2020 - 11:48
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Des policiers lors d'une opération anti-drogue à la Cité des Oliviers à Marseille le 25 mars 2020
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© CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
Des policiers lors d'une opération anti-drogue à la Cité des Oliviers à Marseille le 25 mars 2020
© CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Coronavirus ou pas, le trafic de drogue continue à la cité des Oliviers à Marseille: mais mercredi, acheteurs et vendeurs ont trouvé en guise de comité d'accueil des policiers venus les verbaliser pour... des infractions aux règles de confinement.

"Le +plan stup+ des Oliviers A, c'est un chiffre d'affaires de 70.000 euros par jour en temps normal, un des points les plus actifs de Marseille", explique le commissaire Patrick Longuet, chef de la division Nord à Marseille, au pied de cette longue barre d'immeuble triste et grise du 13e arrondissement de Marseille. Au coeur d'un de ces quartiers déshérités de la cité phocéenne, gangrénés par le chômage, le logement insalubre et le trafic de stupéfiants.

Mercredi, vers 16H00, une trentaine de policiers de la BAC et de la BST (brigade spécialisée de terrain) ont encerclé la cité. Objectif: vérifier la stricte application du confinement, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Dans leur viseur: vendeurs et acheteurs de stupéfiants.

"Ce sont deux catégories de personnes qui ne respectent pas le confinement, qui donc sont vecteurs de contamination", insiste Emmanuel Barbe, le préfet de police, en soulignant le fait qu'il ne s'agit pas d'une opération anti-drogue: "Et si au passage nous rendons plus compliqué le trafic de drogue, ce n'est pas plus mal !"

- Corniche Kennedy et cités -

D'ailleurs aucun produit n'est saisi, même si un jeune vendeur a en poche la liste des substances disponibles au lieu d'une attestation de déplacement dérogatoire.

Au cours de cette opération d'une heure environ, tous les véhicules sont contrôlés, ainsi que les jeunes en scooters ou à pied. Et une cinquantaine de PV sont dressés. Comme pour ces trois hommes, la vingtaine environ, qui repartent en voiture.

"Ils venaient du 2e, du 3e et du 14e arrondissements, selon leurs attestations ils venaient faire des courses de première nécessité, dans un endroit où il n'y a aucun commerce", sourit un policier: "Trois fois 135 euros, ça fait cher la +barrette+ !"

Des balcons, quelques insultes fusent. Un projectile vole, une pomme a priori, et s'écrase à trois mètres du préfet de police.

"Il n'y a pas d'endroits où la police ne va pas, nous contrôlons l'application du confinement partout dans Marseille, Corniche Kennedy (NDLR: sur le front de mer, au pied des quartiers chics) ou ici", insiste Emmanuel Barbe.

"Ceux qui vendent de la drogue sont des marchands de mort, et ils violent la loi deux fois en violant aussi les règles du confinement. On ne peut pas jeter un voile pudique sur cette situation, nous sommes face à un enjeu de santé publique majeur".

Sami, un habitant de la cité, ne cache pas sa colère: "Ils me contrôlent en bas de chez moi, 135 euros d'amende. Je suis un pigeon, moi ? Allez contrôler ailleurs ! Allez en ville, il y a des gens qui vendent des cigarettes ou je ne sais pas quoi!"

Dans une autre voiture, deux jeunes femmes sont verbalisées. A l'arrière, deux enfants. Elles repartent, tout sourire, après avoir filmé l'incident avec leur téléphone portable. Officiellement, elles venaient voir leur grand-tante.

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