A Marseille, la grève de cantine, cauchemar des parents

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Par Estelle EMONET, Francois BECKER - Marseille (AFP)
Publié le 18 décembre 2018 - 17:07
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A Marseille, des centaines de cantines scolaires sont paralysées depuis plus d'une semaine par une grève du personnel
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© GEORGES GOBET / AFP/Archives
A Marseille, des centaines de cantines scolaires sont paralysées depuis plus d'une semaine par une grève du personnel
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C'est le cauchemar des parents et le rêve des "minots": à Marseille, des centaines de cantines scolaires sont paralysées depuis plus d'une semaine par une grève du personnel, spécialité locale qui menace de durer jusqu'à Noël.

Chips et sandwiches: mardi, environ 200 personnes, grévistes et parents excédés, ont pique-niqué sous les fenêtres du maire LR Jean-Claude Gaudin pour le presser de trouver une issue à ce nouveau mouvement social des "tatas", comme est appelé le personnel municipal des écoles à Marseille.

La CGT a lancé le mouvement la semaine dernière, pour les effectifs et les rémunérations, et a été suivie cette semaine par FO, premier syndicat à la ville. Les crèches sont aussi touchées. Mardi, sur les 444 écoles publiques de la deuxième ville de France, 287 cantines étaient fermées, 82 ouvertes pour les enfants qui apportent leur propre casse-croûte et seulement 75 servaient des repas chauds.

La grève, "sans fondement" selon la mairie, a des airs de déjà-vu pour les parents des 68.000 enfants inscrits à la cantine dans la cité phocéenne. L'été dernier, les restaurants scolaires étaient restés fermés trois semaines, et plusieurs fois par an il leur faut jongler avec le travail ou solliciter en urgence les grands-parents pour les déjeuners.

C'est le cas de Laurie Guerin qui s'organise avec d'autres parents pour garder les enfants à tour de rôle. "Déjà, quand j'étais élève, il y avait grève pour les mêmes problèmes", se désole cette maman, entourée de ses deux enfants, au pique-nique de protestation.

"Je ne tiens pas le personnel pour responsable, il n'a pas d'autres choix puisqu'il n'est pas entendu depuis des années. C'est à la mairie de bouger", estime-t-elle. Un avis pas forcément partagé par tous les parents: la fédération de parents d'élèves Peep 13 a appelé, elle, les syndicats à "faire preuve de sagesse et de responsabilité".

- "Un prétexte pour faire grève" -

Régulièrement étrillée pour sa gestion des écoles publiques, la mairie est sortie de son mutisme sur le dossier "cantines", avec une lettre dénonçant ceux qui "essaient de prendre les familles en otage".

Elle estime que le mouvement est né de sa décision de porter le temps de travail à 1.607 heures annuelles, le minimum légal. Jusque-là, le personnel municipal travaillait 40 heures de moins, et la mairie a été dans le viseur de la chambre régionale des comptes puis du parquet national financier à ce sujet.

"C'est 11 minutes de travail en plus par jour! Un prétexte pour faire grève", s'est exclamée l'adjointe au maire chargée des écoles Danièle Casanova. "Cette grève est inhumaine", abonde le président de la majorité LR Yves Moraine, qui étrille les "tatas", leur absentéisme qui atteindrait "10%, 12% voire 20%" chaque jour, et les procédures "longues mais qui aboutissent facilement" pour se faire reconnaître inapte. Les grèves sont menées quelques heures par jour pour ne pas perdre une journée entière de salaire, souligne-t-il encore.

De leur côté, les syndicats dénoncent la pénibilité du travail. "Tous les jours, il y a des disputes entre les enfants" du fait du manque de personnel, témoigne pendant le pique-nique Shéhérazade, "tata" dans une école des quartiers nord.

"On a l'un des quotas de surveillance les plus bas de France avec un agent pour 25 enfants en maternelle et un pour 50 en élémentaire. La mairie fait pourrir la situation", souligne Pascale Beaulieux, de la CGT, qui dénonce les "mensonges éhontés" de la mairie.

La ville estime être dans les clous avec un agent pour 18 élèves en moyenne --mais ce chiffre ne tient pas compte des centaines d'arrêt-maladie et congés quotidiens. Les revendications sur les cantines, "c'est le tonneau des Danaïdes", estime Yves Moraine, pour qui la mairie a beaucoup négocié et donné: ouverture de comptes épargne-temps, primes, recrutements - jugés insuffisants par les syndicats.

A quatre jours des vacances, la mairie a déjà commencé à s'organiser au cas où les cantines ne rouvriraient pas après le Nouvel-An.

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