A Marseille, médecins et chercheurs "sur le pied de guerre" face au coronavirus

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Par Olivier LUCAZEAU - Marseille (AFP)
Publié le 26 février 2020 - 17:25
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Le professeur et biologiste Didier Raoult, directeur de l'Institut Méditerranée Infection, le 26 février 2020 à Marseille
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© GERARD JULIEN / AFP
Le professeur et biologiste Didier Raoult, directeur de l'Institut Méditerranée Infection, le 26 février 2020 à Marseille
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A Marseille, l'Institut Méditerranée Infection est "sur le pied de guerre": comme des soldats prêts à monter au front, chercheurs, médecins et laborantins sont mobilisés pour réagir face à une hypothétique pandémie de coronavirus.

Dans les laboratoires, les tests s'enchaînent pour détecter une éventuelle contamination chez des patients "suspects"; au troisième étage, 25 chambres spécialement isolées sont prêtes à accueillir d'éventuels malades hautement contagieux.

"C'est comme la guerre, on ne peut faire que de l'ajustement au quotidien", insiste le professeur Didier Raoult, directeur de l'institut, en évoquant ce virus qui touche une quarantaine de pays et a provoqué plus de 2.700 morts.

"Napoléon le disait, si vous avez préparé un plan et que vous le suivez, vous perdez la guerre", lâche cet expert mondial en matière de maladies infectieuses.

Dans un bâtiment flambant neuf au coeur de l'hôpital de La Timone, pas de plan de bataille donc, mais une vigilance au quotidien.

Au rez-de-chaussée, le laboratoire de biologie moléculaire est l'un des plus sollicités en France depuis des semaines pour identifier l'adversaire, le virus à combattre.

Devant un poste de sécurité microbiologique, un laborantin lance l'analyse du prélèvement fait sur un Marseillais de retour d'un week-end en Lombardie (nord de l'Italie). Toux, légère fièvre, l'ombre du Covid-19 est là.

Equipé d'une blouse, d'une sur-blouse, de gants et le visage masqué, il ouvre le tube scellé contenant l'écouvillon utilisé pour prélever la salive du patient. La manipulation s'effectue sous une hotte: l'air projeté sert de barrière pour éviter la propagation d'un éventuel virus.

Le prélèvement est ensuite mélangé avec des enzymes et des billes magnétiques, puis placé dans un extracteur, afin de capter l'acide nucléique du potentiel virus, son ADN.

Dernière étape: cet acide nucléique microbien est amplifié dans un thermocycleur, où il va être chauffé successivement à 90, 60 et 75 degrés, une quarantaine de fois de suite.

- Verdict en deux heures -

C'est dans ces murs qu'ont été testés les centaines de prélèvements faits sur les rapatriés confinés dans le sud de la France après leur évacuation de Wuhan, berceau chinois de ce nouveau coronavirus.

C'est encore ici que mardi a été analysé l'échantillon prélevé sur un Kurde de 16 ans réfugié à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) et soudainement fiévreux. Comme à chaque fois, le résultat a été négatif: la Timone n'a encore accueilli aucun malade du Covid-19.

"Avec nos dix thermocycleurs, capables d'analyser chacun 96 échantillons en même temps, nous pouvons effectuer près de 1.000 tests en deux heures, soit des milliers de tests quotidiennement", explique Pierre-Edouard Fournier, professeur en microbiologie à l'Institut.

En cas de test positif, le malade passerait alors au 3e étage, par un ascenseur dédié, pour être soigné dans une des 75 chambres du service des maladies infectieuses.

"25 d'entre elles sont dédiées aux patients hautement contagieux, des chambres en +dépression+, afin d'empêcher toute fuite vers l'extérieur des micro-organismes dangereux", explique le professeur Fournier.

Commencerait alors la phase de traitement, à base de chloroquine sans doute, ce médicament couramment utilisé depuis des dizaines d’années contre le paludisme.

"A la suite des tests in vitro et après les essais cliniques faits par les Chinois, nous savons que cette molécule est efficace contre ce nouveau coronavirus", explique Jean-Marc Rolain, professeur en pharmacie. "Il ne nous manque plus que le feu vert du ministère".

"Avec la chloroquine, on coupe l'herbe sous le pied de plein de gens qui rêvaient de décrocher le Prix Nobel pour avoir trouvé un nouveau médicament ou un nouveau vaccin", ironise le professeur Raoult.

Et le directeur de l'Institut Méditerranée Infection de rappeler, statistiques à l'appui, la nécessité de relativiser cette crise du coronavirus.

"Depuis le début de l'année nous n'avons toujours pas détecté le moindre Covid-19 ici, mais nous avons diagnostiqué 2.500 infections virales au total, dont 500 coronavirus, d'autres souches. Et au total nous avons eu 16 morts, dont trois de la grippe, sans que cela ne dérange personne".

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